Qui était Nelson Mandela ? Aujourd'hui encore, son idéal d’égalité n'est pas atteint

Cet activiste a dédié sa vie à combattre le racisme et la politique ségrégative de l'apartheid. Ancien prisonnier politique le plus connu au monde, il est devenu le premier président noir d’Afrique du Sud.

De Erin Blakemore
Publication 12 août 2025, 11:48 CEST
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L’ancien président d’Afrique du Sud et défenseur des droits civils, Nelson Mandela, a passé sa vie à se battre pour l’égalité, jusqu’à finalement renverser le système raciste d’apartheid d’Afrique du Sud. On célèbre désormais l’œuvre de sa vie le 18 juillet, la journée internationale de Nelson Mandela.

PHOTOGRAPHIE DE Pool-Theana Calitz-Bilt, AP

Nelson Mandela est né le 18 juillet 1918, dans ce qui était alors connu comme l’Union d’Afrique du Sud, une colonie de l’Empire britannique.

La majorité de la population, noire, était dominée par une minorité blanche qui contrôlait le pays, les richesses et le gouvernement. Une structure de discrimination sociale qui serait plus tard inscrite dans le système juridique du pays et appelée apartheid.

Au cours des quatre-vingt-quinze années de sa vie, Mandela a participé à renverser le brutal ordre social de l’Afrique du Sud. Une vie passée à résister, depuis sa cellule de prison jusqu'à la tête du gouvernement de son pays. Nelson Mandela a mené l’Afrique du Sud jusqu’à une ère de réconciliation et au règne de la majorité.

 

LE DÉBUT DE LA VIE DE NELSON MANDELA ET SON ACTIVISME

Mandela commença sa vie sous un autre nom : Rolihlahla Dalibhunga Mandela. Son père était un chef du peuple Thembu, de l’ethnie Xhosa, le deuxième plus grand groupe culturel d’Afrique du Sud.

Après avoir défié un magistrat britannique, le père de Mandela fut privé de son statut de chef, de son titre et de ses terres. Le premier jour qu’il passa dans une école élémentaire, l’identité de Rolihlahla lui fut également volée quand son professeur décida de donner à tous les enfants un nom anglais.

Il s’agissait d’une pratique commune dans une société où les Blancs « étaient soit incapables de prononcer un nom africain ou ne le désiraient pas, et considéraient le fait d’en avoir comme non-civilisé », écrit-il dans son autobiographie Un long chemin vers la liberté.

Si la couleur de peau de Mandela le reléguait au plus bas de l’échelle sociale dans la société ségrégationniste sud-africaine, son sang royal et ses connexions lui ouvrirent les portes de la seule université pour Noirs du pays, l’université de Fort Hare. Là-bas, il devint un activiste et fut expulsé pour avoir protesté contre le manque de pouvoir du conseil représentatif des étudiants de l’université.

Il s’en retourna dans son petit village au Cap, pour découvrir que sa famille lui avait arrangé un mariage pour le punir d’avoir quitté l’université. Il fuit alors vers le Nord, à Soweto, la plus grande ville noire d’Afrique du Sud, en 1941.

 

LES IDÉES DE NELSON MANDELA

À Soweto, Mandela étudia le droit à temps partiel à l’université Wits et commença à exercer le métier d’avocat, établissant le premier cabinet juridique noir du pays. Il rejoignit le Congrès national africain (ANC, African National Congress), un groupe qui luttait pour les droits civiques des Noirs sud-africains.

En 1948, la ségrégation qui sévissait déjà en Afrique du Sud entra dans la constitution lorsque le parti national dirigeant adopta formellement le système de l’apartheid.

Ce système de ségrégation raciale demandait aux Noirs sud-africains d’avoir sur eux à tout moment un passeport intérieur, identification qui leur était nécessaire pour entrer dans des zones faites pour les Blancs. Ils étaient forcés de vivre dans des quartiers où seuls les Noirs pouvaient vivre, et toute relation avec des Blancs étaient interdites. Les personnes noires ne pouvaient plus voter et furent même privées du droit de vote en fin de compte.

Au début, Mandela et ses camarades de l’ANC eurent recours à des tactiques non-violentes comme l'organisation de grèves et de manifestations pour protester contre le gouvernement sud-africain.

En 1952, Mandela participa à l’escalade du conflit en tant que dirigeant de la campagne de désobéissance civile, qui encourageait les participants noirs à activement enfreindre la loi. Plus de 8 000 personnes, dont Mandela, furent emprisonnées pour le non-respect des couvre-feux, le refus d’avoir sur eux leur passeport intérieur et d’autres infractions.

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Des manifestants réunis devant un hôtel de justice à Johannesburg, en Afrique du Sud, au cours des procès pour trahison d’activistes anti-apartheid, parmi eux Nelson Mandela. Les accusés furent déclarés non-coupables mais certains, dont Mandela, furent plus tard condamnés lors d’un autre procès en 1964.

PHOTOGRAPHIE DE AFP via Getty

La campagne de désobéissance civile catapulta les projets de l’ANC, et Mandela, jusque sur la scène publique alors qu’ils continuaient leurs actions de manifestations pour les droits des Noirs. Après avoir purgé sa peine, Mandela continue de mener des manifestations contre le gouvernement et, en 1955, lui et 155 autres sont jugés pour trahison. Il fut acquitté en 1961 et vécut en clandestinité dix-sept mois après le procès.

Au cours du temps, Mandela en vint à penser que la résistance armée était le seul moyen de mettre fin à l’apartheid. En 1962, il quitta brièvement le pays pour suivre un entraînement militaire et rallier du soutien à sa cause, mais il fut arrêté et condamné peu après son retour pour avoir quitté le pays sans permission. Ensuite, en prison, la police découvrit des documents liés à un plan de guérilla pensé par Mandela. Ils le condamnèrent, lui et ses alliés, pour sabotage.

