Un Français sur quatre ne souhaite pas se faire vacciner contre la COVID-19

Alors que la France vient de passer un préaccord d’achat avec un laboratoire pour s’approvisionner en vaccins contre la COVID-19, une étude révèle que près d’un Français sur quatre ne compte pas se faire vacciner contre le virus.

De Mehdi Benmakhlouf
Publication 16 juin 2020, 17:31 CEST
Un chercheur travaille sur un vaccin contre la COVID-19, la maladie à coronavirus, dans un laboratoire ...

Un chercheur travaille sur un vaccin contre la COVID-19, la maladie à coronavirus, dans un laboratoire de recherche de l'université de Copenhague, au Danemark, le 23 mars 2020.

PHOTOGRAPHIE DE Thibault Savary, AFP via Getty Images

Un groupe de chercheurs, réunis au service de l’étude COCONEL (Coronavirus et Confinement : Enquête longitudinale) sonde et analyse les comportements des Français face à l’épidémie de COVID- 19 et au confinement. L’étude en ligne proposée par l’institut de sondage IFOP révèle que près d’un Français sur quatre ne compte pas se faire vacciner contre la COVID-19.

Conduite par des chercheurs de l’UMR Vitrome, du Centre d’investigation clinique Cochin-Pasteur, de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et de l’Observatoire régional de la santé Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, cette étude conduite auprès d’un millier de personnes vise « à suivre plus spécifiquement la réponse psychologique, émotionnelle et comportementale de la population ».

« D’une manière générale en France, le taux de confiance est faible envers les institutions, c’est un trait culturel qui s’accentue lorsqu’il s’agit de vaccination » affirme Jocelyn Raude, psychologue social, maître de conférences à l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP).

Le chercheur, co-initiateur du projet COCONEL, est à l’origine de nombreuses publications en sciences humaines, sociales et des comportements de santé. La vaccination est fréquemment sujet à controverses sur la scène médiatique et ce depuis les années 2000, notamment autour du vaccin contre le papillomavirus et celui contre l’hépatite B.

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    Statistiques parues dans la note n°6 de l'enquête COCONEL. 

    PHOTOGRAPHIE DE Enquête COCONEL

    L’étude affirme que les réponses recueillies pendant cinq semaines consécutives depuis fin mars sont « remarquablement stables ». Il en va de même des motifs de refus, le principal étant qu’un vaccin élaboré dans l’urgence représenterait un danger pour la santé.

    Généralement il faut entre 8 ans et 10 ans pour concevoir, tester, produire et commercialiser un vaccin, le doute s’installe chez les personnes interrogées. « Les gens craignent les risques d’allergie, des effets secondaires, voire de tomber malade après s’être fait vacciner ! » affirme le sociologue.

    L’étude révèle que les personnes qui ont tendance à voter pour les partis d’extrême droite et d’extrême gauche mais aussi pour les partis écologistes sont les plus réticents à la vaccination. « La vaccination est de plus en plus un sujet politisé, la controverse qu’elle soulève traduit souvent une opposition envers le gouvernement en place » explique Jocelyn Raude.

    Les vagues de vaccination, appelées campagnes de vaccination, gérées de manière globale, sont généralement vues comme une obligation, ce qui crée un rejet d’autant plus marqué. (À lire : Pourquoi la France impose-t-elle la vaccination depuis plus d’un siècle ?)

     

    UNE PLUS FORTE RÉTICENCE CHEZ LES FEMMES ET LES JEUNES

    Les femmes et les jeunes âgés de 18 ans à 25 ans seraient aussi plus méfiants vis-à-vis de la vaccination. Sans généraliser à l’ensemble de la population féminine mais toujours selon une étude comprenant un grand nombre de personnes d’interrogées, les femmes auraient une approche plus holistique de la vaccination.

    « Elles se méfient plus de la technologie. Chez les femmes interrogées, le progrès est parfois synonyme de danger » explique Jocelyn Raude.

    Concernant les jeunes, 41 % des 18-25 ans refuseraient le vaccin, l’exposition plus massive aux réseaux sociaux serait une des causes de cette réticence. Ils seraient exposés à plus d’informations qui peuvent se révéler fausses concernant la vaccination et les fausses informations circulant plus vite que les informations vérifiées, leur défiance n'en serait qu'encouragée.

    « Pour de plus en plus de personnes, un discours plus critique envers la médecine traditionnelle se dégage au profit d’une médecine alternative, plus naturelle » explique Jocelyn Raude.

    Actuellement, une dizaine de vaccins potentiels contre la COVID-19 sont testés dans le monde, 150 projets menés par des chercheurs ont vu le jour. La réticence face au vaccin contre la COVID-19 ne fait, pour l’instant, pas partie du débat public et médiatique puisque le vaccin n’est pas encore disponible mais qu’adviendra-t-il lorsque ce sera le cas ?

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