Pourquoi y a-t-il plus d'orages en été ?

Un temps chaud et humide peut créer les parfaites conditions pour qu’un orage éclate lors d’une après-midi d’été. Toutefois, à mesure que la planète se réchauffe, les périodes et les lieux où ils s’abattent vont changer.

De Kieran Mulvaney
Publication 16 sept. 2023, 10:09 CEST
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Chaleur et humidité : ce sont les deux ingrédients principaux pour faire basculer un temps ensoleillé en un véritable orage.

PHOTOGRAPHIE DE Babak Tafreshi, Nat Geo Image Collection

Pour nombre d’entre nous, les mois les plus chauds de l’année sont propices à la détente, à profiter du Soleil et peut-être même à faire un pique-nique. Et pourtant, qui n’a jamais connu ce sentiment de frayeur lorsque des nuages d’orage se forment d’un coup dans la chaleur de l’après-midi, suivi d’une course effrénée pour se mettre à l’abri avant qu’ils n’éclatent ?

Pourquoi les orages s’abattent-ils plus fréquemment en été ?

La raison est simple : le temps estival offre souvent les conditions idéales pour qu’un orage se développe. Les températures chaudes permettent à l’atmosphère de retenir davantage d’humidité, nécessaire à la formation de nuages, en particulier les cumulonimbus, hauts dans le ciel et menaçants, qui sont à l’origine du tonnerre et des éclairs.

Toutefois, ce n’est pas le cas partout. Le changement climatique réchauffe la planète sans précédent. Dans certaines régions, ces conditions orageuses se font de plus en plus fréquentes.

 

LA RECETTE D’UN ORAGE

Lorsque le Soleil chauffe le sol, l’air qui s’en dégage s’élève naturellement jusqu’à heurter une couche d’air froid plus haute. Cette condition crée une instabilité atmosphérique, élément indispensable à la formation d’un orage.

La pompe est amorcée. Il ne manque plus qu’un déclencheur, un facteur qui pousse l’air chaud à continuer de s’élever. Il peut s’agir d’un front, une collision entre deux masses d’air, ou encore d’une chaîne de montagnes, qui crée une barrière qui force l’air à s’élever.

À mesure que l’air chaud et humide monte, les cumulonimbus grossissent et continuent eux aussi de s’élever jusqu’à ce que les gouttelettes d’humidité se transforment en particules de glace qui s’entrechoquent. Cette situation donne lieu à des charges électriques, qui finissent par se décharger sous la forme d’éclairs. Ces éclairs chauffent et dilatent ensuite l’air environnant, ce qui produit le tonnerre. À peine 10 % environ des éclairs atteignent le sol. Le reste se décharge de nuage en nuage.

Chaque année, on estime à 16 millions le nombre d’orages dans le monde et 2 000 d’entre eux se déroulent simultanément à tout moment. Environ 10 % des orages sont qualifiés de « violents », c’est-à-dire qu’ils présentent des grêlons d’au moins 2,5 cm de diamètre et des vents d’au moins 93 km/h.

 

OÙ LES ORAGES D’ÉTÉ FRAPPENT-ILS LE PLUS ?

Selon Matthew Elliott, météorologue au National Weather Service’s Storm Prediction Center dans l’Oklahoma aux États-Unis, il existe plusieurs régions dans le pays où les orages font rage.

L’une d’entre elles se situe le long de la côte médiane de l’Atlantique jusqu’aux États du Golfe, où les orages sont alimentés par la chaleur et par l’humidité très présente de l’océan Atlantique et du golfe du Mexique.

Une autre se trouve juste à l’ouest des Rocheuses, sur les hauteurs de la Californie et du Colorado, où les montagnes forcent l’air chaud à s’élever, ce qui provoque des orages presque tous les jours, en particulier l’après-midi, une fois que les conditions orageuses ont eu l’occasion de se développer.

