Un morceau de Mars a été mis en vente
Le plus gros fragment de Mars sur Terre est devenu la météorite la plus chère jamais vendue aux enchères à la « Geek Week » de Sotheby's.

Ce fragment de la planète Mars vendu aux enchères de Sotheby, une multinationale américaine spécialisée dans la vente aux enchères. À 25 kilogrammes, il s’agit du plus gros morceau de Mars sur Terre et de la météorite la plus rare jamais découverte.
En fin de compte, un dinosaure mort depuis des millions d’années a fait mieux que le plus gros fragment de Mars jamais découvert sur Terre.
À New York, le 16 juillet dernier, Sotheby’s, spécialisée dans la vente aux enchères, a vendu le squelette prêt à être exposé d’un dinosaure vieux de 150 millions d’années, un juvénile Ceratosaurus nasicornis, à pas moins de 30,5 millions de dollars américains (26,38 millions d’euros), frais et honoraires compris. Le fossile a fait exploser son estimation initiale de 6 millions de dollars (5,19 millions d’euros). Pendant ce temps, une météorite de 25 kilogrammes en provenance de Mars, NWA 16788, s’est vendue à 5,3 millions de dollars (4,58 millions d’euros), hors frais et honoraires, elle a dépassé de 1,3 million de dollars son estimation initiale. Elle reste cependant la météorite la plus rare jamais vendue aux enchères.
Ceratosaurus, dont les origines remontent au Jurassique supérieur et découvert dans la carrière de Bone Cabin, dans l’État américain du Wyoming en 1996, mesure près de 1,8 mètre de haut et 3 mètres de long. Il est constitué de 139 os fossilisés d’origine avec des matériaux sculptés additionnels. Il comporte un crâne complet et quarante-trois dents. Des collectionneurs de trente-sept pays ont tenté d’en faire l’acquisition.

Le Ceratosaurus nasicornis juvénile, vendu à 26,38 millions d’euros aux enchères.
Parmi les 122 objets vendus aux enchères le 16 juillet 2025 se trouvait la plus grande sphère lunaire connue, qui fixe le record de vente aux enchères d’une météorite lunaire à 825 500 dollars américains (713 930 euros). Après la météorite martienne, il s’agit de la deuxième météorite la plus chère vendue aux enchères.
Le panneau LED originel du jeu d’arcade de SEGA The Lost World : Jurassic Park, s’est vendu à environ 20 000 dollars (17 300 euros), le crâne d’un Pachycephalosaurus à 1,8 million de dollars (1,56 million d’euros), un ensemble d’outils néandertaliens remontant à environ 40 000 ans à 57 150 dollars (49 425 euros) et le squelette d’un énorme ours des cavernes d’Europe de l’Est à 35 560 dollars (30 753 euros).
Cassandra Hatton, vice-chaire, directrice internationale, responsable d’histoire scientifique et naturelle de Sotheby’s, déclare : « Ces résultats mirobolants soulignent une fascination profonde et tenace ainsi qu’un respect pour le monde naturel, des confins reculés de l’espace, aux profondeurs préhistoriques de la Terre. Les collectionneurs ne sont pas simplement attirés par une passion des sciences, mais par une curiosité dévorante des forces qui ont dessiné notre planète et ce qui s’étend au-delà. »
LE MARCHÉ MONTANT DES DINOSAURES
L’acheteur anonyme ressorti vainqueur des enchères de Ceratosaurus a l’intention de le prêter à une institution, « comme il convient à un spécimen aussi rare et important », a annoncé Sotheby’s au cours d’une déclaration.
« J’ignore si l’acheteur va révéler son identité au public », a confié Cassandra Hatton à National Geographic. Elle a ajouté qu’elle n’était pas surprise par le prix qu’a atteint le squelette de Ceratosaurus. « C’est un fossile magnifique, rare et important. Je pense qu’il mérite plus que le prix auquel il a été vendu ».
L’enchère sur la météorite, continue Cassandra Hatton, s’est faite plus lentement ; les acheteurs étaient plus soucieux de faire l’acquisition d’un objet sans antécédent comparable sur le marché. « En l’absence d’un précédent aux enchères, les acheteurs regardent le comportement des autres », explique-t-elle. « Personne ne veut faire le premier pas. » En temps voulu, les acheteurs pourraient devenir aussi enthousiasmés par les météorites qu’ils le sont à présent pour les dinosaures et les ossements.
L’an dernier, à Sotheby’s, le milliardaire Ken Griffin, fondateur et P.-D.G. du fonds spéculatif Citadel, a fait l’acquisition pour 44,6 millions de dollars (38,54 millions d’euros) d’un squelette de stégosaure de 3,35 mètres de haut et plus de 8 mètres de long. On appelait ce fossile « Apex » et c’est le fossile le plus cher jamais vendu aux enchères. On ne s’attendait pas à ce qu’il rapporte plus de 6 millions de dollars (5,18 millions d’euros).
Certains s’inquiètent de ce marché aux prix démesurément élevés. Andre Lujan, président de l’Association américaine de paléontologie appliquée, a confié au New York Times que les prix croissants des loyers pour les terrains où de telles découvertes sont faites faisaient autant de mal aux recherches académiques qu’aux opérateurs commerciaux.
Aux yeux de Cassandra Hatton, les propriétaires des terrains où sont découverts ces fossiles, et les archéologues responsables devraient être payés « comme il convient » pour leur participation aux trouvailles. Depuis toujours, ces deux parties ne sont « pas respectées » dans ce procédé, affirme-t-elle.
Il était important de « diversifier » les types de fossiles que l’on retrouve sur le marché, a continué la responsable, car les nuances dans ce domaine sont des informations importantes, tant pour les modèles de prix que pour les musées qui calculent leurs valeurs d’assurance selon les ventes. « Le marché du stégosaure est différent du marché du T-rex qui est différent du marché du Ceratosaurus. »
LE PLUS GROS FRAGMENT DE MARS SUR TERRE
La météorite d'une « rareté inouïe » mesure 35,56 cm par 27,94 cm par 15,24 cm. Elle aurait été explosée de la surface de Mars avant de traverser les 225 millions de kilomètres qui la séparent de la Terre pour s'écraser dans le Sahara.

