Laits végétaux : une alternative plus écoresponsable au lait d'origine animale ?

Le marché propose aujourd'hui un large éventail d'alternatives saines et éthiques au lait d'origine animale. Riz, amande, soja, chanvre… : quel lait végétal choisir pour limiter son impact environnemental ?

De Kieran Mulvaney
Publication 15 déc. 2022, 14:59 CET
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L'empreinte environnementale des laits végétaux, comme le lait de riz, le lait d'amande ou le lait d'avoine, est bien plus faible que celle du lait de vache.

PHOTOGRAPHIE DE Natasha Breen, REDA&CO, Universal Images Group, Getty Images

La prochaine fois que vous irez au supermarché pour acheter une bouteille de lait entier, pour le bien de l’environnement, essayez-vous à quelque chose de nouveau et achetez plutôt du lait de soja, d’avoine ou même, si vous en trouvez, de chanvre.

L’impact de l’industrie laitière sur l’environnement est immense. Les vaches comptent parmi les facteurs agricoles qui contribuent le plus au changement climatique et à la pollution de l’eau. Chaque année, en moyenne, une vache rejette environ 100 kilogrammes de méthane, un gaz à effet de serre qui a une durée de vie beaucoup plus courte que le dioxyde de carbone, mais qui réchauffe 28 fois plus l’atmosphère que ce dernier. Et ce n’est pas tout. Le fumier, lorsqu’il se décompose, libère encore davantage de méthane, mais aussi des polluants tels que l’ammoniac. Les produits laitiers nécessitent plus de 12 fois plus de terres par unité produite que le lait d’avoine, et utilisent 23 fois plus d’eau douce que le lait de soja. Selon le WWF, près de 545 litres d’eau sont nécessaires pour produire un peu plus de 1 litre de lait de vache aux États-Unis.

Des millions de personnes aiment le lait de vache dans le monde : il est riche en protéines, et ses productrices ont une bonne image auprès du public. En réduisant par exemple le nombre de vaches tout en augmentant le rendement, l’industrie laitière a considérablement réduit son empreinte écologique au cours des dernières décennies, du moins aux États-Unis.

Heureusement, la consommation de substituts végétaux au lait animal est de plus en plus courante. Si ces boissons ne sont pas toutes égales en termes d’impact environnemental, les options qui nécessitent le plus de terres et consomment le plus d’eau sont tout de même meilleures pour l’environnement que les produits à base de lait animal, selon Priera Panescu, du Good Food Institute (GFI). « Dans tous les cas, il est indéniable que les laits végétaux restent l’option la plus respectueuse de l’environnement. »

Mais laquelle de ces boissons végétales est la moins nocive pour notre planète ? Si nous les analysons d’un point de vue strictement environnemental, les différents laits végétaux ont chacun leurs propres forces et faiblesses.

 

LES OPTIONS PRINCIPALES

Le lait d’amande

Points positifs : Le lait d’amande, qui est l’alternative la plus populaire aux laits d’origine animale, présente l’un des plus faibles taux d’émission de gaz à effet de serre par unité. Ses émissions sont inférieures à celles de l’avoine, du riz ou du soja, en grande partie parce que les vergers d’amandiers capturent et stockent le carbone en surface et sous terre, dans les systèmes racinaires. Selon une étude réalisée en 2015, grâce à l’utilisation des coproduits de l’amande (tels que la biomasse, les cosses et les coquilles) en tant que combustibles et aliments pour animaux, les émissions de carbone des amandes pourraient même être neutres, voire négatives.

Points négatifs : La culture des amandes nécessite beaucoup d’eau. Selon une étude, environ 11 litres d’eau seraient nécessaires pour faire pousser une seule amande de Californie. De plus, 80 % de l’approvisionnement mondial en amandes est aujourd’hui cultivé en Californie, région dans laquelle l’eau se fait rare, et où les sécheresses sont devenues monnaie courante.

