Découverte d’un tunnel secret dans la pyramide de Khéops

Des chercheurs viennent de confirmer l’existence d’une cavité de 9 mètres de long dans la pyramide de Khéops. Celle-ci avait été détectée pour la première fois il y a plusieurs années grâce à une technologie de pointe.

De Amy McKeever, Michael Greshko
Publication 7 mars 2023, 14:24 CET
Un homme chevauche un âne dans le désert près des grandes pyramides de Gizeh. La technologie ...

Un homme chevauche un âne dans le désert près des grandes pyramides de Gizeh. La technologie moderne permet aux scientifiques de scanner l'intérieur de ces merveilles et d'y découvrir des cavités cachées.

PHOTOGRAPHIE DE Kenneth Garret, Nat Geo image collections

Cela fait des millénaires que les humains tentent de percer les secrets des pyramides de Gizeh. Érigées il y a environ 4 500 ans, elles abritent des tombeaux et des chambres où reposaient autrefois les restes des premiers pharaons égyptiens.

Elles renferment également des cavités secrètes, comme cela a été démontré en 2016 et 2017 : une équipe de chercheurs du projet ScanPyramids en avait alors identifié plusieurs à l’aide de technologies de pointe. La semaine dernière, les autorités égyptiennes ont apporté des précisions quant à l’une de ces cavités : baptisée le « couloir de la face nord », celle-ci se situe juste au-dessus de l’entrée de la pyramide de Khéops (la « Grande pyramide »), la plus imposante du plateau de Gizeh.

Les scientifiques ont pu confirmer que le couloir mesurait 9 mètres de long et plus de 2 mètres de large grâce à une technologie appelée tomographie muonique. Celle-ci utilise les particules des rayons cosmiques afin de sonder des objets et de construire des modèles en 3D de leurs entrailles.

Ces tunnels n’auraient, selon les archéologues, aucune signification rituelle. Comme l’avaient expliqué Kate Spence à National Geographic en 2017 et Mark Lehner au New York Times, plusieurs études ont suggéré que les Égyptiens construisaient des cavités à l’intérieur des pyramides pour réduire la pression sur la structure et en garantir la solidité.

À l’instar des pyramides elles-mêmes, ces cavités continuent toutefois de nous fasciner et la technologie qui a permis leur découverte ouvre de nouveaux champs des possibles.

 

LA SCIENCE DE LA TOMOGRAPHIE MUONIQUE

Les chercheurs ont eu un meilleur aperçu de l’intérieur de la pyramide grâce à une technique d’imagerie appelée tomographie muonique, qui avait été testée pour la première fois sur le terrain il y a plus de 50 ans, sur le site des pyramides de Gizeh.

Cette technologie utilise les muons, des particules subatomiques très similaires aux électrons, mais qui présentent une masse 200 fois plus grande et une durée de vie de quelques millionièmes de seconde (ce qui ne les empêche pas de tomber continuellement sur nos têtes). Les objets cosmiques de la Voie lactée et d’ailleurs produisent sans cesse des particules à haute énergie qui entrent parfois en collision avec la Terre. Lorsque ces particules, appelées rayons cosmiques, heurtent la haute atmosphère, elles libèrent un spray de particules notamment composé de muons.

Comprendre : l'Ancienne Égypte

Le crachin naturel de muons qui s’abat sur la Terre ne représente aucune menace. Le temps que vous lisiez cette phrase dans son intégralité sur votre téléphone, 10 muons auront traversé son écran sans danger. Ces particules subatomiques disposent également des propriétés idéales pour permettre aux scientifiques de voir à travers les structures, qu’il s’agisse de pyramides, de monastères ou de volcans. En plus d’être suffisamment vigoureuses pour traverser les objets solides, elles sont aussi facilement détectables avec des films d’émulsion ou des détecteurs spéciaux.

Mais surtout, les muons traversent les cavités avec une plus grande facilité que les objets solides. En installant plusieurs détecteurs de muons à des endroits et des angles différents au sein d’une structure, les scientifiques peuvent cartographier ce qui est solide et ce qui correspond à une cavité.

C’est de cette manière qu’ont procédé les chercheurs travaillant sur la pyramide de Khéops, comme cela a été décrit dans une nouvelle étude parue dans la revue Nature Communications. Deux équipes de scientifiques (l’une de l’université de Nagoya au Japon ; l’autre du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives en France) ont installé en 2019 une série de détecteurs de muons dans deux passages connus de la pyramide : son couloir descendant et un passage creusé dans la pyramide au 9e siècle av. J.-C., qui sert désormais d’entrée pour les touristes. Les détecteurs étaient orientés vers le « couloir de la face nord » précédemment découvert.

Après des mois de collecte de données, les chercheurs ont mis en commun leurs différentes mesures de muons afin de déterminer la taille et la localisation exacte de la cavité du couloir de la face nord. Celle-ci mesure environ 9 mètres de long pour un peu plus de 2 mètres de hauteur et de largeur.

Si les dimensions exactes du couloir sont désormais connues, son utilité dans la Grande Pyramide reste un mystère. D'aucuns pensent qu'il s’agit là d’une preuve supplémentaire des prouesses d’ingénierie dont étaient capables les Égyptiens de l’Antiquité.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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