Nouvel espoir pour les populations de girafes, en pleine expansion

Le nombre de girafes a augmenté de 20 % par rapport à 2015, résultat direct des efforts de conservation et de données de suivi plus précises.

De Douglas Main
Publication 14 janv. 2022, 10:15 CET
giraffe by shannon wild

Deux girafes mâles dans la Madikwe Game Reserve en Afrique du Sud. La population totale des girafes sauvages affiche une nette augmentation depuis 2015.

PHOTOGRAPHIE DE Shannon Wild, Nat Geo Image Collection

Une nouvelle étude révèle que le nombre de girafes a nettement augmenté en Afrique, rare bonne nouvelle dans le secteur de la conservation.

Selon une récente analyse des données de suivi recueillies dans l’ensemble du continent africain, la population de girafes s’élève aujourd’hui à 117 000 individus, un chiffre 20 % supérieur à celui estimé en 2015, lors de la publication de la dernière étude à grande échelle.

Cette hausse est le résultat d’une croissance authentique dans certaines régions mais est également issue de données de recensement plus précises, affirme Julian Fennssy, directeur général de la Giraffe Conservation Foundation en Namibie et coauteur de la nouvelle étude. « C’est formidable d’observer ces chiffres augmenter », déclare-t-il.

Les girafes étaient autrefois considérées comme une espèce unique. Toutefois, de récentes données génétiques montrent qu’il existe sûrement quatre espèces de girafes, dont trois ont affiché une augmentation considérable de leur nombre d’individus. Il s’agit de la girafe du Nord (Giraffa camelopardalis), de la girafe réticulée (Giraffa reticulata) et de la girafe Masaï (Giraffa tippelskirchi). La quatrième, la girafe du Sud (Giraffa giraffa), présente une population relativement stable.

Les girafes, ces majestueuses reines de la savane

Les données ont été recueillies au cours des quatre dernières années au sein de vingt-et-un pays. Les gouvernements, des chercheurs, des organisations à but non lucratif et même des citoyens scientifiques ont tous participé à la collecte. M. Fennessy et six coauteurs ont ensuite analysé ce vaste trésor d’informations puis en ont publié les résultats en décembre 2021 dans Imperiled: The Encyclopedia of Conservation, un document de recherche évalué par des pairs.

Malgré tout, les populations demeurent relativement petites si l’on prend en compte que ces animaux se comptaient par millions il y a plusieurs centaines d’années. Leur nombre a diminué pendant des décennies, un phénomène que les scientifiques qualifient d’« extinction silencieuse ». 

Ces géants sont menacés par la dégradation et le morcellement de leur habitat, le changement climatique et le braconnage. De fait, leur avenir demeure incertain, déplore M. Fennessy.

« On constate tout de même des nouvelles positives. La conservation se concentre trop souvent sur le négatif », nuance-t-il.

 

RASSEMBLER LES PIÈCES DU PUZZLE

Rassembler ces données et leur attribuer un sens a été un véritable effort, nécessitant une collaboration, un accompagnement et une coopération sans nom. « Nous pouvons désormais nous montrer plus confiants dans l’assemblage de ce puzzle complexe et dynamique », indique Michael Brown, coauteur et écologiste pour la Giraffe Conservation Foundation et le Smithsonian Conservation Biology Institute aux États-Unis.

En outre, les recherches sur le terrain sont devenues plus précises. Par le passé, les chercheurs suivaient généralement les populations de girafes sauvages à bord d’avions. Seulement, cette méthode peut mener à une sous-estimation du nombre total de ces herbivores au long cou, notamment dans certaines régions où ils se cachent sous les arbres et la végétation. Grâce à une nouvelle approche plus rigoureuse basée sur des relevés photographiques intensifs, des programmes informatiques peuvent scanner les images et reconnaître les individus à partir du motif unique de leurs tâches.

« Même si les méthodes de suivi poussées peuvent être à l’origine de certaines augmentations des estimations de la population, d’autres indicateurs positifs ont également démontré que les programmes de conservation sur le terrain ont eux aussi un impact considérable », déclare Jenna Stacy-Dawes, une biologiste spécialiste des girafes à la San Diego Zoo Wildlife Alliance, qui n’a pas pris part à la nouvelle étude.