Mandela et les autres condamnés étaient sûrs d’être reconnus coupables et exécutés au cours du procès de Rivonia qui s’ensuivit. Alors, ils transformèrent leur simulacre de procès en un manifeste, affichant au monde leur résistance à l’apartheid et remettant en question le système qui oppressait les Noirs sud-africains. Lorsque vint le tour de Mandela de s’exprimer pour sa défense, son discours dura quatre heures.

« Le manque de dignité humaine que subissent les Africains est la conséquence directe d’une politique de suprématie blanche », déclarait-il. « Notre combat est un combat national. C’est le combat de l’Afrique, inspiré par notre propre souffrance et notre propre expérience. C’est un combat pour le droit de vivre. »

Mandela était dédié à l’idéal d’une société libre, disait-il, et « s’il faut qu’il en soit ainsi, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »

 

L’EMPRISONNEMENT DE MANDELA

Mandela ne fut pas condamné à mort, mais en 1964, il fut condamné à la prison à perpétuité. Il ne lui était permis qu’une seule visite de trente minutes avec une seule personne chaque année, et il pouvait envoyer et recevoir deux lettres par an.

Confiné dans des conditions austères, il travaillait dans une carrière de roche calcaire et, au cours du temps, gagna le respect de ses geôliers et de ses camarades prisonniers. On lui proposa de quitter la prison en échange de l’assurance que l’ANC cesserait toute violence, mais il refusa.

Au cours de ses vingt-sept années d’emprisonnement, Mandela devint le prisonnier politique le plus connu du monde. Ses mots étaient bannis d’Afrique du Sud mais il était déjà l’homme le plus connu dans le pays. Ses soutiens manifestaient pour sa libération et les nouvelles de son emprisonnement galvanisaient les activistes qui luttaient contre l’apartheid à travers le monde.

Dans les années 1960, certains membres des Nations Unies commencèrent à demander que des sanctions soient prises à l’encontre de l’Afrique du Sud, des appels qui ne firent que grandir à mesure que les années passaient. En fin de compte, l’Afrique du Sud devint un paria international.

En 1990, en réponse à la pression internationale et aux menaces de guerre civile, le nouveau président du pays, F.W. de Klerk, promit de mettre fin à l’apartheid et libéra Mandela de prison.

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    Nelson Mandela et sa femme, Winnie, le poing levé à sa libération de la prison Victor Verster, d’Afrique du Sud. Mandela a été emprisonné durant vingt-sept ans à cause de son combat contre l’apartheid. À sa libération, il a négocié une fin aux politiques racistes et a été élu président de l’Afrique du Sud.

    PHOTOGRAPHIE DE Allan Tannenbaum, The LIFE Images Collection, Getty

    L’apartheid ne prit pas immédiatement fin à sa libération. À soixante-et-onze ans, Mandela négocia une nouvelle constitution avec de Klerk qui permettrait à la majorité de diriger. L’apartheid fut révoqué en 1991 et, en 1994, l’ANC, devenu un parti politique, récolta plus de 62 % du vote populaire lors d’élections pacifiques et démocratiques. Mandela, qui partageait alors un Prix Nobel de la Paix avec de Klerk, devint le président d’une nouvelle nation : l’Afrique du Sud.

     

    L’HÉRITAGE POST-APARTHEID DE MANDELA

    Mandela fut président durant cinq ans. Parmi ses accomplissements, on retrouve la Commission de vérité et de réconciliation, mise en place pour documenter les violations aux droits humains et pour aider les victimes et les contrevenants à faire la paix avec leur passé.

    Bien que les résultats fussent contestés, la commission permit de poser les fondations d’une justice restaurative, un procédé centré sur la réparation plutôt que la rétribution, pour une nation encore en voie de guérison de siècles de conflits.

    L’héritage de Mandela n’était pas parfait. Certains analystes le considéraient comme un président très inefficace et critiquaient sa manière de gérer les violences et l’économie lors de son mandat.

    Après la fin de sa présidence, en 1999, Mandela passa le reste de sa vie à tenter de mettre fin à la pauvreté et sensibiliser à la question du VIH et du sida. Il mourut en 2013, alors âgé de quatre-vingt-quinze ans.

    Chaque année, le 18 juillet, est commémorée la journée internationale de Nelson Mandela, une journée instaurée par les Nations unis pour se souvenir de son service et de son sacrifice ; un rappel que le travail de Mandela n’est pas encore terminé. Une opinion que partageait Mandela lui-même.

    « Être libre n’est pas seulement se libérer de ses chaînes, mais vivre de manière à respecter et renforcer la liberté d’autrui (traduction libre) », écrivait-il dans son autobiographie. « Le véritable test de notre dévotion ne fait que commencer (traduction libre). »

    CINQ FAITS SUR NELSON MANDELA

    Nelson Mandela était également connu sous le nom de Madiba, un autre nom pour les membres du peuple Thembu auquel il appartenait. C’était un terme de respect et d’affection pour Mandela.

    Dans les premiers jours du Congrès national africain, il a créé une section appelée la Ligue de jeunesse de l’ANC, afin d’aider les jeunes d’Afrique du Sud à s’impliquer dans la vie civique.

    En 1989, Mandela a été diplômé en droit de l’université d’Afrique du Sud alors qu’il était en prison.

    Mandela est devenu le premier président noir d’Afrique du Sud à l’âge de soixante-dix-sept ans.

    Après avoir refusé un second mandat en tant que Président d’Afrique du Sud, il a fondé la Fondation Nelson Mandela en 1999 pour continuer son combat pour l’égalité dans le monde.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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