NWA 16788, le plus gros fragment de Mars sur Terre, estimé entre 2 et 4 millions de dollars américains (1,73 et 3,46 millions d’euros) au cours de la vente aux enchères de Sotheby’s, à New York, pour leur Geek Week, le 8 juillet 2025.
Classifiée comme étant une shergottite à olivine micro-gabbroïque, un type de roche martienne formée lors du lent refroidissement du magma martien, elle a été découverte par un chasseur de météorites dans la région reculée d’Agadez, au Niger, en novembre 2023. Les fragments de Mars sont « incroyablement rares » a déclaré Sotheby’s. Parmi les 77 000 météorites officiellement reconnues, seules 400 sont martiennes.
« Cette météorite martienne est le plus gros fragment de Mars que nous ayons jamais découvert, et de loin », a expliqué Cassandra Hatton au magazine AP. « Elle est deux fois plus grosse que ce que nous considérions avant comme le plus gros morceau de Mars. »
NWA 16788 est environ 70 % plus grosse que le deuxième plus gros fragment de Mars sur Terre et est recouverte d’une croûte de fusion rouge-cuivrée, qui lui donne un « ton martien ». Sotheby’s a déclaré que la météorite avait enduré une « usure terrestre minimale » et était « relativement nouvelle visiteuse ici, sur Terre, n’étant tombée du ciel que récemment. »

Détails du fragment de Mars vendu aux enchères lors de la Geek Week de Sotheby's.
Avant d’atterrir entre les mains de Sotheby’s, la météorite était exposée à Rome, dans les locaux de l’Agence spatiale italienne, en 2024, puis dans une galerie privée d’Arezzo, en Toscane.
Le 17 juillet 2025, la dernière enchère de la Geek Week proposait la vente de « l’ordinateur Apple-1 le plus fonctionnel de l’existence », provenant du premier lot de cinquante ordinateurs fabriqués à la main par Steve Wozniak et Steve Jobs en 1976.
Cassandra Hatton n’a pas souhaité révéler ce que réservait la Geek Week édition 2026.
« L’exploration spatiale était ma première enchère et ma première passion », a-t-elle confié à National Geographic. « J’aime l’histoire des sciences et de la technologie, les manuscrits, les livres et les machines Enigma. C’est exaltant de recevoir ce genre d’objets et de conter leurs histoires individuelles. »
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.
