Nous sommes 8 milliards sur Terre... et maintenant ?

En seulement douze ans, l'humanité a gagné un milliard de représentants. Les conséquences pour la planète - et notre propre bien-être - dépendent désormais de notre capacité d'adaptation au changement climatique.

De Craig Welsh, National Geographic
Publication 3 avr. 2023, 11:24 CEST
À la veille de Diwali, la fête des Lumières hindoue, les clients affluent sur un marché ...

À la veille de Diwali, la fête des Lumières hindoue, les clients affluent sur un marché de Bangalore. Dès cette année, l’Inde deviendra le pays le plus densément peuplé au monde en succédant à la Chine, qui occupait la première place du classement depuis deux millénaires. À l’heure où la population mondiale a atteint le seuil des 8 milliards d’habitants, certains pays comme le Nigeria connaissent une croissance démographique rapide, tandis que d’autres, comme le Japon, voient leur population diminuer.

PHOTOGRAPHIE DE Manjunath Kiran, AFP, Getty

Nous avons franchi une nouvelle étape dans l’histoire de l’humanité. En novembre dernier, selon les Nations unies, le nombre de personnes sur Terre a atteint les 8 milliards. La population mondiale a doublé en moins de cinquante ans, depuis précisément 1974, année où l’ONU réunissait l’ensemble des pays du globe pour la première conférence intergouvernementale consacrée à la croissance démographique. À l’époque, seules trois agglomérations abritaient 10 millions d’habitants ou plus : New York, Tokyo et Mexico.  Aujourd’hui, on en compte plus de trente.

Les raisons de cette explosion sont bien connues : la médecine, l’hygiène et les rendements agricoles continuent de progresser de façon spectaculaire. Résultat, la mortalité infantile chute, tandis que l’espérance de vie grimpe. Selon les estimations respectives des démographes de l’Institut international d’analyse des systèmes appliqués (IIASA), en Autriche, et de l’Institut de métrologie sanitaire et d’évaluation (IHME), aux États-Unis, l’humanité comptera entre 9,4 et 9,7 milliards d’individus vers la fin du siècle. Les experts de l’ONU pensent même que nous pourrions parvenir à 10,4 milliards.

Sources : Estimation de la population mondiale de l'Onu, 2022 ;  Gapminder.

PHOTOGRAPHIE DE JASON TREAT, ÉQUIPE DU NGM

Mais ces chiffres masquent un étrange revirement. Entre le milieu de ce siècle et l’année 2100, notre continuelle expansion est censée connaître un arrêt brutal. «Il y a un consensus selon lequel la population mondiale va probablement culminer avant la fin du siècle », avance Patrick Gerland, qui supervise les projections de la Division de la population aux Nations unies. Les enfants ainsi que certains des adultes vivant aujourd’hui pourraient être les premiers individus depuis des centaines, sinon des milliers, d’années à voir la population mondiale stagner, voire diminuer. Une perspective aux conséquences inimaginables.

Des contrastes saisissants marquent l’évolution à venir de la population humaine. Plus de la moitié de l’augmentation prévue pour le prochain quart de siècle devrait se jouer dans seulement huit pays d’Asie et d’Afrique : le Pakistan, les Philippines, l’Inde, l’Égypte, l’Éthiopie, la Tanzanie, le Nigeria et la République démocratique du Congo. À l’inverse, d’ici à la fin du siècle, d’autres populations pourraient diminuer de moitié dans une vingtaine d’États, dont la Thaïlande, l’Espagne et le Japon. Qu’impliqueront ces changements pour l’histoire de l’humanité ? Nous pouvons tirer des leçons de deux pays très différents, confrontés à des réalités diamétralement opposées : la Chine et le Nigeria.

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    * Seuil où les niveaux de population, en supposant un taux de mortalité constant et un solde migratoire nul, demeurent stables. Sources :  estimation mondiale de l'Ony, 2022 ; Samuel Clark, Université d'État de L'Ohio ; Adrian Raftery,  Université de Washington; Patrick Heuveline, Université de Californie à Los Angeles (UCLA).

    Droite: Fond:

    Sources : estimations de la population mondiale de l'Onu, 2022 ; Samuel Clark, Université d'État de L'Ohio, Adrian Raftery, Université de Washington, Patrick Heuveline, UCLA.