La girafe du Nord, l’espèce la plus menacée, vit en populations isolées au sein de l’Afrique centrale et occidentale, ainsi qu’en Ouganda et dans quelques régions du Kenya. La nouvelle étude estime qu’elle compte 5 900 individus, une hausse importante depuis 2015, lorsque l’on en recensait 4 780.

De nombreux efforts pour déplacer ou transférer ces animaux dans de nouvelles régions dépourvues de populations de girafes, notamment dans des réserves au Niger, au Tchad ou en Ouganda, ont dynamisé les effectifs de l’espèce, confie M. Fennessy. Dès 2015 par exemple, quinze girafes ont été déplacées au parc national du lac Mburo en Ouganda. Cette population compte désormais trente-sept girafes.

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    Une girafe mâle se délecte de feuilles d’acacia épineux. Adulte, le plus grand mammifère terrestre de la planète peut manger plus de 45 kg de feuilles par jour ; sa langue, longue de 50 cm, lui permet de curer les branches. Les girafes doivent aussi lutter pour leur territoire dans un espace de plus en plus réduit.

    PHOTOGRAPHIE DE Charlie Hamilton James

    La girafe réticulée est la deuxième espèce recensant le moins d’individus. Elle évolue majoritairement dans le nord du Kenya. Les auteurs estiment à 16 000 le nombre de ces girafes, près du double des estimations de 2015. Néanmoins, cette augmentation est très sûrement le résultat de données plus précises et non d’une croissance massive, précise M. Brown.

    Les girafes Masaï, retrouvées en majeure partie en Tanzanie et dans le sud du Kenya, sont estimées à 45 000, soit un bond de 44 % par rapport aux chiffres obtenus sept ans auparavant. L’espèce comptant la plus grande population, la girafe du Sud, peuple les terres de Namibie, du Botswana ou encore d’Afrique du Sud. On estime leur nombre à 48 000, une donnée similaire à celle de 2015.

    Certaines régions ne bénéficient toujours pas de données de population fiables, telles que le Soudan du Sud, en raison des troubles civils dans la région. De nombreux experts craignent que le braconnage y soit en hausse. Les estimations de la taille de la population en Éthiopie et en Somalie demeurent vagues également. Dans certaines régions du monde, le nombre de girafes diminue. C’est notamment le cas pour les girafes du Nord en République centrafricaine ou encore pour les girafes du Sud au Zimbabwe.

     

    UNE NOUVELLE LUEUR D’ESPOIR 

    L’Union internationale pour la conservation de la nature, l’organisme chargé de déterminer le statut de conservation des espèces, n’a pas terminé l’évaluation des données génétiques des girafes. Elles sont donc toujours considérées comme une seule et même espèce, classée comme vulnérable, et comptant neuf sous-espèces.

    L’UICN considère que deux sous-espèces de girafes du Nord sont en danger critique d’extinction et que la girafe Masaï et réticulée sont toutes deux en danger.

    La chasse illégale de ces animaux pour leur viande, leur peau, leurs os et leur queue constitue encore un véritable problème dans certaines régions. Jared Stabach, chercheur pour le Smithsonian Conservation Biology Institute, explique toutefois que sa préoccupation principale se tourne vers développement non durable, comme le forage pétrolier et la construction des routes. « C’est ça qui me fait veiller la nuit. »

    Autre exemple, l’expansion de la prospection pétrolière et gazière autour du Murchison Falls National Park en Ouganda. Cette activité menace de morceler et d’endommager l’habitat de la vaste population de girafes du Nord, en danger critique d’extinction.

    Pour autant, dans les régions où le gouvernement, les citoyens, les chercheurs et les défenseurs de l’environnement s’unissent pour protéger le plus grand animal du monde, les populations ont une chance de prospérer.

    « Lorsque les conditions sont bonnes pour les girafes, elles peuvent se relever d’une façon spectaculaire », soutient M. Brown. « Elles ont simplement besoin qu’on leur offre cette chance. »

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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