Koweït : entre climat et richesse extrêmes

Un photographe italien a passé des mois à documenter « l'impact psychologique d'un environnement extrême » sur les habitants du Koweït, un pays marqué par la chaleur, le capitalisme et l'industrie pétrolière.

De Werner Siefer
Publication 16 juin 2022, 14:39 CEST
Le Koweït est un centre important pour l'élevage de chevaux arabes de pure race, qui sont ...

Le Koweït est un centre important pour l'élevage de chevaux arabes de pure race, qui sont très prisés. À Wafra, ce haras est situé à côté d'une réplique du Colisée de Rome.

PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Cecconi, Parallelozero

Le minuscule État du Koweït, un émirat situé à l’extrémité nord du golfe Persique, est une terre de nombreux extrêmes. Les températures estivales sont parmi les plus chaudes du monde : seule la Vallée de la Mort est parvenue à dépasser le record local. Les précipitations annuelles se classent parmi les plus faibles du monde, et l’eau douce y est rare. Moins d’1 % du paysage désertique est cultivable, mais les sables renferment la septième plus grande réserve nationale de pétrole, source de l’immense richesse du Koweït. Comme pour les autres nations pétrolières de la région du Golfe, les pétrodollars ont donné naissance à une véritable culture de consommation ostentatoire.

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L'autoroute 70 commence dans la ville côtière de Koweït, traverse l'intérieur éloigné et inhospitalier du pays, et va jusqu'à la frontière avec l'Arabie saoudite.

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Des châteaux d'eau fantaisistes dans la ville de Koweït. La consommation d'eau du pays est l'une des plus élevées au monde. En l'absence de rivières ou de lacs permanents, l'accès aux ressources en eau douce est limité. Les usines de désalinisation sont la principale source pour l'usage domestique et l'eau potable.

Photographies de Gabriele Cecconi, Parallelozero

Gabriele Cecconi a été frappé par le contraste dans ce qu’il avait perçu comme une culture conservatrice lors de sa première visite au Koweït en 2019. Le photographe italien avait couvert l’impact environnemental des réfugiés et apatrides Rohingyas au Bangladesh. Ensuite, c’est le sort des Bidounes, les apatrides du Koweït, qui a attiré son attention, mais le projet est finalement parti dans une autre direction. « Au Bangladesh, mon travail portait sur l’impact environnemental des personnes qui vivent des situations extrêmes », explique-t-il. « Au Koweït, je voulais étudier l’impact psychologique d’un environnement extrême sur les personnes. »

Dans la région de Subia, les Koweïtiens célèbrent leur indépendance totale vis-à-vis du Royaume-Uni en 1961 le jour de la fête nationale, le 25 février, par un festival de cerfs-volants dans le désert.

PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Cecconi, Parallelozero

À l’origine, la prospérité moderne du Koweït était modeste. Avant la découverte de ses champs pétrolifères dans les années 1930, les perles étaient un produit d’exportation important et la région abritait des commerçants portuaires, des pêcheurs et des nomades. Ce sont l’industrie énergétique et le resserrement des liens avec l’Occident, notamment suite à la libération du pays lors de la guerre du Golfe en 1991, qui ont progressivement permis d’importer des valeurs étrangères, ainsi que davantage de richesses.

Aujourd’hui, les près de 1,3 million de citoyens du Koweït ont un mode de vie luxueux, soutenu par une industrie de services qui emploie plus de 3 millions de travailleurs étrangers à bas salaire. Dans ses photographies, Cecconi constate un décalage entre le matérialisme et la tradition religieuse. « Le consumérisme extrême est une manière de compenser les tensions intérieures », dit-il. « Selon notre système capitaliste, si on achète des choses, on se sentira mieux. Ça nous arrive à toutes et à tous. La différence pour eux, c’est qu’ils ont accès à l’argent pour faire tout ce qu’ils veulent » et, pour certains, cela implique d’acheter une Ferrari ou même de construire une réplique privée du Colisée de Rome.

Une femme pilote un simulateur de navette spatiale dans un parc à thème du centre culturel Al Saleem, dans la ville de Koweït.

PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Cecconi, Parallelozero

Cecconi, qui a passé quatre mois à photographier le pays en 2019 et 2020, prend soin de préciser qu’il ne faut pas montrer les Koweïtiens du doigt. En ce qui concerne la main-d’œuvre étrangère qui est mal traitée, il dit : « en tant qu’étranger, il est très facile de juger. Puis un jour, j’ai réalisé qu’il y a aussi des centaines de milliers de migrants qui travaillent sur le marché noir en Italie, et qu’ils travaillent pour des gens comme moi. Mais ils sont invisibles. Dans ce pays, en revanche, ils sont visibles. »

« C’était comme si je me voyais, si je voyais mon propre pays, enfin révélé », se souvient-il. « Tout est plus clair. »

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Un centre commercial situé dans la partie occidentale du pays a été construit dans le style des anciennes maisons koweïtiennes. Les travailleur.ses expatrié.es, que l'on voit ici en tenue traditionnelle koweïtienne, représentent 70 % de la population.

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Une femme marche dans un champ de fleurs à la ferme Blue Lake à Abdali, près de la frontière irakienne. Cette ferme est une destination populaire pour la cueillette des fraises.

Photographies de Gabriele Cecconi, Parallelozero

Cette histoire a été publiée dans l'édition allemande de National Geographic. Gabriele Cecconi est un photographe documentaire italien. Suivez-le sur Instagram.

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