Les Français champions d'Europe de l'abandon des animaux de compagnie

Près de 60 000 animaux domestiques sont abandonnés tous les ans par leurs maîtres à l’approche de l’été. Pour lutter contre ces abandons, les associations prônent notamment la stérilisation et l’arrêt de la vente des animaux domestiques en animaleries.

De Margot Hinry
Publication 22 juin 2022, 12:26 CEST
Un basset hound.
Un basset hound.
PHOTOGRAPHIE DE Joël Sartore, National Geographic Photo Ark

Ce samedi 25 juin 2022 sera la journée de lutte mondiale contre l’abandon des animaux de compagnie. Le dernier week-end de juin sonne comme un début de départ en vacances pour les juilletistes. Chaque année, les associations de protection animale se mobilisent pour sensibiliser les populations à stopper l’abandon des animaux domestiques en veille de départ de congés estivaux.

« Selon des estimations, ce serait chaque année plus de 100 000 animaux abandonnés en France, dont 60 000 d’entre eux [délaissés] durant la période estivale » indique Anissa Putois, responsable communication chez Peta France. L’année 2021 a notamment connu un record d’abandon d’animaux, surtout les chats et les nouveaux animaux de compagnie (NACs). « Le recueil aurait augmenté de 25 % sur le mois de juin 2021 par rapport à 2019. En cause, les achats irresponsables et impulsifs d’animaux durant les différents confinements, afin de pouvoir sortir ou s’occuper. Une fois la vie normale reprise, les animaux sont abandonnés car ils ont besoin de trop de temps et de ressources » déplore la porte-parole de l’association de défense des droits des animaux.

En France, la législation pour les droits des animaux et contre l’abandon des animaux de compagnie a connu de nombreux changements, notamment ces deux dernières années. En 2020, le gouvernement français a mis en place un plan de mesure pour lutter contre les abandons d’été. Mais dans les faits, peu de procédures judiciaires aboutissent.

D’après les militants et le milieu associatif, les mesures mettent trop de temps à être appliquées. « Face à l’ampleur des abandons en France, des mesures urgentes et efficaces sont nécessaires depuis bien longtemps. […] La récente loi contre la maltraitance animale, qui date de novembre 2021, contenait quelques mesures visant à réduire le nombre d’abandons. Les peines maximales applicables en cas d’abandon et de maltraitance ont été renforcées, passant de 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. L’identification des chats et des chiens est devenue obligatoire » précise Anissa Putois. « Il faut aller beaucoup plus loin et mettre en place des mesures préventives pour réellement réduire le nombre d’animaux abandonnés ».

Il aura fallu attendre 2015 grâce et la loi du 16 février pour voir l’animal considéré dans le Code Civil comme un « être vivant doué de sensibilité ». Avant, l’animal n’était qu’un « bien meuble » (art. 528) et un « immeuble par destination » (art. 524). Cette législation répondait alors à une vision archaïque de l’animal et notamment des animaux domestiques, ce qui entraînait un nombre considérable de maltraitances et d’abandons, selon les chiffres de la SPA.

 

L’abandon sur la voie publique d’un animal domestique est considéré comme un acte de cruauté dans le code pénal, et pourtant, la France détient « la palme d’or en Europe » affirme Anissa Putois. 

« Les mentalités changent. Le bien-être animal, le respect de ces individus et l’adoption responsable sont de plus en plus importants aux yeux des Français. Malgré cela, il est désolant de constater à quel point le chiffre d’affaires des éleveurs et particuliers vendant des chiots ou chatons a explosé pendant la pandémie de Covid-19. Il est également attristant de voir combien d’animaux achetés sur un coup de tête pendant les confinements ont ensuite été vendus, abandonnés ou laissés en refuge, alors que l’on sait que ces êtres sont des membres à part entière de la famille, qu’ils s’attachent à nous et souffrent terriblement du traumatisme d’être abandonnés ».

De nombreuses raisons poussent les propriétaires d’animaux de compagnie à l’abandon. Un changement de situation de vie, « perte d’emploi, maladie, décès du propriétaire » cite notamment la représentante de Peta France. Les achats impulsifs sont également en cause et enfin, les départs en vacances avec une absence de solution de garde. « De nombreuses solutions de gardes existent, pour tous les budgets, et de plus en plus de campings, hôtels et autres hébergements acceptent les animaux de compagnie. Il n’y a aucune excuse pour abandonner son animal » s’insurge Anissa Putois.

 

LE SPÉCISME, ENNEMI DE L’ANIMAL DOMESTIQUE

« Il faut que nous changions notre regard collectif sur les animaux. Au centre de notre rapport à l’animal, se trouve le spécisme, une vision du monde néfaste et reposant sur une prétendue infériorité des autres animaux par rapport à nous, les humains. Cette perspective spéciste permet de justifier l’exploitation des animaux et leur marchandisation. »

Peta France encourage également la stérilisation des animaux domestiques. L’objectif est d’enrayer « la crise de surpopulation dans les refuges, où il y a bien plus d’animaux attendant des foyers pour la vie que de familles disposées à en accueillir ».

La porte-parole précise que sans le processus de stérilisation, « une chienne et sa progéniture peuvent donner naissance à près de de 67 000 chiots en à peine six ans, et en sept ans, une chatte et ses petits peuvent engendrer le nombre astronomique de 370 000 chatons. »

Enfin, les pratiques de vente d’animaux sont pointées du doigt par les associations de protection des animaux. Après une bataille de longue haleine concernant la loi contre la maltraitance animale, en 2021 le Parlement a tranché. Parmi les réformes adoptées, à compter de 2024, les animaleries françaises n’auront plus le droit de vendre de chiots ou de chatons, ni de mettre des animaux en vitrine.

À ce jour, l’un des gros enjeux est la vente d’animaux en ligne. « La vente en ligne représente en effet 80 % des ventes d’animaux en France et ne bénéficie pas de contrôles adaptés pour garantir la sécurité et la santé des animaux vendus » conclut Anissa Putois, qui souhaite voir notamment Le Bon Coin cesser l’autorisation de vente d’animaux sur sa plateforme.

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