L'iconique télégraphe du Titanic est-il sur le point d'être remonté à la surface ?

Le retrait du télégraphe, situé à l'intérieur du quartier des officiers du navire, pourrait nécessiter de couper ou d'élargir les trous existants dans la coque de l'épave.

De Kristin Romey
Publication 26 mai 2020, 15:54 CEST
À 02h20 le 15 avril 1912, l'"insubmersible" Titanic disparut sous la mer, emportant avec lui 1500 ...

À 02h20 le 15 avril 1912, l'"insubmersible" Titanic disparut sous la mer, emportant avec lui 1500 âmes. 

PHOTOGRAPHIE DE National Geographic

Pendant trois heures dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, les messages transmis par l'opérateur télégraphique à bord du RMS Titanic sont passés de la frivolité (pour un passager souhaitant adresser un message à un ami à New York : « Bonjour ! Avec vous ce soir par l'esprit ») à la frénésie (le Titanic à RMS Carpathia : « Nous avons heurté un iceberg. ») puis, juste avant le silence, une ultime télécommunication : « Venez vite. Salle des machines presque pleine. »

Aux Etats-Unis, un juge fédéral vient de statuer que la société privée détenant les droits de récupération des objets que transportait le Titanic pourrait récupérer le télégraphe, encore à l'intérieur de l'épave, ce qui, selon la cour « contribuera à l'héritage laissé par la perte indélébile du Titanic, par ceux qui ont survécu et ceux qui ont perdu la vie dans le naufrage. »

La décision, rendue lundi par le tribunal du district américain de Virginie, modifie une décision rendue en 2000 qui interdisait à la société RMS Titanic, Inc. (RMST) de couper ou détacher des pièces de l'épave. Le retrait du télégraphe, situé à l'intérieur des quartiers des officiers du navire, peut nécessiter de couper ou d'élargir les trous existants dans la coque et de détacher l'équipement des murs intérieurs.

De nombreux archéologues et représentants du patrimoine culturel se sont opposés au retrait des artefacts du Titanic, dernier lieu de repos de plus de 1 500 personnes.

« Tout comme un lion est beaucoup plus à sa place dans la nature sauvage des savanes africaines (sic) que dans un musée, l'appareil Marconi raconte mieux son histoire là où il se trouve», écrit David Conlin, chef du Submerged Resources Center du US National Park Service, agence dépendant du gouvernement fédéral des États-Unis, chargée de gérer les parcs nationaux et les monuments nationaux.

 

LA VOIX DU TITANIC

Le télégraphe à bord du Titanic était un équipement de pointe pour l'époque : un appareil de communication sans fil développé par Guglielmo Marconi, un pionnier dans ce domaine. L'appareil était situé dans la « Suite Marconi », une série de trois pièces à bâbord du quartier des officiers qui comprenait une couchette, la chambre de l'opérateur télégraphique et une « salle silencieuse » où se trouvait l'émetteur télégraphique principal.

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    Guglielmo Marconi (1874-1937) a été un pionnier de la communication sans fil et leTitanic l'un des nombreux grands paquebots utilisant sa technologie de pointe. Ici, il est montré au travail dans la salle sans fil du yacht Electra.

    PHOTOGRAPHIE DE La Collection Hulton-deutsch, Corbis, Getty

    La voix du Titanic, celle du télégraphiste en chef Jack Phillips qui a transmis les appels de détresse aux navires qui se trouvaient à proximité dans les eaux glaciales de l'Atlantique s'exprimait depuis la suite Marconi. Son assistant, Philip Harold Bride, a par la suite loué son immense bravoure. Philips a coulé avec le navire ; Bride a lui été secouru et a partagé un récit déchirant de cette nuit terrible dans les pages du New York Times.

    Un dossier judiciaire du RMST émet l'hypothèse que si certains éléments du télégraphe pouvaient être récupérés dans la salle silencieuse, « il était concevable qu'il puisse être remis en état de fonctionnement » et qu'avec de nouveaux composants la « Voix du Titanic pourrait à nouveau être entendue, maintenant et pour toujours. »

     

    BRAS DE FER JURIDIQUE

    Cette décision de justice est le dernier rebondissement d'un bras de fer juridique qui dure depuis plusieurs années quant au devenir de la plus célèbre des épaves, découverte par l'explorateur National Geographic Robert Ballard en 1985. 

    Entre 1993 et ​​2004, l'entreprise privée RMST a récupéré plus de 5 000 artefacts dans le champ de débris entourant l'épave principale du Titanic. De nombreux artefacts sont exposés dans des musées et font l'objet d'expositions à travers le monde.

    Parce que le Titanic repose à près de 4 kilomètres sous l'Atlantique Nord, la récupération des artefacts du site nécessite l'utilisation d'un véhicule télécommandé (ROV) attaché à un navire de recherche.

    Le Titanic a-t-il pris des risques inconsidérés ?

    Selon un dossier judiciaire datant de janvier 2020, RMST prévoit d'utiliser un ROV pour entrer dans le Titanic, soit par un puits de lumière existant donnant sur la suite Marconi, soit par un trou creusé dans la coque. Le ROV se dirigerait alors vers la salle silencieuse, où un opérateur manipulerait les bras robotiques du véhicule pour récupérer les composants télégraphiques à l'intérieur de l'épave.

    Les représentants de RMST ont soutenu devant le tribunal que de « nouveaux éléments de preuve » - la prétendue détérioration accélérée de l'épave - étaient suffisants pour demander une modification de l'ordonnance interdisant la coupe de 2000.

    Le dossier stipule également que les cibles principales, dont le générateur électrique, « présentent de sérieux défis pour la remise en fonction ». Trois « cibles secondaires » - des composants plus petits et plus légers du télégraphe Marconi, ont également été identifiés et pourraient être récupérés de la salle silencieuse.

    Mais selon un dossier déposé au tribunal en début de mois, RMST estime que « sur la base des informations connues... il ne tentera pas de récupérer le générateur électrique de la salle silencieuse car il sera trop inaccessible et cela serait trop risqué ».

    Le tribunal qui vient de rendre cette nouvelle décision note que l'ordonnance de 2000 n'est pas annulée, mais plutôt modifiée pour le moment uniquement pour répondre à l'« opportunité » de retirer les artefacts associés au télégraphe Marconi dans l'épave du Titanic. De plus, toute tentative d'entrer dans le Titanic et d'en retirer le télégraphe sera conditionnée à l'approbation par le tribunal d'un plan de financement pour garantir que le RMST dispose non seulement des fonds pour prélever les artefacts, mais aussi pour les conserver et les documenter comme il se doit.

    RMST prévoit de mener une expédition sur le Titanic cet été pour récupérer le télégraphe Marconi.

     

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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