Comment parler de santé mentale aux enfants ?
De six à onze ans, les enfants traversent de grands bouleversements émotionnels et sociaux. Comment les accompagner au mieux et leur apprendre à s'exprimer ?

Le gouvernement français veut parler de la santé mentale aux enfants en se reposant sur les personnages de « Vice-Versa » et « Vice-Versa 2 ».
Joie, Colère, Tristesse, Peur, Dégoût, Anxiété… au tableau ! Les émotions incarnées par les personnages de Vice-Versa, les célèbres films d’animation de Pixar, deviennent les héroïnes d’un projet inédit de prévention et de sensibilisation à la santé mentale des jeunes, imaginé par le Service d’information du gouvernement, le ministère de l’Éducation nationale et The Walt Disney Company France.
Lancé le 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, ce dispositif vise à poser les bases d’une campagne de prévention durable et pluriannuelle. Il s’appuie sur des actions de terrain, notamment la distribution de livrets pédagogiques intitulés Parlons santé mentale destinés aux enfants comme aux adultes dans les écoles et en ligne. Ces supports viennent compléter les kits pédagogiques pour les séances d'empathie à l'école déjà proposés aux enseignants. Un spot vidéo et une campagne d'affichage complètent ce dispositif.
« La mission de Disney est de divertir et d’inspirer », explique Hélène Etzi, Présidente de The Walt Disney Company France. « En nous associant à l’État avec Vice-Versa, nous mettons la puissance de nos histoires au service de l’intérêt général, pour dédramatiser les questions de santé mentale et passer de l’émotion à l’action. »
Élue Grande cause nationale 2025, la santé mentale constitue un enjeu majeur de santé publique. « C’est particulièrement le cas pour les enfants et les jeunes, qui sont en première ligne en raison de l’anxiété, de l’usage des écrans, de l’isolement ou de la pression scolaire », a souligné Thibaut de Saint Pol, délégué interministériel à la jeunesse, lors de la conférence de presse organisée jeudi 9 octobre pour présenter ce partenariat.
Selon la définition de l’OMS, la santé mentale fait partie intégrante du bien-être général et en est une composante essentielle. Elle ne se définit pas uniquement par l’absence de troubles psychiques.
En France, la santé mentale des enfants ne cesse de se dégrader. La pandémie de Covid-19 a agi comme un révélateur d’un mal-être déjà présent, soulignant l’urgence de renforcer la prévention, l’accompagnement et la prise en charge des troubles psychiques.
LA SANTÉ MENTALE DES ENFANTS DE MOINS DE ONZE ANS EN CHIFFRES
Dans ce contexte, l’étude nationale Enabee a été lancée en 2022 par Santé publique France, avec le soutien des ministères de la Santé et de l’Éducation nationale, afin d’évaluer le bien-être des enfants âgés de trois à onze ans en France métropolitaine. Elle vise à mesurer à la fois le niveau de bien-être et la prévalence de certaines difficultés ou troubles probables chez les enfants scolarisés, de la petite section de maternelle (PS) au cours moyen de deuxième année (CM2). L’enquête repose sur trois sources d’informations : les enfants eux-mêmes, leurs parents et leurs enseignants.
En mai 2023, les premiers résultats ont révélé que près de 13 % des 15 000 enfants âgés de six à onze ans interrogés, scolarisés en école élémentaire, présentaient un « trouble probable » de santé mentale. Ces troubles concernaient notamment des difficultés émotionnelles (anxiété, phobies, dépression), oppositionnelles ou liées à un trouble plus ou moins marqué de déficit de l'attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH).
À la fin de l’année 2024, Santé publique France a publié le second volet de l’étude, cette fois consacré aux enfants de trois à six ans. Les conclusions montrent que 8,3 % des 2 600 enfants interrogés présentent au moins une forme de difficulté probable en santé mentale ayant des conséquences sur leur vie quotidienne, principalement des troubles émotionnels, oppositionnels ou d’inattention/hyperactivité.
INTERVENIR LE PLUS TÔT POSSIBLE
Ces résultats soulignent l’importance d’intervenir dès la petite enfance, une période décisive au cours de laquelle l’enfant acquiert les compétences qui lui permettront plus tard de préserver son équilibre psychique. Les compétences psychosociales jouent à cet égard un rôle fondamental.
Santé publique France les définit comme « un ensemble cohérent et interrelié de capacités psychologiques (cognitives, émotionnelles et sociales), impliquant des connaissances, des processus intrapsychiques et des comportements spécifiques, qui permettent d’augmenter l’autonomisation et le pouvoir d’agir (empowerment), de maintenir un état de bien être psychique, de favoriser un fonctionnement individuel optimal et de développer des interactions constructives ».
Tous les adultes impliqués dans l’éducation d’un enfant peuvent agir, à commencer par les parents et la famille mais aussi le personnel enseignant. S’informer sur les spécificités de son développement, être attentif à ses réactions et maintenir un dialogue ouvert sont autant de moyens de soutenir son bien-être psychique.
Sur le site du ministère de l’Éducation nationale, une liste recense les principaux signes de mal-être chez l’enfant de trois à onze ans. Des pensées négatives sur lui-même, des difficultés familiales ou scolaires, ainsi que des changements d’humeur ou de comportement peuvent alerter les adultes qui l’entourent sur la présence possible d’une souffrance psychique.
Les associations spécialisées offrent un appui précieux aux parents, en leur proposant des informations, un espace d’écoute et des échanges d’expériences avec d’autres familles confrontées à des difficultés similaires. Des lignes d’écoute dédiées peuvent aussi être sollicitées pour apporter soutien et conseils aux familles.
Au-delà du cercle familial, un enfant en difficulté peut être accompagné par des professionnels de santé (médecins, psychologues, orthophonistes ou psychomotriciens) exerçant en libéral ou au sein de structures spécialisées telles que les centres d’action médico-sociale précoce (CAMSP), les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) ou les centres médico-psychologiques (CMP). Le dispositif Mon soutien psy permet d’ailleurs à toute personne (adulte ou enfant de plus de trois ans) ressentant un mal-être psychique de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique prises en charge.
Selon les besoins, l’enfant peut bénéficier d’une psychothérapie, d’une rééducation adaptée, d’un accompagnement éducatif personnalisé ou encore d'un suivi social. L’Assurance Maladie rappelle que « les psychotropes ne sont recommandés dans le cas des troubles mentaux chez l’enfant qu’en soutien aux pratiques psychothérapeutiques, éducatives et sociales lorsque celles-ci sont insuffisantes ».
Retrouvez les éléments de la campagne "Parlons Santé Mentale" sur le site du gouvernement : https://www.info.gouv.fr/grand-dossier/parlons-sante-mentale
The Walt Disney Company est l'actionnaire majoritaire de National Geographic Partners.
