Épidémie de SIDA : la bataille est loin d'être gagnée

La 22e Conférence Internationale sur le SIDA à Amsterdam (Pays Bas) se tient du 23 au 27 juillet 2018, alors que les chiffres du SIDA ne faiblissent pas.

De Guillaume Marchand
Publication 24 juil. 2018, 12:27 CEST
Malgré des années de lutte et de prévention, l'épidémie de SIDA semble repartir à la hausse, ...
Malgré des années de lutte et de prévention, l'épidémie de SIDA semble repartir à la hausse, en particulier chez les jeunes.
PHOTOGRAPHIE DE 4421010037, Istock

La lutte contre le SIDA n’est pas encore gagnée. Selon l’ONU SIDA, en 2017, le VIH touchait 36,9 millions de personnes dans le monde dont 1,8 millions nouvellement infectées. Un chiffre élevé mais qui représente la moitié du nombre de nouveaux cas déclarés en 1996, année record de la transmission du virus. Cependant cette baisse n’est pas assez rapide pour atteindre l’objectif prévu de moins de 500.000 nouveaux malades par an à l’horizon 2020. La réduction du nombre de nouvelles infections du syndrome dans les régions les plus touchées comme l’Afrique orientale et australe contraste cependant avec la forte hausse des nouveaux cas observés en Europe de l’est et en Asie centrale.

Si pour la première fois depuis 2000, le nombre de morts annuel est passé en dessous de un million en 2016 et en 2017 (940 000 décès), soit deux fois moins qu'au moment du pic de l'épidémie atteint en 2005 avec 1,9 million de décès dans le monde liés au Sida, les moyens mis en œuvre pour réguler la maladie, les progrès sanitaires et éducatifs s’essoufflent. Au point de remettre en cause les objectifs « 90 - 90 - 90 » de la Déclaration de Paris de 2014 de l’ONU Sida. Ces objectifs prévoient, d’ici 2020, d’augmenter à 90 % la connaissance du statut séropositif des porteurs sains, d’améliorer leur prise en charge à 90 % et que 90 % des personnes sous traitements aient une charge virale durablement supprimée.

 

UN VIRUS PERSISTANT

Le SIDA est un état d’origine virale transmis pour la première fois à l’Homme par le chimpanzé mais aussi le gorille au début du 20e siècle. Lorsqu’il se retrouve dans le corps humain, le virus simien est appelé VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine). Atteignant le système immunitaire de l’Homme, celui-ci prend le contrôle des lymphocytes T, cellules qui activent les défenses naturelles contre les pathogènes. Les défenses inactivées ne peuvent donc plus faire face aux autres maladies, même bénignes, comme la grippe ou la bronchite.

Illustration du virus de l'immunodéficience humaine, un rétrovirus infectant l'Homme et responsable du syndrome d'immunodéficience acquise.
PHOTOGRAPHIE DE Aunt Spray, Istock

Communément présenté comme une maladie, le Syndrome d'Immunodéficience Acquise ou SIDA est en réalité une conséquence tardive de l’infection par le VIH, lorsque le système immunitaire est trop amoindri pour survivre à une quelconque maladie.

La transmission de cette maladie s’effectue par contact entre les liquides corporels comme le sang et l’intérieur de l’organisme ou les muqueuses. La peau est quant à elle imperméable à toutes contaminations. Le plus souvent, le SIDA est transmis lors de rapports sexuels non protégés. Bien connu des chercheurs, le syndrome fait l’objet de nombreuses études et recherches. Il existe d’ailleurs des traitements pour contrer ou du moins ralentir son développement comme les médicaments antirétroviraux empêchant le cycle de multiplication du virus, en revanche aucun d’entre eux ne permet son élimination complète.

 

NOUVELLE VAGUE

Le virus responsable d’une véritable pandémie mondiale semble aujourd’hui revenir en force dans certaines régions du globe, l’Europe en premier lieu. Un des facteurs de cette nouvelle dynamique est lié aux comportements observés chez les jeunes. La sensibilisation sur les dangers du SIDA ne semble pas réellement porter ses fruits puisque les nouvelles infections par le VIH n’ont diminué que de 8 % en l’espace de deux ans. De plus, selon des résultats Ifop-Bilendi pour la Sidaction, en 2018, 20 % des 15-25 ans s’estiment mal informés sur le sujet soit une augmentation de 9 % comparée à 2009. La méfiance des jeunes envers les différents médias et les fake news les rendent peu enclins à faire confiance aux contenus délivrées par les différents vecteurs d’informations.

Pour François Dabis, membre du comité d'éthique et de déontologie de l'Institut de veille sanitaire (InVS), interrogé par nos confrères de France Inter, certes « les traitements existent et sont disponibles, mais la principale difficulté que nous rencontrons désormais est de faire prendre conscience aux personnes qu’elles peuvent et doivent se faire dépister, et que c’est le seul moyen de pouvoir être traité » pour ne plus risquer de transmettre le virus. 

Outre une jeunesse récalcitrante, le manque de financements pour lutter contre cette maladie fragilise encore sa disparition. Ce problème est actuellement soulevé à Amsterdam (Pays-Bas) où se tient la 22e Conférence Internationale sur le SIDA. L’instance de lutte contre le SIDA de l’ONU estime qu’il faudrait ajouter 7 milliards de dollars par an au budget alloué à l’enrayement de la pandémie pour que le VIH ne soit plus une menace pour la santé publique mondiale à l’horizon 2030. De plus, la menace de la baisse de 17 % des dotations américaines prévue par l’administration Trump, premier contributeur à la lutte contre le SIDA, inquiète également la communauté scientifique et les associations de malades.

Le SIDA n’est pas un cas isolé, d’autres maladies sexuellement transmissibles sont également en nette augmentation en France comme en témoignent les chiffres de Santé Publique France montrant que le nombre d’infections à la chlamydia et au gonocoque ont été multipliés par 3 entre 2012 et 2016.

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