Fêtes de fin d'année : comment décorer de manière plus durable ?

Des ballons à la fausse neige en passant par le papier cadeau, nous avons tous la fâcheuse tendance à produire plus de déchets à l'approche des fêtes, mais des alternatives plus respectueuses de l'environnement existent.

De Olivia Ferrari
Publication 19 déc. 2025, 14:09 CET
Des citrouilles biodégradables aux guirlandes de Noël, l'automne est la saison des décorations de fêtes, mais ...

Des citrouilles biodégradables aux guirlandes de Noël, l'automne est la saison des décorations de fêtes, mais tous ces ornements éphémères peuvent représenter jusqu'à 25 % de déchets ménagers en plus, d'après les données de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis.

PHOTOGRAPHIE DE Rebecca Hale, National Geographic

Entre le brouillard dans lequel nous plongent les festins et la folie de la course aux cadeaux, les fêtes nous entraînent parfois dans un tourbillon de consommation. Pendant cette période, les déchets ménagers se multiplient et l'un des principaux coupables n'est autre que la décoration. Ballons à usage unique, confettis, banderoles et autres parures se transforment en déchet du jour au lendemain et libèrent quantité de microplastiques, une source de préoccupation grandissante pour la santé humaine et l'environnement.

Bien entendu, qui a envie de se préoccuper des microplastiques alors que nous sommes déjà assaillis par les obligations ou enivrés par l'esprit des fêtes ? Même les plus éco-conscients d'entre nous peuvent trouver la tâche ardue.

Les scientifiques nous invitent toutefois à réfléchir plus sérieusement à ces décorations et indiquent qu'il peut être facile de faire des choix plus durables. Nous leur avons donc demandé comment s'y prendre.

Pour cela, nous avons discuté avec Sara Silva, chercheuse en toxicologie et microplastiques à l'Institut universitaire des sciences de la santé (CESPU) de Gandra, au Portugal. Au cours de l'été, le groupe de recherche de Silvia a rédigé une lettre soutenant que les décorations devraient être considérées comme une source sérieuse de pollution plastique et incluses dans les négociations actuellement menées pour créer un traité mondial sur le plastique. Nous avons également échangé avec Trisha Vaidyanathan, directrice scientifique chez Beyond Plastics, dont les travaux sont axés sur la santé et la pollution plastique.

 

Pourquoi cette période de l'année est-elle si néfaste pour l'environnement ? 

Silvia : Paillettes, confettis, ballons, fausse neige… toutes ces décorations que nous allons beaucoup voir à Noël sont volontairement conçues pour être petites et facilement dispersables. Une fois installées, il est presque impossible de les récupérer et il est très difficile de les réutiliser ou de les recycler. C'est pourquoi nous observons généralement, autour de cette période de fêtes, un pic de pollution dans l'environnement. 

Par exemple, quand 100 ballons éclatent, jusqu'à 33 millions de particules de microplastiques peuvent être libérées, un phénomène auquel personne ne pense. Pour les paillettes, elles ne sont pas uniquement présentes dans les décorations, mais aussi dans les jouets des enfants, ce qui peut entraîner l'ingestion de ces particules, car les plus jeunes ont tendance à tout porter à leur bouche.

Vaidyanathan : Il y a également une volonté d'acheter toujours plus, que ce soit pour créer cette atmosphère de fêtes ou pour offrir des cadeaux à son entourage. Les fêtes ont été envahies de plastique sans que cela soit nécessaire et ça n'a pas toujours été le cas.

Les produits jetables, leurs boîtes, l'emballage de nos cadeaux ou la décoration de table à usage unique, tout cela s'inscrit dans le problème plus large du plastique.

 

Étant donné l'objet de vos recherches, avez-vous modifié la façon dont vous choisissez vos décorations de fêtes ?

Vaidyanathan : Absolument, j'aborde le sujet différemment. Je me demande : « Est-ce vraiment utile d'acheter ce bonhomme de neige en plastique s'il va vivre plus longtemps que moi ? » Ce recadrage est souvent bénéfique : cet objet va-t-il m'apporter suffisamment de joie pour justifier ses centaines d'années d'existence ?

L'année dernière, j'ai fabriqué des flocons de neige à partir de vieilles feuilles de papier que je n'utilisais plus… et c'était très amusant ! J'ai demandé de l'aide à ma famille et nous avons décoré toutes les fenêtres de la maison avec ces flocons.

Silva : Oui, bien sûr, j'essaie de faire plus attention à mes choix.

J'opte par exemple pour des guirlandes en papier et comme je suis plutôt manuelle, j'en fabrique certaines moi-même. Je cherche l'inspiration sur YouTube et j'essaie avec du papier. Je suis toujours en quête de nouvelles idées de décoration. 

J'examine également la liste des ingrédients quand j'achète des décorations, pour voir s'il y a des polymères [du plastique]… j'essaie de faire attention. Et je m'efforce aussi de transmettre le message autour de moi !

 

Est-ce difficile ou embarrassant de parler aux autres de faire des choix de décoration plus durables ?

Silva : Mes parents sont un peu plus traditionnels pour ce qui est des décorations, ils peuvent donc être plus difficiles à convaincre. Mais comme ils m'ont suffisamment entendu à ce sujet, ils me laissent choisir les décorations pour la maison. Mes amis sont plus compréhensifs, plus enclins à faire des changements.

