Qui était Hatchepsout ?

En tant que sphinx, Hatchepsout arbore une crinière de lion et une barbe de pharaon.

De Kristin Baird Rattini
Publication 1 janv. 2023, 09:15 CET
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Hatchepsout se déclara pharaon, régnant comme un homme pendant plus de 20 ans et se représentant dans des statues et des peintures avec un corps d'homme et une fausse barbe.

PHOTOGRAPHIE DE Kenneth Garrett, Nat Geo Image Collection

Pendant de nombreuses années, Hatchepsout (v. 1508 - 1458 av. J.-C.) a semblé se contenter du rôle féminin traditionnel de second rôle au sein de la royauté égyptienne. Elle était la fille d'un pharaon (Thoutmosis Ier) et la Grande épouse royale d'un autre (son demi-frère, Thoutmosis II). Quand son mari meurt en 1479 av J.-C et que son fils est nommé héritier, Hatchepsout assume consciencieusement la responsabilité supplémentaire de régente du jeune Thoumosis III.

Au fil des ans, cependant, Hatchepsout se comportera moins comme une superviseuse temporaire que comme la dirigeante légitime de l'Egypte, se qualifiant elle-même de « Dame des deux Terres. » À l'approche de la maturité de Thoutmosis III, qui devait officiellement accéder au trône, elle tenta un audacieux coup de force.

La momie d'Hatchepsout.

PHOTOGRAPHIE DE Kenneth Garrett, Nat Geo Image Collection

Hatchepsout se déclara pharaon, adoptant les emblèmes et les titres associés à ce titre. Elle se fit alors représenter sur des portraits comme un homme, avec un corps masculin et une fausse barbe.  Elle va même revendiquer le dieu Amon comme étant son père et insister sur le fait qu'il voulait qu'elle prenne en charge l'Égypte : « J'ai agi sous son commandement ; c'est lui qui m'a conduite. »

Pour Hatchepsout, affirmer sa priorité sur Thoutmosis III était un geste radical dans la société égyptienne conservatrice. Elle n'y serait pas parvenue sans le soutien des hauts fonctionnaires de la cour - dont Senenmout, superviseur des travaux royaux - qui risquaient de perdre leur pouvoir, voire leur vie, si elle cédait à Thoutmosis III.

Se faire un nom - et le perdre

Hatchepsout ne pouvait pas égaler les conquêtes de son père en menant les troupes au combat, un rôle strictement réservé aux hommes. Au lieu de cela, elle a retiré l'armée de l'équation. Plutôt que d'envoyer des soldats à la guerre, elle les envoya dans ce qui devint sa plus grande fierté : une expédition commerciale vers le légendaire pays de Punt, le long de la côte sud de la mer Rouge, où aucun Égyptien ne s'était rendu depuis 500 ans. Comme le montrent les murs du temple funéraire d'Hatchepsout, l'expédition revint chargée d'or, d'ivoire, d'arbres à myrrhe vivants et d'une ménagerie d'animaux exotiques, dont des singes, des panthères et des girafes. Cette campagne victorieuse fit beaucoup pour sa réputation et sa popularité.

Hatchepsout n'a pas banni Thoutmosis III, qui lui servait techniquement de co-dirigeant, mais elle l'a clairement éclipsé. Son reigne de 21 ans, dont 15 comme monarque principal, fut une période de paix et de prospérité pour l'Egypte. Elle entreprit de grands travaux de construction, dont deux pairs d'obélisques imposants à Karnak et à son temple mortuaire, Djeser-Djeserou. Suite à la mort d'Hatchepsout en 1458 av. J.-C, Thoutmosis III obtint enfin le trône pour lui seul.

Le règne révolutionnaire d'Hatchepsout est resté secret pendant des siècles. Avant sa propre mort, Thoutmosis III s'efforça d'effacer Hatchepsout des archives historiques en défigurant ses monuments et en retirant son nom de la liste des rois. Lorsque les archéologues commencèrent à déchiffrer les hiéroglyphes à Deir el Bahri en 1822, puis découvrirent sa tombe en 1903, l'héritage d'Hatchepsout en tant que puissante femme pharaon d'Égypte fut restauré.

DJESER-DJESERU, DIGNE D'UNE REINE

Le temple funéraire de Deir el Bahri fut construit pour la reine Hatchepsout.

Le vaste temple funéraire d'Hatchepsout était considéré comme l'une des réalisations architecturales les plus impressionnantes du monde antique. Nommé Djeser-Djeseru ("saint des saints"), le complexe de grès en terrasses a été construit dans les falaises de Deir el Bahri à l'ouest de Thèbes.

Des statues d'Osiris, dieu de l'au-delà, ont été sculptées dans des piliers de portique. Des peintures murales représentaient l'entreprise commerciale réussie d'Hatchepsout au pays de Pount. Une statue grandeur nature la montrait dans l'habit traditionnel d'un pharaon, faisant une offrande aux dieux, un rôle habituellement réservé aux hommes.

Après la mort d'Hatchepsout, Thoutmosis III consacra à nouveau le temple et enleva toutes les images d'Hatchepsout et de sa fille, Néferure, des murs. Heureusement pour les archéologues, la rénovation ne fut pas terminée, et une grande partie de la gloire originale du temple reste visible aujourd'hui.

L'AU-DELÀ ÉGYPTIEN

En ce qui concerne l'au-delà, la religion était une affaire personnelle pour les Égyptiens. Au Moyen Empire (1938-1630 avant J.-C.), tous les Égyptiens - et pas seulement le pharaon et sa lignée - étaient considérés comme éligibles à une vie de bonheur après la mort. À la condition que, lors d'un tribunal des morts, ils obtiennent un jugement favorable d'Osiris, dieu des morts et maître des enfers. Les riches Égyptiens dépensaient sans compter en préparatifs funéraires car ils pensaient que cela faciliterait leur passage.

Selon les Égyptiens, à l'arrivée dans le monde souterrain, le cœur du défunt était pesé sur une balance contre une plume d'autruche. Si la balance s'équilibrait, le défunt passait dans les champs des bienheureux. Sinon, il ou elle serait dévoré par le Mangeur de morts.

Ce texte est un extrait du numéro spécial de National Geographic « Les figures les plus influentes de l'histoire ancienne ».
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