La pollinisation des amandiers est également de plus en plus difficile ; on estime que 70 % de toutes les abeilles d’élevage des États-Unis sont nécessaires à cette unique tâche. Pourtant, les abeilles sont de plus en plus nombreuses à mourir, le surmenage les rendant probablement plus sensibles à l’exposition aux pesticides et aux parasites.

 

Le lait de coco

Points positifs : La quantité d’eau utilisée pour produire le lait de coco est largement inférieure que pour la quasi-totalité des autres options. Les émissions de gaz à effet de serre de ses plantations sont également négligeables, les cocotiers stockant du carbone, comme toutes les plantes.

Points négatifs : Les noix de coco sont parfois cultivées en monoculture, pratique qui peut nuire à la biodiversité et à la qualité des sols ; la demande croissante entraînerait de la déforestation dans certaines régions. De plus, les noix de coco étant cultivées dans des régions tropicales, principalement en Indonésie, le transport de leurs produits dérivés consomme de grandes quantités de combustibles fossiles. Dans certaines régions, leur récolte pose également des problèmes de main-d’œuvre, et même de bien-être animal. Il est important de vérifier si les produits à base de noix de coco sont bien issus du commerce équitable.

 

Le lait d’avoine

Points positifs : Le lait d’avoine est un bon élève dans presque tous les domaines. Une étude (commandée par l’industrie) a révélé que la production de cette boisson entraîne 80 % moins d’émissions de gaz à effet de serre, et requiert 80 % moins d’utilisation des terres et 60 % moins d’énergie, en comparaison aux produits laitiers animaux. De plus, en moyenne, elle n’utilise que 18 % de l’eau douce utilisée pour le riz, 13 % de celle utilisée pour les amandes, et seulement 7,5 % de l’eau utilisée dans tout le processus de production des produits laitiers.

Points négatifs : La plupart des cultures d’avoine sont des monocultures à grande échelle ; cependant, la majeure partie de ces cultures est destinée à l’alimentation du bétail pour l’industrie de la viande et des produits laitiers, plutôt qu’à la production de boissons végétales. Dans le cadre d’un rapport de 2018 de l’Environmental Working Group, des résidus de glyphosate (un pesticide) ont été trouvés dans la totalité des aliments testés contenant de l’avoine, et ce en raison de la pulvérisation de l’herbicide Roundup par les agriculteurs avant la récolte de l’avoine. Oatly, le plus grand producteur de lait d’avoine, affirme cependant que son fournisseur n’utilise pas de glyphosate.

 

Le lait de riz

Points positifs : Le lait de riz nécessite moins de terres que les laits de soja et d’amande, et beaucoup moins que les produits laitiers animaux.

Points négatifs : Sa production utilise presque autant d’eau que celle du lait d’amande, et ses émissions de gaz à effet de serre dépassent celles de toutes les autres boissons végétales. Elles restent néanmoins plus faibles que celles des produits laitiers animaux. Ces émissions sont en grande partie dues aux bactéries qui se développent dans les rizières et émettent de grandes quantités de méthane. Le riz peut parfois contenir de l’arsenic, et les engrais utilisés pour sa culture peuvent polluer les cours d’eau.

 

Le lait de soja

Points positifs : La production de soja émet des quantités de gaz à effet de serre comparables à celles du lait d’amande, mais nécessite 10 fois moins d’eau. Dora Marinova, professeure de durabilité à l’Université Curtin en Australie occidentale, note que « le soja a été qualifié de "plante miracle", car il contient tous les acides aminés essentiels dont l’être humain a besoin, et car il contribue également à la fixation de l’azote dans le sol ». Le soja, comme les autres légumineuses, prélève l’azote de l’atmosphère et le convertit en composés utilisables par les animaux et les végétaux.

Points négatifs : Le plus gros problème du soja, ce sont ses exigences en matière d’espace. Le défrichage des terres causé par la production de soja contribue à la déforestation de l’Amazonie ; selon une étude, un litre de lait de soja nécessiterait environ 2,5 kilomètres carrés de terre.

