Le cacatoès noir, rock star du royaume animal

Selon une nouvelle étude, le cacatoès noir est la seule espèce (à l'exception des humains) capable de composer un rythme à l'aide d'objets créés par ses soins.

De Shaena Montanari
Publication 9 nov. 2017, 02:03 CET
Le cacatoès noir, rock star du royaume animal

Les cacatoès noirs mâles pourraient être les rock stars du royaume animal. Sans surprise, ils usent essentiellement de leurs talents musicaux pour attirer les femelles.

Selon une étude récente, l'oiseau australien est le seul animal connu à ce jour (à l'exception de l'homme) pour jouer des percussions à l'aide d'un outil façonné sur mesure. Si d'autres animaux, tels que les chimpanzés, aiment tambouriner sur des bâtons et des bûches, ils ne fabriquent pas leurs propres instruments pour le faire.

C'est en 1997, au nord de l'Australie, que Robert Heinsohn, biologiste spécialisé en conservation à l'université nationale d'Australie, a été pour la première fois témoin de ce comportement chez les oiseaux mâles.

« Le cacatoès tenait dans ses griffes une sorte de bâton et le frappait sur le tronc ; de temps en temps, il marquait une pause, élevait son incroyable crête et laissait échapper un bruit de sifflet ou un hurlement strident », explique Robert Heinsohn, bénéficiaire de subventions de la National Geographic Society dans le cadre de ses recherches.

Intrigué, le biologiste a passé les deux décennies suivantes à enregistrer les animaux timides afin d'établir si leur « tambourinage » pouvait être assimilé à de la musique (au sens de production de rythmes réguliers, de répétition d'éléments sonores et, bien sûr, de talent inné).

En analysant la séquence des rythmes produits par les oiseaux, Robert Heinsohn et ses collègues sont arrivés à la conclusion que les sons émis étaient extrêmement prévisibles, à la manière de la musique produite par les hommes. Chaque mâle que le biologiste a observé battre une pierre ou un bâton possédait son propre style musical, unique et distinct.

 

CACATOÈS ROCKEURS

Selon l'étude publiée cette semaine dans la revue Science Advancesil est à souligner que les mâles se sont mis à jouer des percussions essentiellement lorsqu'ils étaient entourés de femelles (dans environ 70 % des cas). 

Ils ont également souvent associé à leurs tambours des signaux vocaux et visuels.

« Le rouge leur monte aux joues lorsqu'ils sont excités », explique Robert Heinsohn, en soulignant un certain manque de subtilité quant à leurs motivations. 

Le chercheur et son équipe n'ont toutefois pas analysé la réaction des femelles face à la musique des mâles.

Un cacatoès noir mâle attrape une baguette de tambour et en fait étalage devant la femelle.
PHOTOGRAPHIE DE Robert Heinsohn

Cette étude soulève de nouvelles questions relatives à la perception des différents rythmes par les femelles, souligne Aniruddh Patel, professeur de cognition musicale à l'université Tufts qui n'a pas participé à l'étude.

« Être capable de produire un rythme régulier n'implique pas nécessairement d'avoir des capacités de perception rythmique, aussi basiques soient-elles en apparence », affirme Aniruddh Patel. Il souligne qu'il est nécessaire d'analyser si les rythmes réguliers attirent davantage les femelles.

 

NE RATER AUCUN RYTHME

La capacité à maintenir un rythme par le biais de percussions est profondément ancrée dans la biologie humaine. La façon dont elle a évolué a longtemps fasciné les scientifiques, jusqu'à Charles Darwin qui a écrit sur le penchant naturel des hommes pour le rythme.

Si les cacatoès noirs mâles produisent des rythmes uniques qui leur sont propres, ils ne dansent pas pour autant (une activité qui, pour les humains, va souvent de pair avec la musique).

Un cacatoès noir mâle marque le rythme sur une souche d'arbre creuse.
PHOTOGRAPHIE DE Robert Heinsohn

Si de nombreux oiseaux, tels que les grues blanches d'Amérique et les paradisiers, sont adeptes des parades nuptiales, le cacatoès noir est, quant à lui, essentiellement intéressé par le rythme.

Le côté solitaire de ces oiseaux les rend également uniques. D'après Robert Heinsohn, leur comportement pourrait avoir évolué en une parade individuelle plutôt qu'à plusieurs.

« Ils semblent être ouverts au plaisir du rythme, exactement comme les humains », explique-t-il.

« Dès qu'un mâle produit un ensemble de rythmes agréable à l'oreille qui reçoit l'approbation des femelles, d'autres mâles l'apprendront rapidement et il se répandra comme une traînée de poudre parmi la population. »

 

Retrouvez Shaena Montanari sur Twitter.

chercher des vidéos

Animaux2:44

Ces oisillons sautent de plus de 100m de haut pour survivre

loading

Découvrez National Geographic

  • Animaux
  • Environnement
  • Histoire
  • Sciences
  • Voyage® & Adventure
  • Photographie
  • Espace
  • Vidéos

À propos de National Geographic

S'Abonner

  • Magazines
  • Livres
  • Disney+

Nous suivre

Copyright © 1996-2015 National Geographic Society. Copyright © 2015-2024 National Geographic Partners, LLC. Tous droits réservés.