14 millions de tonnes de microplastiques jonchent les fonds océaniques

Une équipe de chercheurs australiens a pour la première fois analysé les sédiments des hautes profondeurs océaniques. On y trouverait 25 fois plus de microplastiques que ce qu'estimaient les études précédentes.

De Mehdi Benmakhlouf
Publication 12 oct. 2020, 17:45 CEST, Mise à jour 6 mai 2021, 16:51 CEST
Un grand banc de carangues gros-yeux nage dans la réserve naturelle de Cabo Pulmo à Baja, ...

Un grand banc de carangues gros-yeux nage dans la réserve naturelle de Cabo Pulmo à Baja, au Mexique. Depuis que le récif corallien y est protégé, la vie marine a rebondi à des niveaux observés dans les récifs coralliens immaculés.

PHOTOGRAPHIE DE Josh Humbert, Nat Geo Image Collection

« Ces résultats mettent en évidence l'ampleur de la pollution plastique et montrent qu'aucune zone de l'océan n'est à l'abri du problème plastique » assure la Dre Denise Hardesty, co-auteure de l'étude et chercheuse principale à l’Agence nationale australienne pour la recherche (CSIRO).

Nul lieu ne semble échapper à la pollution plastique, après les glaces de l’Antarctique, les eaux de l’océan Arctique ou celles de la Méditerranée, c’est au tour des très profonds canyons océaniques de révéler la présence de microplastiques. Les chercheurs du CSIRO se sont intéressés aux très grandes profondeurs de la baie australienne au large de la côte sud.

« Les emplacements d'échantillonnage variaient de 288 à 356 km au large de côte australienne avec des profondeurs océaniques allant de 1 655 à 3 062 mètres » expliquent les chercheurs dans leur publication. Selon leurs résultats, parus dans la revue Frontiers in Marine Science, la quantité de minuscules morceaux de plastique est 25 fois plus élevée que ce que des études précédentes avaient montré et ce seraient 35 fois plus que le poids estimé de la pollution plastique à la surface de l’océan, d’après les travaux d’autres chercheurs.

Entre mars et avril 2017, la CSIRO a fait appel à un sous-marin robotisé qui a prélevé six carottes de sédiments et de sable à six endroits différents, récoltant ainsi de nombreuses informations. Par la suite, les échantillons ont pu être analysé en laboratoires, ainsi, le nombre de particules et la nature des polymères ont pu être connus. Dans les 51 échantillons prélevés les chercheurs ont observé en moyenne 1,26 morceau de microplastique par gramme de sédiment.

« Nous avons utilisé un colorant qui permet aux plastiques de se démarquer des autres matières naturelles / organiques » explique la Dre Hardesty, à partir de cela, le décompte du nombre de plastique a pu être réalisé. « Nous avons été très surpris d'observer des charges microplastiques élevées dans un tel environnement, loin des centres de population urbain » poursuit-elle.

Un robot immergé à 3000 mètres de profondeur a permis l'extraction des carottes de sédiments dans la grande baie australienne. 

PHOTOGRAPHIE DE Agence nationale australienne pour la recherche (CSIRO)

Chaque année, 8 millions tonnes de déchets plastiques termineraient leur course dans les mers et océans du globe, dont 80 % proviennent directement des terres, passent par les rivières avant d'arriver dans les océans. Le reste provient des activités de pêche et du trafic maritime, à hauteur de 20 %. Au fil du temps, les objets en plastique qui parviennent jusqu’aux océans se dégradent et se décomposent en morceaux de plus en plus petits sous l’effet des intempéries, du mouvement des vagues, de la salinité, des rayons UV et de l’abrasion avec le sable.

Nous savons que les particules de microplastiques sont entrées dans la chaine alimentaire en milieu océanique. L’Homme consomme la moitié des 144 espèces marines qui consomment régulièrement du plastique. Certains meurent de faim à cause des particules qui congestionnent leurs estomacs, d’autres sont victimes des additifs présents dans ces plastiques : les perturbateurs endocriniens qui viennent dérégler le bon déroulement de la croissance, du développement, de la nutrition et la reproduction d’une espèce.

« Nous espérons que notre travail amènera les gens à réfléchir aux choix que nous faisons, aux impacts de ce que nous fabriquons, achetons, utilisons et jetons et où cela peut arriver. Cela semble simple, mais cela peut faire une grande différence sur la quantité de déchets qui se retrouvent dans nos océans » conclut Denise Hardesty.

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