Cependant, il est important de préciser que la grande majorité du soja cultivé aujourd’hui est destiné à nourrir les animaux d’élevage pour les industries de la viande et du lait. Selon Priera Panescu, du GFI, « on dit que le soja est coupable de monoculture et de déforestation, mais il est important de se rappeler qu’une immense part de sa production est destinée à l’alimentation des animaux, et non à la production des boissons [végétales]. On dit qu’il faut donner environ 14 calories à une vache pour produire environ 1 calorie de lait [de vache]. Ainsi, plutôt que de passer par la vache, nous pourrions utiliser ces calories directement pour la consommation humaine » en consommant des laits et boissons créés à base de plantes. L’impact sur l’environnement est donc bien moindre.

 

D'AUTRES ALTERNATIVES PROMETTEUSES

D’autres plantes offrent des avantages potentiellement encore plus importants. Le lait de noisette nécessite moins d’eau que le lait d’amande, car les noisettes sont cultivées dans des régions qui reçoivent davantage de précipitations, et dans lesquelles la pollinisation croisée est assurée par le vent, et non par les abeilles. Les pois poussent également dans des climats humides et, comme le soja, fixent l’azote dans le sol ; comme le lait de soja, le lait de pois est riche en protéines.

Le chanvre peut également être une option. Les avantages du lait de chanvre pour l’environnement sont tels que, selon Dora Marinova et sa collègue Diana Bogueva, ce produit « change totalement la donne ». Le chanvre nécessite plus d’eau que le soja, mais moins que les amandes et les produits laitiers animaux. Ses racines profondes améliorent la structure du sol, et la plante fait de l’ombre, ce qui limite la croissance des mauvaises herbes et évite le recours aux fertilisants. En outre, les parties de la plante qui ne sont pas utilisées pour produire le lait peuvent être utilisées à toutes sortes de fins, du tissu au papier, en passant par les alternatives au plastique.

 

ALORS, QUELLE EST LA MEILLEURE OPTION ?

En fin de compte, le choix vous revient. Cependant, Panescu souligne que : « Si nous pouvons utiliser des cultures encore moins gourmandes en eau, telles que le soja et l’avoine, les retombées pourraient être encore plus positives pour l’environnement. Selon moi, le soja et l’avoine se démarquent nettement d’un point de vue environnemental, de même que le chanvre et d’autres options qui nous permettent de valoriser l’ensemble de la récolte, et d’ainsi réduire considérablement les déchets alimentaires. »

« Dans l’ensemble, les laits végétaux sont bien, bien meilleurs que le lait de vache. »

 

OBJECTIF : DES PRODUITS SAINS, SANS CRUAUTÉ

D’autres facteurs peuvent également rentrer en compte. Que faire si vous souhaitez bénéficier des avantages environnementaux des laits végétaux, mais sans renoncer au goût et au profil nutritionnel des produits laitiers animaux ? La recherche continue de progresser en ce qui concerne la production de lait en laboratoire, explique Marinova. En revanche, « pour que le lait cultivé en laboratoire soit vraiment durable, avec une empreinte carbone plus faible, il faudrait qu’il soit produit avec des sources d’énergies exclusivement renouvelables, et que la quantité d’eau nécessaire pour sa production soit réduite. »

En attendant, l’entreprise Nobell Foods est parvenue à développer une souche de soja capable de produire de la caséine : la protéine principale du lait de vache. Ainsi, le choix pourrait être bien moins difficile que ce que nous pensions, selon Panescu.

« En cas de succès, nous pourrions obtenir des laits végétaux qui ont exactement les mêmes propriétés nutritionnelles et la même texture que le lait de vache. J’aimerais vraiment vivre dans un monde dans lequel nous pourrions créer les produits que nous aimons par le biais de cultures végétales, et donc sans cruauté, et le faire d’une manière qui est saine aussi bien pour la planète que pour nous », conclut Priera Panescu.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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