À l’inverse, dans certaines régions du pays, toutes les conditions sont réunies pour éviter les orages pendant de longues périodes au cours de l’été. Dans de vastes étendues du Texas et de l’Oklahoma, « il fait très chaud et humide, mais il n’y a pas d’activité orageuse quotidienne », explique M. Elliott.

Selon lui, cela est dû au fait qu’une couche d’air chaud qui se déplace généralement vers le nord depuis les plateaux du Mexique agit comme un « couvercle » qui empêche l’air instable, chauffé et plus bas de s’élever et d’entrer en collision avec l’air froid qui se trouve au-dessus. La topographie de la région étant généralement plate, « il n’y a pas réellement de mécanisme de soulèvement », pour aider à briser ce couvercle, explique-t-il. Les tempêtes contournent souvent ce couvercle d’air chaud et se forment plutôt le long de sa périphérie nord, dans des endroits tels que le Kansas et le Dakota du Nord, et à l’est le long de la vallée de l’Ohio.

L’Oklahoma n’est bien sûr pas étranger aux violents orages. Cet État est l’épicentre mondial des tornades et autres super-tempêtes mais le pic de ces événements se situe généralement en avril et en mai, avant que le « couvercle » d’air chaud de l’été ne se forme.

Bien entendu, cela ne signifie pas que les habitants de l’Oklahoma ne doivent pas s’inquiéter de la grêle ou des orages en été ni que les régions « plus humides » ne connaissent jamais de périodes de sécheresse.

M. Elliott insiste sur le fait que « les phénomènes météorologiques violents peuvent survenir n’importe où, n’importe quand, mais qu’il existe des zones et des saisons propices ».

États-Unis : un orage supercellulaire frappe les Black Hills

 

L’IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Ces caractéristiques sont susceptibles de changer à mesure que le changement climatique perturbe les schémas météorologiques.

L’air chaud peut contenir plus d’humidité. De fait, une planète sur laquelle il fait plus chaud est susceptible de connaître un temps plus pluvieux lorsque des orages se produisent. Une étude récente a révélé que, selon les scénarios de réchauffement prévus, la côte est des États-Unis pourrait connaître jusqu’à neuf jours d’orage supplémentaires, tandis que le lourd couvercle d’air chaud qui empêche ces événements pourrait grandir dans le sud-ouest.

M. Elliott tient toutefois à souligner que les phénomènes météorologiques se produisent à très petite échelle par rapport à la vaste étendue du changement climatique mondial. Il insiste également sur le fait que de petites perturbations dans l’environnement local peuvent influer sur le développement des orages, ce qui rend la prévision des changements difficile.

« [Leur prédiction] n’est pas aussi simple que celle des ouragans, des inondations ou des incendies. Les relations [avec le changement climatique] sont plus complexes. »

Néanmoins, il poursuit en expliquant que l’on peut affirmer sans trop de doutes que des orages se produiront plus fréquemment dans régions et à des périodes qui sont considérées dans leur périphérie, c’est-à-dire après le pic de l’été jusqu’à l’automne ou plus au nord que d’habitude par exemple. À titre d’exemple, il cite qu’en décembre 2021, des orages ont frappé le Minnesota et le Kentucky, bien en dehors de la zone et de la période où ils se produisent le plus souvent.

Toutefois, la plus grande différence sera ailleurs : ce système déjà chaotique le deviendra davantage et l’imprévisibilité augmentera.

Par exemple, cela pourrait signifier que des régions où aucun orage sévère d’été ne frappe pourraient en faire l’expérience. De même, les régions qui connaissent habituellement quelques orages violents chaque été pourraient connaître une accalmie.

« Au total, nous disposons de 50 à 60 années de données solides mais les 50 premières années ne sont pas aussi homogènes que les 10 dernières. Je pense donc qu’au cours des 5 à 10 prochaines années, nous serons en mesure de mieux nous prononcer car nous commencerons à mieux comprendre à quoi ressembleront ces changements. »

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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