L'Italie confinée en images
Alors que la pandémie fait rage, une journaliste et un photographe nous donnent à voir une Italie à l'arrêt. jeudi 26 mars 2020

Simeone Crispino fait partie d’un duo célèbre : Vedovamazzi. Il s’est imposé une discipline de vie personnelle. Pour lui, pas question d’enfreindre les règles pour sortir. Il passe plutôt son temps à travailler sur des projets artistiques, à cuisiner et à jouer de la guitare. « Un artiste ne doit surtout pas arrêter de travailler », explique-t-il. « C’est le seul moyen pour lui de stimuler sa créativité. »
PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Galimberti, National GeographicDans le quartier où habite Rebecca Casale, la vie nocturne est des plus animées. Les bars locaux sont si bondés que les clients se retrouvent toujours sur les trottoirs. Aujourd’hui, il y règne un calme inquiétant. Lorsque le confinement a été décrété, Rebecca était seule à la maison. Ses colocataires ont donc dû trouver d’autres logements. « La solitude est si pesante », dit-elle. « Le quartier grouille de vie en temps normal. J’ai l’impression que c’est surréel, tout ce silence, tout ce vide. »
PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Galimberti, National GeographicGiovanna Baseggio et Alessandro Treves sont confinés dans le studio de celui-ci, où il y a plus d’espace que dans leurs appartements respectifs. « Il faut voir le bon côté des choses », affirme Treves, photographe. « Qui aurait cru qu’on pouvait mettre le monde en mode pause ? Un virus nous a poussés à tout laisser tomber et à méditer. Le confinement nous donne la possibilité de prendre conscience de ce qui nous entoure. »
PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Galimberti, National GeographicPour occuper ses journées, Greta Tanini suit des cours en ligne et Cristoforo Lippi travaille sur son projet de fin d’études pour obtenir un diplôme d’art. En temps normal, ils vivent séparément mais se sont retrouvés sous le même toit, dans le domicile de Tanini. « Nous préférons être confinés seuls plutôt que de mettre la vie des autres en danger », dit-elle.
PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Galimberti, National GeographicLorsque l’épidémie du coronavirus a débuté, le quartier chinois de Milan a été le premier à être placé en quarantaine. « La vérité est que nous sommes plus proches de la Chine. Nous savions, dès le départ, que le seul moyen de survivre était de rester confinés chez nous », explique JJ Sun, porte-parole d’une association de jeunes entrepreneurs chinois en Italie.
PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Galimberti, National GeographicLes enfants de Michela Croci et Luca Volta ont l’habitude de jouer dehors. Depuis l’annonce de la mise en quarantaine, Agata et Giovanni n’ont à leur disposition qu’une petite cour pour se défouler. Pour maintenir un semblant de routine, les membres de la famille se lèvent tôt et s’organisent pour faire les devoirs et jouer. « Tous les jours, je laisse libre cours à mon imagination », affirme Croci. « On prétend par exemple que la maison est une grande mer à explorer. »
PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Galimberti, National GeographicPaolo et Elisabeth Lombardi – hypochondriaques de leur propre aveu – se sont confinés chez eux avant que la quarantaine soit décrétée. Ils ne quittent leur domicile que pour faire les courses et promener le chien. Elisabeth craint que la pandémie ne dure jusqu’en 2021. Maigre consolation, s’il en est : l’air est plus pur et il y a moins d’embouteillages.
PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Galimberti, National Geographic
Veronica Strazzari ne savait pas ce que c’était de passer une journée entière dans son minuscule studio. Jamais elle ne l’avait encore fait avant la quarantaine. Depuis, elle a instauré une petite routine au quotidien : faire du pilates, lire, tenir un journal. « C’est tout nouveau pour moi, je m’adapte. Ce qui me surprend par-dessus tout, c’est de pas être du tout inquiète », avoue-t-elle.
PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Galimberti, National GeographicDiego est illustrateur et Francesco, designer. (Ils ont tenu à ce que leurs noms de famille ne soient pas mentionnés.) Tous deux travaillent la plupart du temps à domicile mais, même avec ça, le stress est paralysant. Ils vivent dans un « état d’anxiété permanente », souligne Francesco. « Ça nous empêche même de dormir. » Ils ont peur de se retrouver sans travail. « Nous travaillons à notre compte et, plus le temps passe, plus nous nous rendons compte que nous n’aurons bientôt plus rien à faire », ajoute-t-il. « Nous devons nous réinventer au plus vite. Personne ne va le faire pour nous. »
PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Galimberti, National GeographicSadiq Marco Oladipupo est un rappeur de 28 ans, mieux connu sous le nom de Roy. Né à Venise de parents nigérians, il s’est installé à Milan il y a deux ans pour se lancer dans la musique. Seul dans son appartement, il passe ses journées à écrire des chansons. « J’ai peur de ce que l’avenir nous réserve, lorsque le confinement prendra fin », confie-t-il. « Beaucoup de personnes se retrouveront au chômage et la situation sera encore plus difficile. J’espère qu’elles pourront tirer profit de ces moments pour se réinventer. »
PHOTOGRAPHIE DE Gabriele Galimberti, National Geographic