L’espérance de vie n’aurait en fait pas de limites

Une nouvelle étude soulève l’idée que la longévité humaine n’aurait, en fait, pas d’âge limite.

De Juliette Heuzebroc
Sierra Madre - Personne n'était vraiment certain de l'âge de cette femme. Il n'y avait pas de certificat de naissance. Et bien qu'à présent, le curé vient toutes les deux semaines, ce n'était pas le cas à l'époque. S'il y avait des registres de baptême, ils ne se trouvent pas à l'église. Sa fille pense qu'elle avait environ 100 ans.
PHOTOGRAPHIE DE Glenn Swiatek, National Geographic Your Shot

La démographe Elisabeth Barbi de l’université de Sapienza et le statisticien Francesco Lagona de l’université de Rome 3 ont mené une étude sur près de 4000 individus âgés de 105 ans et plus sur le territoire italien. Cette étude montre que le risque de mort est en constante augmentation tout au long de notre vie mais qu’il se stabilise à partir de 105 ans, créant un « plateau de mortalité ». Ces résultats remettent en cause beaucoup d’éléments mis en lumière par des études précédentes.

Jean-Marie Robine, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à Montpellier explique que « s'il existe un plateau de mortalité, alors il n’y a pas de limite à la longévité humaine. » Ce qui signifierait que Chiyo Miyako, personne vivante la plus âgée du monde à notre connaissance, âgé de 117 ans, pourrait bien vivre encore de nombreuses années. Jusqu’ici, le record de longévité est toujours détenu par Jeanne Calment, française décédée à l’âge de 122 ans.

Cependant, cette perception de la longévité fait débat au sein de la communauté scientifique. Si tous les démographes, biologistes et statisticiens s’accordent pour dire que l’augmentation du risque de mort est constante jusqu’à nos 80 ans, les avis divergent sur notre évolution à partir de 90 et 100 ans. Mais le fait est que la limite d’âge que nous pouvons atteindre naturellement en tant qu’humain n’est pas encore connue.

Une étude menée en 2016 par des généticiens de l’Albert Einstein College of Medicine avait analysé les âges de mort moyens à une échelle mondiale et sur plus de 50 ans. Les analyses avaient conduit à l’estimation d’un plafond d’âge moyen que nous pourrions atteindre de 115 ans et avait jugé que l’âge maximum atteignable serait de 125 ans.

Mais la grande différence entre l’étude américaine et l’étude italienne est que les premiers ont étudié des moyennes sur des tranches d’âges tandis que les seconds se sont penchés sur le suivi de trajectoires individuelles. Ces nouvelles conclusions sont déterminantes mais il est important de prendre en compte qu’elles sont issues d’observations uniquement menées en Italie, pays avec l’un des plus hauts taux de centenaires. Pour confirmer cette théorie du « plateau de mortalité », il faudra donc mener des études sur la population mondiale pour déterminer s’il s’agit d’un épiphénomène ou si c’est un fait universel.

On estime aujourd’hui à 500 000 le nombre de personnes ayant plus de 100 ans dans le monde. D’après les scientifiques, ces centenaires gagnent un an de vie supplémentaire à chaque décennie.

Si cette étude soulève ici la très controversée question de la vie éternelle, il s’agit néanmoins ici d’un phénomène naturel. Mais bien des Hommes n’attendent pas de savoir si leur corps leur permettra d’avoir un temps de vie au-dessus de la moyenne ; ces derniers préfèrent préparer eux-mêmes leur propre évolution au moyen de nouvelles technologies toujours plus innovantes.

 

Retrouvez Juliette Heuzebroc sur Twitter.

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