Le changement climatique va devenir l'une des premières causes de migration

L'homo sapiens n'a jamais cessé de se déplacer. Les inondations, les sécheresses et les pénuries d'eau sont en passe de s'ajouter aux causes de migration.

De Erin Blakemore
Publication 4 mars 2019, 14:37 CET
Contraints de migrer du Myanmar vers le Bangladesh, des réfugiés Rohingyas marchent à la recherche de ...
Contraints de migrer du Myanmar vers le Bangladesh, des réfugiés Rohingyas marchent à la recherche de camps de réfugiés.
PHOTOGRAPHIE DE John Stanmeyer, Nat Geo Image Collection

La migration se définit comme le « déplacement volontaire d'individus ou de populations d'un pays à un autre ou d'une région à une autre. » Depuis ses premières migrations au départ de l'Afrique, l'Homme n'a jamais cessé de se déplacer. Aujourd'hui encore, 3 % de la population mondiale, au bas mot 258 millions de personnes, vivent en dehors de leurs pays d'origine.

 

LES PREMIERS MIGRANTS

Les premiers migrants étaient les ancêtres des Hommes originaires du continent africain. Leur arrivée en Eurasie et sur d'autres territoires reste un sujet controversé au sein de la communauté scientifique. Les premiers fossiles attribués à Homo sapiens ont été trouvés en Éthiopie et sont vieux de 200 000 ans.

La théorie de la sortie d'Afrique émet l'hypothèse d'une dispersion d'Homo sapiens à travers l'Eurasie il y a 60 000 ans au cours de laquelle il aurait rencontré puis remplacé d'autres ancêtres, comme l'homme de Néandertal. Toutefois, cette théorie a été remise en question suite à la découverte de preuves d'une migration de l'Afrique vers l'Eurasie survenue il y a 120 000 ans. Quoi qu'il en soit, la migration des premiers humains vers l'Asie aurait quant à elle emprunté soit un détroit situé entre la corne de l'Afrique et l'actuel Yémen, soit la péninsule du Sinaï. Après être entrés en Asie, les premiers humains auraient alors migré vers l'Australie qui à l'époque partageait des terres avec la Nouvelle-Guinée. Leur voyage se serait ensuite poursuivi vers l'Europe puis les Amériques.

Les Hommes modernes ont migré depuis l'Afrique il y a 60 000 ans. Cette carte présente les routes migratoires qu'ils ont empruntées.
PHOTOGRAPHIE DE Illustration de INTERNATIONAL MAPPING INC, Nat Geo Image Collection

Il est probable que ces migrations aient été provoquées par le climat, les ressources alimentaires et d'autres facteurs environnementaux. Avec le temps et la sédentarisation des Hommes, les guerres et le colonialisme ont commencé à provoquer des migrations. Les Grecs anciens ont pu étendre leur dynastie grâce à une longue liste de colonies. La Rome antique envoyait ses citoyens jusqu'en Grande-Bretagne. De la même façon, la Chine impériale utilisait ses armées pour repousser ses frontières et accueillir des réfugiés dans des régions de plus en plus reculées.

 

DES RAISONS DE FUIR VARIÉES

Les migrations ont longtemps été caractérisées et aggravées par la guerre, l'esclavage et la persécution. Le peuple juif a fui sa terre ancestrale après plusieurs vagues d'exil et la destruction de Jérusalem en 70 de notre ère, aboutissant à une vaste diaspora. Au moins 12 millions d'Africains ont été réduits à l'esclavage et contraints à migrer vers les Amériques lors de la traite transatlantique des esclaves entre 1500 et les années 1860. Dans le sillage de la seconde guerre mondiale, des centaines de milliers de survivants à l'Holocauste et d'autres populations civiles sont devenus des personnes déplacées, contraintes à émigrer en Europe occidentale, en Palestine sous mandat britannique (territoire qui deviendra plus tard Israël) et aux États-Unis. À la fin de la guerre du Vietnam, plus de 125 000 personnes confrontées à une crise humanitaire ont quitté le pays pour les États-Unis.

Les migrations ne se sont pas arrêtées là, elles se poursuivent encore au 21e siècle, provoquées par la famine, les catastrophes naturelles et les violations des droits de l'Homme. Depuis 2013, les migrants d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont toujours plus nombreux à rejoindre l'Europe, cherchant à fuir la pauvreté et l'instabilité politique de leurs pays d'origine. La crise migratoire fait appel à des ressources européennes déjà très sollicitées et alimente la xénophobie et la frustration, même dans les pays réputés accueillants. Par ailleurs, des centaines de milliers de Rohingyas ont été forcés à migrer de Myanmar au Bangladesh en dépit des siècles d'Histoire sur leur terre natale.

À l'avenir, les changements climatiques sont susceptibles d'accentuer les mouvements massifs de population. Un rapport de la Banque mondiale publié en 2018 indique que plus de 143 millions de personnes pourraient bientôt devenir des « réfugiés climatiques », chassées de leurs pays d'origine par les inondations, les sécheresses et les pénuries d'eau. Quelles qu'en soient les raisons, il est fort probable que les migrations continuent tant qu'il subsistera des Hommes et des territoires à rejoindre.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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