Vaidyanathan : Je pense que mes amis et ma famille me trouvent un peu plus agaçante depuis que j'ai commencé à travailler dans le domaine. Je pense toutefois qu'en parler à son entourage est une bonne stratégie, en leur donnant son avis, au lieu d'attendre qu'ils en entendent parler ailleurs ou lisent un article en ligne.

Il est important de se concentrer sur le sujet plus accessible de la pollution plastique. Il y a des objets que vous allez garder toute une vie et peut-être même transmettre d'une génération à l'autre, mais le véritable problème à mes yeux vient de tout ce plastique que l'on va jeter après un ou deux ans, ou un jour, ou même quelques minutes pour l'emballage cadeau.

 

Y a-t-il des décorations spécifiques que vous évitez à tout prix ?

Silva : Si ça scintille, c'est qu'il y a des paillettes… et les paillettes ne sont pas seulement composées de microplastiques, mais aussi généralement enrobées de métal, ce qui augmente la toxicité.

La fausse neige est également faite de microplastiques, littéralement. La plupart d'entre nous ne savent même pas qu'ils dispersent des microplastiques dans leurs boutiques ou leurs maisons en guise de décoration. Je n'utilise pas de fausse neige, cela fait partie des changements que j'essaie d'apporter à mes habitudes.

Vaidyanathan : Les guirlandes pailletées sont souvent fabriquées en PVC, l'un des plastiques les plus dangereux, le chlorure de vinyle étant une source majeure de problèmes de santé. Les composants du PVC sont classés comme étant des agents cancérogènes.

En ce qui concerne la fausse neige que l'on met sur les fenêtres – j'ai grandi en Californie et nous en avons utilisé parce qu'il n'y avait pas de vraie neige – ce sont des polymères synthétiques, un autre type de plastique.

J'ai également commencé à faire attention à l'emballage cadeau plus récemment. S'ils ressemblent à du papier, beaucoup d'emballages ne sont en fait pas recyclables car ils sont recouverts d'une fine pellicule de plastique… surtout lorsqu'il y a des paillettes ou un effet métallisé. 

Par ailleurs, la vaisselle que l'on utilise pour boire ou manger peut également libérer des microplastiques. Un lait de poule bien chaud dégusté dans une tasse en plastique serait très préoccupant à mes yeux, d'un point de vue santé. 

 

En juillet dernier, Sara et trois autres scientifiques ont écrit une lettre appelant à inclure les décorations en plastique dans le traité de l'ONU sur le plastique, qui est en cours de négociation. Sara, pourquoi trouvez-vous important d'inclure ces décorations ? Et pourquoi est-il si important de légiférer sur le sujet ?

Silva : Nous avons remarqué que l'une des premières versions du traité manquait d'ambition en ce qui concerne les objets décoratifs ; elle mentionnait uniquement les ballons, sans se soucier de la plupart des décorations en plastique couramment utilisées.

Si le traité mondial inclut cette source de plastique non essentiel à l'avenir – parce que l'intention n'est pas de mettre fin aux décorations de Noël, bien entendu, nous pourrons avoir des décorations sans microplastiques – il sera vraiment possible d'opérer ce changement, de réduire les décorations en plastique.

Vaidyanathan : J'insiste toujours sur le fait que s'il revient à chaque personne de faire de son mieux pour trouver des moyens d'atténuer la pollution plastique, notre colère devrait être dirigée contre ceux qui ont provoqué ce problème : les entreprises qui vendent d'immenses volumes de plastiques fabriqués à bon marché. Nous devons nous armer d'une meilleure réglementation pour garder le contrôle sur cette production et imposer à ces entreprises la responsabilité d'inverser la crise.

 

Avez-vous des conseils pour ceux qui souhaitent se lancer dans une décoration plus respectueuse de l'environnement mais ne savent pas par où commencer ?

Silva : Il faut y aller étape par étape. Vous n'avez pas à changer toutes vos habitudes d'un seul coup. Même année après année : essayez d'apporter quelques changements aujourd'hui, puis un peu plus l'année prochaine.

Vous trouverez de superbes idées sur YouTube et Pinterest, faites preuve de créativité !

Vaidyanathan : Il existe de nombreuses alternatives aux décorations en plastique qui nous sont proposées dans les magasins.

Je ne célèbre pas vraiment Noël, mais je fête Diwali en octobre avec ma famille. Nous avons commencé à utiliser des diyas en plastique, avec des LED, et nous finissons toujours par les jeter, soit parce qu'elles cassent, soit parce que nous les perdons. Au final, nous en rachetons tous les ans, par facilité, mais nous pourrions tout à fait repasser aux bougies, comme le voudrait la tradition. 

L'hiver dernier, j'ai fabriqué des guirlandes d'oranges séchées, vous pouvez également décorer avec des pommes de pin, des bougies en cire d'abeille, des bâtons de cannelle, des baies ou même des guirlandes de popcorn. Toutes ces solutions existent et ont déjà été utilisées, il est juste plus difficile de s'en souvenir quand on est confronté à une montagne bariolée de décorations en plastique.

Le plastique n'a pas toujours été omniprésent dans nos vies et cette époque n'est pas si lointaine, une époque où les fêtes étaient tout aussi joyeuses sans être inondées de plastique. Il faut juste faire l'effort de se souvenir de toutes ces alternatives.

Cet entretien a été édité dans un souci de concision et de clarté. Il a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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