Des milliers d’animaux sauvages sauvés dans un coup de filet international

Un effort mondial coordonné a permis la saisie de milliers d'animaux, de plantes et de produits de la faune protégés.

De Rachel Fobar
Publication 11 juil. 2019, 10:59 CEST
Des tortues léopards faisaient partie des près de 10 000 tortues vivantes saisies lors de l’Opération ...
Des tortues léopards faisaient partie des près de 10 000 tortues vivantes saisies lors de l’Opération Thunderball.
PHOTOGRAPHIE DE Vincent Grafhorst, Minden Pictures/Nat Geo Image Collection

Policiers et douaniers du monde entier ont mené la plus vaste opération jamais organisée contre le trafic de faune et de flore sauvage, impliquant 109 pays et près de 2 000 saisies d'espèces sauvages protégées, dont 440 pièces d'ivoire, plus de 4 300 oiseaux et près de 10 000 tortues vivantes, selon Interpol. 

Cet effort, coordonné par Interpol et l’Organisation mondiale des douanes (OMD), a permis de repérer près de 600 suspects et de provoquer des arrestations dans le monde entier. Surnommé Operation Thunderball (Opération Tonnerre en français, ndlr), il s'agit de la troisième d'une série d'interventions. Interpol avait déjà mené l'opération Thunderbird en 2017 et l'opération Thunderstorm en 2018, qui visaient toutes deux le commerce illégal d'espèces sauvages et de bois d'oeuvre et avaient entraîné des milliers de saisies.

Plus de 4 300 oiseaux ont été saisis, dont ces perruches en Équateur.
PHOTOGRAPHIE DE Interpol

Le commerce illégal d'espèces sauvages est une entreprise criminelle valorisée à plusieurs milliards de dollars. C'est la principale menace pour la survie de nombreuses espèces, y compris les éléphants d'Afrique, qui sont ciblés pour leur ivoire ; les pangolins, dont les parties du corps sont utilisés dans la médecine traditionnelle chinoise, et de nombreuses espèces d'oiseaux et de reptiles, qui servent les besoins du commerce d'animaux exotiques. La criminalité liée aux espèces sauvages est par ailleurs liée à la corruption, au blanchiment d’argent et à d’autres formes de crime organisé. 

Et cette dite criminalité a fortement augmenté ces dernières années. C'est pourquoi Interpol et l'OMD ont décidé d'unir leurs forces, comme le raconte Roux Raath, responsable du programme Environnement de l'OMD : « La demande [de produits de la faune sauvage] augmente ».

En juin, les autorités ont saisi 23 primates vivants, 30 grands félins, plus d'une tonne d'écailles de pangolins, 74 camions de bois, plus de 2 600 plantes et près de 10 000 espèces marines. Par le nombre de pays qu'elle a mobilisé, c'était la plus grande opération contre la criminalité liée aux espèces sauvages jamais menée. Les opérations précédentes de la série « Thunder » impliquaient moins de 100 pays.

L'opération s'est concentrée sur l'identification des itinéraires et des points chauds du trafic en amont, dans le but de prévenir la criminalité liée aux espèces sauvages. « Lorsque nous commençons à travailler, la plupart du temps, il est trop tard pour la conservation », déclare Henri Fournel, coordinateur d'Interpol pour la sécurité environnementale. « Nous voulons simplement faire savoir aux criminels que... nous les surveillons. »

L'Opération Thunderball n'est « pas une affaire de chiffres », indique Raath de l'OMD. Le nombre de saisies a diminué au fil des ans, ce qui signifie que les efforts des forces de l'ordre conduisent au « démantèlement des réseaux criminels ».

« Si nous maintenons la pression et si nous supprimons des itinéraires dans des régions spécifiques », continue Raath, « cela incitera les criminels à favoriser différents produits ou différents pays, différents itinéraires… Leurs schémas changeront. »

Pour Susan Lieberman, vice-présidente des politiques internationales de la Wildlife Conservation Society basée à New York, c'est là la clef pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Il s'agit de cibler les « réseaux criminels responsables », et non les individus. Elle indique qu'il est « fantastique » qu'Interpol et l'OMD aient pour objectif de perturber les réseaux criminels et que, pour être plus efficaces, les pays doivent faire le suivi des poursuites.

« Bien souvent, il y a des saisies, puis plus rien », dit-elle. « Les gens doivent aller en prison, en particulier ceux qui gèrent ces réseaux. »

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    Lors d’une inspection radiographique de bagages à l’aéroport de Singapour, les douaniers ont détecté ces hippocampes séchés, qui passaient en contrebande depuis l'Indonésie.
    PHOTOGRAPHIE DE Interpol

    Les autorités espèrent que l'ampleur de cette opération et la nouvelle collaboration entre Interpol et l'OMD, deux des plus grandes organisations mondiales de lutte contre la fraude, créeront un précédent pour de futures coopérations.

    « Ce n'est pas quelque chose que nous visons à faire seulement une fois et pour le plaisir d'avoir un bon communiqué de presse », assure Fournel. « C’est pour nous le fondement d’une nouvelle ère où les services douaniers et la police travailleront main dans la main contre les trafiquants d’espèces sauvages. »

     

    Wildlife Watch est une série d'articles d'investigation entre la National Geographic Society et les partenaires de National Geographic au sujet de l'exploitation et du trafic illégal d'espèces sauvages. N'hésitez pas à nous envoyer vos conseils et vos idées d'articles ainsi qu'à nous faire part de vos impressions à l'adresse ngwildlife@natgeo.com.
    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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