L'activité humaine contraint certaines espèces à vivre la nuit

Alors que les humains empiètent de plus en plus sur les habitats naturels des animaux, un grand nombre d'espèces sauvages trouvent refuge dans la pénombre de la nuit.

De Anna Flagg
Publication 6 sept. 2018, 15:47 CEST
Un ours malais photographié au Miller Park Zoo de Bloomington dans l'Illinois.
PHOTOGRAPHIE DE Joël Sartore, National Geographic Photo Ark

La journée d'un ours des cocotiers, ou ours malais, est, comme son nom l'indique, ensoleillée. Dans son habitat naturel, ce mammifère passe plus de 80 % de son temps d'activité à la lumière du jour.

Toutefois, l'activité humaine transforme radicalement son rythme. Selon une étude publiée en juin dans la revue Science, dans les régions où les humains empiètent sur son territoire, 90 % de son temps d'activité se passe à la tombée de la nuit. La menace que représente la présence humaine transforme l'ours des cocotiers en oiseau de nuit.

Menée par des scientifiques de l'université de Californie à Berkeley et de l'université d'État de Boise, l'étude révèle qu'une multitude de mammifères ont déplacé leur temps d'activité, préférant la nuit au jour, en raison de l'activité humaine. De nombreuses espèces se trouvant d'ores et déjà aux confins de leurs habitats naturels, elles tentent désormais d'éviter les interactions avec les humains « dans le temps plutôt que dans l'espace », indiquent les auteurs de l'étude.

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont analysé le comportement de 64 espèces de mammifères, notamment des cerfs, des tigres, des sangliers et, bien entendu, des ours des cocotiers. Ils ont constaté une augmentation dans l'activité nocturne d'un grand nombre d'entre elles : les espèces généralement actives en plein jour favorisent une activité de nuit, tandis que celles d'ores et déjà nocturnes le deviennent encore davantage. Les mammifères impactés varient selon leur taille, leur type d'habitat, la région où ils vivent et leur régime alimentaire.

Tous les types d'activités humaines sont concernés, qu'il s'agisse d'activités meurtrières telles que la chasse, l'agriculture ou l'aménagement du territoire, la récolte des ressources naturelles locales, jusqu'à la randonnée pédestre ou les promenades au cœur des régions sauvages. À titre d'exemple, la chasse sportive dans le parc national Hwange, au Zimbabwe, a conduit les hippotragues noirs à passer plus de temps éveillés pendant la nuit, en raison de leur accès limité à l'eau le jour. De même, dans les monts Santa Cruz, en Californie, les randonneurs ont rendu les coyotes plus nocturnes, les obligeant à trouver de nouvelles sources de nourriture parmi les proies qui sortent traditionnellement la nuit.

Les auteurs de l'étude alertent sur le fait que les transformations profondes du comportement naturel d'un grand nombre d'espèces bouleversent l'équilibre prédateur-proie qui s'est construit au fil des générations. Ce renversement peut avoir des effets inconnus voire en cascade sur l'environnement.

« Il nous est vraiment difficile de savoir », reconnaît l'auteure principale Kaitlyn Gaynor de l'université de Californie à Berkeley. « Ce comportement pourrait transformer des écosystèmes entiers. »

Source: Katilyn Gaynor, université de Californie à Berkeley
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