Pourquoi les chiens sont-ils aussi affectueux ? Les scientifiques ont enfin une réponse

Nos amis à quatre pattes possèdent une altération génétique qui les rend plus sociables que les loups, révèle une nouvelle étude. 

De Carrie Arnold
Publication 9 nov. 2017, 02:04 CET
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Un portrait studio de Hank, qui est issu d'un croisement entre un basset hound et un bouvier australien.
PHOTOGRAPHIE DE Joël Sartore, National Geographic Photo Ark

Pour Marla, la jeune Bobtail âgée de 11 mois de Bridgett von Holdt, le monde est rempli d'amis inconnus qu'elle a hâte de rencontrer.

« Elle est hypersociable. Je le sais parce que je l'ai génotypée », avoue la jeune femme.

Bridgett von Holdt n'a évidemment pas fait ça par simple curiosité. Biologiste de l'évolution à Princeton, elle et ses collègues ont passé ces trois dernières années à étudier les bases génétiques sous-jacentes des chiens et des loups pour comprendre leur comportement social. (À lire : votre chien comprend tout ce que vous lui dites.)

Des études ont montré que les chiens sont plus sociables que des loups élevés dans un environnement et des conditions similaires. Ils portent généralement plus d'attention aux humains et suivent mieux leurs ordres et indications.

La formation de von Holdt en génétique évolutive l'a faite se questionner sur les potentielles différences génétiques responsables de ces comportements.

Leur étude datée du 19 juillet et publiée dans la revue Science Advances fournit une preuve intrigante : les chiens hypersociaux, comme Marla, portent des variantes de deux gènes appelés GTF2I et GT2IRD1. Chez l'humain, la suppression de ces gènes engendre le syndrome de Williams, qui se traduit par des traits faciaux « elfiques » caractéristiques, des difficultés cognitives et une tendance à la sur-affection. 

Von Holdt suspecte cette variante génétique canine d'inhiber la fonction initiale de ces gènes, engendrant les mêmes comportements que ceux observés chez les humains atteints du syndrome de Williams.

« Nous avons peut-être reproduit un syndrome chez un animal de compagnie », explique-t-elle.

QUESTION EXCITANTE

Depuis qu'ils ont évolué des loups il y a au moins 10 000 ans, les chiens domestiques nous ont aidé à trouver de la nourriture et nous ont permis de ne pas nous même terminer en dîner, le tout avec une tête amicale et en remuant de la queue. 

Comprendre comment nos meilleurs amis, du chihuahua au mastiff, sont devenus ce qu'ils sont aujourd'hui est une question excitante, selon Karen Overall, une experte du comportement canin à l'Université de Pennsylvanie, qui n'a pas pris part à l'étude.

En 2010, en collaboration avec Monique Udell, une comportementaliste animal de l'Université d'État de l'Oregon, von Holdt a effectué des recherches sur les gènes du chien et du loup et a identifié des altérations sur le gène WBSCR17, lesquelles auraient eu lieu pendant la domestication du chien. Ses résultats ont été publiés dans la revue Nature

Leur projet a été mis en veille jusqu'en 2014, quand Bridgett von Holdt et Monique Udell ont obtenu des financements leur permettant de réaliser de nouvelles expériences avec 18 chiens de races différentes et 10 loups habitués à la présence d'humains.

Les scientifiques ont dressé la totalité des animaux à ouvrir une boîte contenant un morceau de saucisse. Elles ont ensuite ordonné aux canidés d'ouvrir la boîte dans trois situations distinctes : en présence d'un humain familier, en présence d'un inconnu et sans personne autour.

Un border collie pose pour la photo. Les chiens domestiques sont beaucoup plus enclins à interagir avec les humains que des loups élevés dans les mêmes conditions.
PHOTOGRAPHIE DE Vincent J Musi, National Geographic Creative

Dans les trois situations, les loups ont largement surpassé les chiens. D'autant plus quand les chiens devaient réaliser l'action en présence d'humains.

« Ce n'est pas qu'ils étaient incapables de réussir l'exercice, c'est juste qu'ils étaient trop occupés à regarder l'humain pour y arriver », explique Bridgett von Holdt.

LES CHIENS CONTINUENT D'ÉVOLUER

Pour sa nouvelle étude, von Holdt a conduit des analyses génétiques additionnelles sur la partie du génome voisine aux gènes altérés WBSCR17 sur un large échantillon de chiens et de loups.

En plus de confirmer sa découverte initiale, selon laquelle le gène WBSCR17 varie entre les chiens et les loups, elle a décelé deux gènes proches, GTF2I et GTF2IRD1, qui étaient également différents. 

La mise en perspective des données génétiques et comportementales récoltées ont montré à von Holdt que des évolutions dans cette région du génome ont aidé à transformer le loup en chien amoureux des humains. 

La comportementaliste Karen Overall a malgré tout averti que l'étude reste « modeste », ce qui limite la solidité des découvertes. Mais elle a félicité le sérieux des analyses génétiques.

« À notre époque, nous choisissons tel chien parce qu'il va être facile à garder, parce qu'il peut passer une longue période en appartement », explique Overall.

« Nous participons tous les jours à l'évolution du comportement des chiens domestiques ».

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