Odense, la ville danoise tout droit sortie d’un conte de fées

Odense, la ville natale de Hans Christian Andersen, célèbre l’histoire et l’imagination. Elle a été une véritable source d’inspiration pour l’auteur, donnant naissance à certains des contes les plus célèbres de l’histoire.

De Mike MacEacheran
Publication 24 juin 2021, 17:58 CEST
Danemark du Sud, tourisme, voyage dans la ville d'Odense

Une peinture murale du romancier Hans Christian Andersen, réalisée par l’artiste Don John, décore une maison de la rue Bangs Boder à Odense, au Danemark.

PHOTOGRAPHIE DE Juliette Robert, Haytham-rea, Redux

Il était une fois, Hans Christian Andersen, un brillant conteur qui écrivait des histoires pour faire rêver les enfants.

Ses contes les plus célèbres, La Petite Sirène, La Petite Poucette, Les Habits neufs de l’Empereur ou encore Le Vilain Petit Canard, séduisent encore petits et grands esprits, longtemps après leur rédaction au 19e siècle. Si les noms des personnages du dessin animé La Reine des Neiges – Hans, Kristoff, Anna et Sven –, adapté du roman d’Andersen homonyme, font écho à la vie du romancier, ce n’est pas un hasard.

Il existe désormais une nouvelle manière de partager ses histoires incontournables. Après des années de préparation et un budget écoulé de plus de 53 millions d’euros, un musée va ouvrir ses portes dans la ville natale d’Andersen, à Odense au Danemark. Selon Henrik Lübker, le directeur artistique du musée, cette attraction ne se veut pas être une épitaphe de l’époque révolue de l’écrivain mais bien « un hommage au monde des contes de fées contemporain et toujours d’actualité ».

19 août 2015 : des visiteurs assistent à une pièce de théâtre en plein air dans la ville natale de Hans Christian Andersen.

PHOTOGRAPHIE DE Jordi Salas, Alamy

Le H.C. Andersen’s Hus ouvrira au public le 30 juin. Il a été conçu par l’architecte japonais Kengo Kuma. Il met en scène les contes de fées de l’auteur à travers une série d’installations architecturales, sonores et lumineuses complexes dignes de la fabrique de Willy Wonka. L’expérience se vit tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du musée. « Le monde des contes de fées n’est pas linéaire, il est arrondi », déclare M. Lübker. « Il nous cache des choses et c’est ainsi que le musée vous est présenté, à travers des passages secrets et des courbes pour alimenter votre imagination. »

L’une des installations permet de partager l’espoir que la Petite Sirène ressentait lorsqu’elle tentait désespérément de rejoindre le monde des humains. Les visiteurs sont amenés à regarder au travers d’un bassin transparent pour admirer le ciel. Au dernier étage du musée, les familles sont invitées à créer des potions magiques, à animer un théâtre de marionnettes, à créer un nid de cygne ou à choisir une perruque.

Pourtant, à bien des égards, les éléments exposés n’ont que peu d’importance, puisque la véritable ambition du musée est de démontrer la force de l’imagination. « Les contes de fées offrent la possibilité au lecteur de transformer le monde réel », déclare Dame Marina Warner, romancière, mythographe et présidente de la Royal Society of Literature à Londres. « Naturellement, des malheurs arrivent, mais ils sont toujours surmontés. Il existe une constellation de formes de soutien dans la fibre même des contes de fées. »

 

UNE VILLE DE LÉGENDES

Né en 1805, Andersen a grandi à Odense, à tout juste deux heures à l’ouest de Copenhague. Les rues de cette ville ont été sa source d’inspiration pour ses plus grandes œuvres. Troisième plus grande ville du Danemark, notre imagination y est sans cesse piquée, que ce soit lors d’une balade dans un parc ou au cours d’un festival. Elle est la parfaite représentation d’une ville imaginaire, avec ses clochers en forme de chapeau de sorcière, ses rues tortueuses, ses maisons aux couleurs pastel, ses jardins royaux et son palace blanc comme neige.

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    Les rues pavées traversent Odense, une ville de l’époque des Vikings, imprégnée de mythologie et de charme féerique.

    PHOTOGRAPHIE DE Elena Noeva, Alamy

    L’histoire d’Odense, située sur l’île de Fionie, se lit comme un conte de fées nordique un peu tordu. Si l’on en croit la légende, cette ville de l’époque des Vikings était la demeure d’Odin, le Dieu de la mythologie nordique de la sagesse, de la guerre, de la poésie et de la magie. Les rivières de la ville étaient bordées de remparts pour la protéger des envahisseurs venus du littoral. Les vestiges de ces forts reposent dans les entrailles de la ville, tout comme ceux du dernier Viking du Danemark, Knut IV, assassiné dans l’église Saint Alba d’Odense au 11e siècle. L’attrait pour cette ville repose principalement sur les vestiges vikings et l’héritage des contes – et non vraiment sur le design avant-gardiste danois ou la nouvelle cuisine danoise.

    Empruntez les rues pavées qui ont animé la vie d’Andersen, de sa maison d’enfance jaune bouton d’or à Munkemøllestræde jusqu’aux quais du fleuve. Partez à la découverte d’Eventyrhaven, littéralement le jardin des contes de fées, avec ses haies bien taillées, ses pergolas et ses pontons. Non loin de là se situe un sentier bordé par des sculptures inspirées par Anderson. Il s’ouvre par un bronze représentant l’écrivain au bord du fleuve Odense et se poursuit avec des sculptures figurant un bateau en papier, des papillons aux couleurs arc-en-ciel, de cygnes sauvages, un hippocampe, une bergère, un ramoneur, une aiguille à repriser et se clôture par une petite sirène. Dans un sens, la ville se déroule comme un atlas des personnages imaginaires créés par Andersen.