    Photographies de équipe du NGM, Jason Treat, Riley D. Champine, EVE CONTANT, BRANDON SHYPKOWSKI

    Selon les projections des Nations unies, au cours de cette année 2023, pour la première fois depuis des siècles, la Chine cessera d’être le pays le plus peuplé du monde : elle sera dépassée par l’Inde. Avant même que l’empire du Milieu n’impose la politique de l’enfant unique, en 1980, son taux de natalité déclinait. L’incomparable croissance économique du pays a favorisé l’éducation et les opportunités de carrière pour les femmes, nombreuses à retarder la maternité ou à y renoncer, tandis que celles en âge de procréer voyaient leur nombre diminuer.

    Même si la population chinoise, qui s’élève désormais à 1,4 milliard de personnes environ, vit plus longtemps, la décrue démographique a déjà commencé. La main-d’œuvre qui en a fait l’usine du monde recule depuis dix ans. Et, pour le pays, qui pourrait compter 500 millions d’individus de plus de 60 ans en 2050, la disparité entre jeunes et vieux représentera un défi majeur. 

    Ces nouveau-nés, dans un hôpital de Noiba, en Inde, font partie des raisons pour lesquelles le sous-continent dépassera la Chine cette année et deviendra le pays le plus peuplé du monde. La population commencera sans doute à décliner après 2050, mais l’Inde pourrait rester le pays le plus peuplé jusqu’au tournant du siècle.

    ANINDITO MUKHERJEE, GETTY IMAGES

    PHOTOGRAPHIE DE ANINDITO MUKHERJEE, GETTY IMAGES

    Un continent plus loin, en Afrique, la situation s’avère bien différente. Au Nigeria, l’âge médian est de 17 ans, moins de la moitié de l’âge médian en Chine. Ici aussi, le taux de fécondité diminue, mais reste à peu près cinq fois supérieur à celui des Chinoises. La population nigériane, d’environ 224 millions d’habitants, pourrait plus que tripler avant la fin du siècle. Près d’un tiers des Nigérians vivent dans l’extrême pauvreté – ce qui représente à peu près la moitié du nombre de personnes vivant dans le même dénuement en Inde, un pays qui compte plus de six fois plus d’habitants. La faim constitue d’ores et déjà un problème : au Nigeria, la famine menace des millions de personnes.

    Comment allons-nous négocier ces hauts et ces bas simultanés ? Aucune projection ne tient assez compte de la pression potentielle sur les ressources limitées de la Terre. Les poissons et la faune sauvage disparaissent déjà rapidement, et le changement climatique devient la plus grande menace de l’histoire sur la biodiversité, la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau. La chaleur extrême, l’élévation du niveau des mers et les phénomènes météorologiques violents promettent déjà d’accentuer les migrations. Mais nos tendances démographiques risquent aussi d’alimenter les déplacements entre nations, car celles avec de la main-d’œuvre en baisse chercheront des travailleurs hors de leurs frontières. Dans les pays à revenu élevé, l’immigration sera le moteur de la croissance démographique.

    Sources : estimation de la population mondiale de l'Onu, 2022 ; Samuel Clark, Université d'État de l'Ohio, Adrian Raftery, Université de Washington, Patrick Heuveline, UCLA, Centre commun de recherche de la commission européenne.

    PHOTOGRAPHIE DE équipe du NGM, Jason Treat, Riley D. Champine, EVE CONTANT, BRANDON SHYPKOWSKI

    En 1968, quand la Terre ne comptait que 3,5 milliards d’habitants, le biologiste américain Paul Ehrlich s’inquiétait dans La Bombe P que la surpopulation ne provoque des centaines de millions de morts par la faim. Au contraire, la révolution verte – le recours généralisé aux engrais, à la mécanisation et aux cultures à hauts rendements – a transformé l’agriculture. Nous fonçons toujours vers un futur plus populeux – quoique, par endroits, le nombre d’habitants est bien moindre. L’ingéniosité humaine trouvera-t-elle les moyens de s’adapter à cette nouvelle réalité ­­­­­? Le Nigeria et la Chine pourraient constituer nos plus grands tests.

    Article publié dans le numéro 283 du magazine National Geographic. S'abonner au magazine

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