Le quotidien des enfants albinos en Tanzanie
Dans ce pays du sud-est de l’Afrique, les albinos sont mutilés ou assassinés. La raison de ces violences ? Les restes de leur corps entrent dans la composition de remèdes magiques, vendus par les sorciers à des prix exorbitants.

Dans un dortoir bondé du Kabanga Protectorate Center, des enfants albinos jouent calmement derrière les moustiquaires. Ce type de pensionnats sont des véritables refuges pour les enfants albinos. Ils sont ici en sécurité, du moins pour le moment.
PHOTOGRAPHIE DE Jacquelyn Martin, ApZawia Kassim, une élève de 12 ans inscrite à l'école primaire de Kabanga rêve de devenir professeur des écoles. Mais le futur des enfants albinos est bien souvent très sombres. Peu d'infrastructures d'éducation leur ouvrent les portes après l'école primaire. Et dans certaines communautés, sont considérés comme handicapés mentaux et encouragés à ne pas aller à l'école.
PHOTOGRAPHIE DE Jacquelyn Martin, ApAu centre de Kabanga, en Tanzanie, Yonge Kifunga protège ses yeux sensibles. Après une série de meurtres d'enfants albinos en 2008, le gouvernement a décidé d'en accueillir dans des établissements pour jeunes aveugles et handicapés.
PHOTOGRAPHIE DE Stéphanie Sinclair, National GeographicMaajabu Boaz, 20 ans, ne se déplace pas sans armes dans les rues de Nengo, en Tanzanie. Son nom, Maajabu, signifie "merveille" ou "miracle" en swahili. Il refuse de quitter Nengo ; si beaucoup d'enfants albinos y ont été attaqués, la réputation de Maajabu l'a jusqu'ici protégé.
Selon les sources de la Croix Rouge, au moins 10 000 albinos originaires d'Afrique de l'est ont été déplacés ou se sont cachés. Les sorciers peuvent gagner jusqu'à 8 500 € en vendant des potions et des morceaux de cheveux, de peaux ou d'os d'albinos.
PHOTOGRAPHIE DE Jacquelyn Martin, ApDes potions et remèdes sont vendus sur le marché de Mgusu. En Tanzanie, ou le revenu annuel moyen est d’environ 2 500 euros, la vente d'un membre d'albinos peut rapporter à un sorcier jusqu’à 1 600€.
Depuis que la police protège les albinos, les prix de ces remèdes a grimpé en flèche.
PHOTOGRAPHIE DE Marcus Bleasdale, Vii, CorbisAngel Salvatory, qui souffre d'un cancer de la peau, achète des habits sur le marché du village de Kabanga. Au-delà de la menace d'être pourchassés et tués dans les rues, les albinos tanzaniens doivent constamment se protéger des rayons du soleil. Ils sont très sensibles aux coups de soleil et aux cancers de la peau, qui sont responsables de la mort de 98 % des albinos du pays.
PHOTOGRAPHIE DE Jacquelyn Martin, ApAu centre Kabanga Protectorate, Lightness Philbert porte sur son dos Jessica, une petite fille de trois mois.
L'albinisme divise de nombreuses familles en Tanzanie. Certains enfants albinos, comme Lightness, arrivent au centre et ne revoient plus jamais leurs parents. D'autres sont élevés seulement par leurs mères, abandonnés par des pères accusant leurs épouses de les avoir trompés avec des hommes blancs.
PHOTOGRAPHIE DE Jacquelyn Martin, ApFerista Daudi (à droite) court joyeusement dans le centre Kabanga Protectorate. La petite fille de deux ans a quitté son village après qu'un sorcier a tué sa sœur pour réduire ses membres en poudre.
Le viol est un autre fléau menaçant les albinos tanzaniens. Les filles des parties les plus reculées du pays sont agressées sexuellement par des hommes pensant qu'un rapport sexuel avec un albinos les guérira du SIDA. Le nombre exact de ces victimes est inconnu, le viol faisant rarement l'objet de plaintes. Environ 1,4 millions de Tanzaniens sont porteurs du VIH.
PHOTOGRAPHIE DE Jacquelyn Martin, ApJessica se repose dans les bras de sa mère, Helen, qui lui rend visite au centre Kabanga Protectorate. Trois des neuf enfants d'Helen sont albinos. "Les gens de mon village disent que mes enfants ne sont pas normaux, qu'ils ont la forme du diable," dit-elle.
Malgré les efforts du gouvernement tanzanien pour éduquer les populations et mettre fin aux meurtres d'albinos, ceux-ci restent très recherchés sur le marché noir. Ils sont également recherchés au Burundi, Kenya et au Swaziland.
PHOTOGRAPHIE DE Jacquelyn Martin, Ap