    Pour les visiteurs, le H.C. Andersen’s Hus se veut l’apogée de cet itinéraire littéraire. Le projet a été lancé lorsque le conseil municipal d’Odense a décidé d’adopter un vaste plan pour réorganiser le centre-ville. Leur ambition était de faire de la ville la capitale mondiale du conte de fées, en plus de repenser le quartier du lieu de naissance d’Andersen.

    Vous vous demandez sûrement comment Odense et le royaume du Danemark peuvent défendre une telle ambition. La réponse repose dans la tradition des citoyens à raconter des histoires et à leur obsession pour le hygge.

     

    UNE INFLUENCE DURABLE

    Depuis longtemps, le concept danois du hygge fait partie de la psychologie de la nation. Il est devenu un mode de vie populaire et forme désormais un curieux mélange entre les clichés culturels qui appellent au confort et à la pleine conscience. On allume des bougies, on se blottit dans une couverture avec une tasse de chocolat chaud ou on se prélasse au coin du feu en lisant un livre. Selon le professeur Lasse Horne Kjældgaard, directeur du Hans Christian Andersen Centre à Odense, la plupart des Danois ne réalisent pas que le romancier a sûrement eu une grande part de responsabilité dans la création du hygge.

    Le château d’Egeskov, situé sur l’île de Fionie, tout proche d’Odense. Il était l’une des attractions favorites d’Andersen.

    PHOTOGRAPHIE DE Manfred Gottschalk, Alamy

    « Les contes de fées sont écrits pour être lus à voix haute, près du feu, avec sa famille, et la tradition est née au Danemark dans les années 1830 », assure M. Kjældgaard. « Il s’agissait des pires années de notre histoire, nous étions du mauvais côté des guerres napoléoniennes, si bien que nous avons ensuite eu tendance à nous renfermer sur nous-mêmes et à nous concentrer sur la vie de famille plutôt que de nous ouvrir au reste du monde. »

    Comme le souligne M. Kjældgaard, Andersen a écrit nombre de ses contes de fées les plus connus au cours de cette période. Inconsciemment, il est devenu le moteur de la création du hygge. « En réalité, l’ironie c’est que ses écrits sont souvent effrayants et ne suivent pas vraiment le principe du hygge ! »

    M. Kjældgaard étudie l’influence d’Andersen à travers le monde. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il explique que l’écrivain est également une référence culturelle en Chine. « Il était l’un des auteurs favoris de Mao Zedong et il reste un élément de base du programme scolaire chinois. »

    Selon une théorie académique, Les Habits neufs de l’Empereur, Le Vilain Petit Canard et La Petite Fille aux Allumettes ont servi d’exemple au Parti communiste chinois pour inculper la société capitaliste. « D’une certaine manière, ça permet de comprendre pourquoi Odense accueille chaque année de nombreux visiteurs chinois en quête de contes de fées », indique Lasse Horne Kjældgaard.

    14 mai 2015 : des touristes photographient la statue de La Petite Sirène à Copenhague. Cette figure située sur la promenade de Langelinie est l’un des plus célèbres hommages aux œuvres d’Andersen.

    PHOTOGRAPHIE DE Rolf Nobel, Visum, Redux

    Il existe peu de pays sur Terre qui jouissent de paysages propices à l’apparition de personnages de contes de fées. Les voyageurs ont la chance de pouvoir découvrir au Danemark de nombreux lieux à l’origine des plus grands contes d’Andersen, des dunes recouvertes de bruyères à Skagen, aux forêts de chênes peuplées de cerfs au Jægersborg Dyrehave. Hors de la ville, vous pourrez trouver le Gisselfeld Kloster, le domaine royal qui a inspiré Le Vilain Petit Canard. Aussi, les falaises riches en fossiles de Stevns Klint ont accueilli Anderson lors de l’écriture de La Butte aux Elfes.

    Partez à la recherche du romancier en visitant le canal Nyhavn à Copenhague, où il a un jour vécu. N’oubliez pas de passer par les jardins de Tivoli, qui ont inspiré Le Rossignol et l’Empereur et de contempler la statue de la Petite Sirène perchée sur un rocher à Langelinie.

    De retour dans les terres de l’auteur, l’île de Fionie abrite près de 123 châteaux et manoirs, dont le château d’Egeskov, vieux de 450 ans. Il était l’une des attractions favorites d’Anderson pour ses labyrinthes de haies géométriques.

    « Si l’on élaborait une carte du monde délimitée non pas par des frontières géographiques ou politiques mais conçue pour représenter la tradition du conte de fées, il y aurait une grande délimitation autour de la Scandinavie avec Odense en son centre », affirme Mme Warner.

    De nos jours, les contes de fées d’Anderson revêtent peut-être le rôle le plus important de leur histoire. « Les enfants doivent faire face à tant de problèmes, de l’oppression politique au changement climatique en passant par les violences domestiques. Les contes de fées les aident à garder espoir », ajoute-t-elle. « Voilà le pilier de l’esprit des contes de fées et c'est la raison pour laquelle Hans Christian Andersen et ses œuvres perdureront. »

    Basé à Édimbourg, Mike MacEacheran est un écrivain de voyage. Suivez-le sur Twitter.

    Le long-métrage d’animation La Reine des Neiges des studios Disney est une adaptation du conte homonyme de Hans Christian Andersen.

    The Walt Disney Company est le principal détenteur de National Geographic Partners.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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