Les émotions négatives contribueraient aussi au bonheur

Selon une nouvelle étude, éprouver des sensations, même négatives, participerait à la félicité.

De Julie Lacaze
PHOTOGRAPHIE DE Martin Schoeller, National Geographic

Éprouver de la haine ne rendrait pas forcément malheureux. Les chemins qui mènent à la félicité seraient bien plus complexes que ce que l’on imaginait, selon une nouvelle étude publiée dans le Journal of Experimental Psychology, en août dernier. Maya Tamir, co-auteure de l’étude et professeure de psychologie à l’université de Jérusalem considère que « toutes les émotions peuvent être perçues comme négatives dans un certain contexte, et positives dans un autre, qu’elles soient plaisantes ou non ».

Une équipe internationale a interrogé 2 324 étudiants sur les émotions qu’ils aimeraient ressentir au quotidien et celles qu’ils éprouvaient réellement. Ils ont également évalué leur niveau global de satisfaction et noté les signes de mal-être. Les participants étaient originaires de huit pays : les États-Unis, le Brésil, la Chine, l’Allemagne, le Ghana, Israël, la Pologne et Singapour.

Sans surprise, la plupart auraient souhaité connaître, dans leur vie, plus de sentiments positifs et moins de sentiments négatifs. Mais la recherche d’émotions plaisantes n’était pas systématique : 11 % des participants déclaraient vouloir ressentir moins d’amour ou d’empathie, et 10 % d’entre eux souhaitaient même éprouver plus de haine ou de colère. Maya Tamir justifie ces positions étonnantes par des exemples concrets : « Les personnes qui ne sont pas en colère en lisant un article sur la maltraitance des enfants, jugeraient plus sain de se charger de sensations négatives à ce moment-là ; une femme violentée par son conjoint, et qui n’arrive pas à le quitter, préférerait sans doute éprouver plus de haine ou de colère à son égard. »

Conclusion : les participants dont les états d’âme correspondent à ceux qu’ils désirent éprouver, qu’ils soient positifs ou négatifs, se sentent globalement plus heureux. Toutefois, des recherches plus approfondies sont nécessaires pour savoir si cet état de bien-être serait durable. De plus, l’étude n’a évalué que la haine, l’hostilité, la colère et le mépris. Reste à savoir si la peur, la culpabilité, la tristesse ou la honte participent également au bonheur.

 

Retrouvez dans le magazine National Geographic de novembre 2017 une grande enquête sur les secrets des pays heureux.

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