En éternuant, vous pouvez projeter des germes à plus de 8 mètres

La photographie haute vitesse montre qu'un éternuement peut propulser salive et mucus bien au-delà des directives actuelles de distanciation sociale et que de minuscules gouttelettes peuvent rester dans l'air plus longtemps qu'on ne le pensait.

De Sarah Gibbens
Une imagerie vidéo haute vitesse a été colorée pour révéler les deux principaux composants d'un éternuement montre une pluie ...

Une imagerie vidéo haute vitesse a été colorée pour révéler les deux principaux composants d'un éternuement montre une pluie de plus grosses gouttelettes, vertes, dont les trajectoires peuvent s'étendre jusqu'à 2 mètres de la personne qui éternue, et un nuage, rouge, composé d'un mélange de petites gouttelettes en suspension dans un gaz humide et chaud. Les gouttelettes contenant des agents pathogènes peuvent être suspendues dans l'air non seulement quelques secondes, mais quelques minutes, et peuvent voyager jusqu'à 8,20 mètres.

PHOTOGRAPHIE DE Lydia Bourouiba, Mit

Quiconque se retourne, inquiet, au son d'un éternuement ou d'une quinte de toux, trouvera dans l'étude de Lydia Bourouiba peu de réconfort.

Lydia Bourouiba, spécialiste de la dynamique des fluides au MIT, a passé ces dernières années à utiliser des caméras haute vitesse pour révéler comment les expulsions du corps humain participent à la propagation d'agents pathogènes. Ralenties à 2000 images par seconde, des vidéos et des images captées dans son laboratoire montrent qu'une fine brume de mucus et de salive peut sortir de la bouche d'une personne à près de 160 kilomètres par heure et atteindre jusqu'à 8,20 mètres. Lorsque la sternutation est terminée, un nuage turbulent contenant des gouttelettes peut rester en suspension dans l'air pendant plusieurs minutes, selon la taille de la gouttelette.

Images vidéo haute vitesse d'un éternuement enregistrées à 1000 images par seconde, affichées comme suit (en secondes) : a) 0,006, b) 0,029, c) 0,106, d) 0,161, e) 0,222 et f) 0,341 seconde.

Images by Lydia Bourouiba, Mit

Comprendre de manière précise comment ces nuages ​​se déplacent et se dispersent est essentiel pour contenir des maladies respiratoires infectieuses comme le COVID-19. De nombreuses interrogations demeurent sur la façon dont ils se propagent. Les recherches de Lydia Bourouiba suggèrent qu'un transfert aéroporté pourrait être plus probable qu'on ne le pensait.

Les directives du ministère des Solidarités et de la Santé, qui recommandent de rester à au moins 1 mètre les uns des autres, sont probablement insuffisantes car elles ne prennent pas en compte la dynamique des fluides. 

La chercheuse et ses collègues ont documenté une gouttelette d'éternuement parcourant plus de huit fois cette distance. Bien que les éternuements ne soient pas un symptôme courant du COVID-19, une personne asymptomatique souffrant d'allergies saisonnières ou de crises d'éternuements aléatoires pourrait quand même propager le virus.

« Cela a des implications sur le nombre de personnes que vous pouvez placer dans un même espace », dit-elle. « Et sur la façon de gérer le travail d'équipe et les réunions, surtout si le flux d'air n'est pas renouvelé régulièrement. »

 

PETITES ET GRANDES GOUTTELETTES

Lorsqu'un virus qui infecte le système respiratoire quitte le corps humain, il est contenu dans une gouttelette de salive ou de mucus. Pendant des décennies, les scientifiques les ont classées en deux catégories : les grosses gouttelettes - plus grandes que 5 à 10 microns - et les petites gouttelettes, appelées aérosols.

Plus la gouttelette est grosse, plus il est probable qu'elle tombe rapidement au sol ou sur des objets à proximité après expulsion. Si une personne touche ces gouttelettes puis se frotte le visage, elle peut contracter le virus. C'est pourquoi il est important de se laver fréquemment les mains. Les petites gouttelettes sont cependant moins prévisibles. Elles peuvent parcourir de plus grandes distances, mais dans de bonnes conditions, elles s'évaporent rapidement.

L'Organisation mondiale de la santé classe les maladies selon leur propagation par grosses ou petites particules ; pour le moment on tend à croire que le COVID-19 se propage principalement à travers de grosses particules.

Mais les recherches de Lydia Bourouiba suggèrent que cette dichotomie peut être arbitraire. Son étude indique qu'en éternuant, on peut expulser des gouttelettes de différentes tailles à 7 à 8,20 mètres de distance. La durée exacte de leur évaporation dépend de plusieurs facteurs, dont l'humidité et la température ambiantes. Les aérosols sèchent généralement plus rapidement, mais les petites gouttelettes contenant des virus peuvent persister plusieurs minutes, emprisonnées dans le nuage chaud et humide d'un éternuement.

Et les experts ne savent toujours pas exactement quelle quantité de coronavirus est nécessaire pour rendre quelqu'un malade. Des études sur la grippe montrent que toutes les voies de transmission ne sont pas susceptibles de vous rendre malade de la même manière et que les plus grosses gouttelettes transportent de plus grandes doses de virus, ce qui rend l'infection plus probable.

« On ne sait toujours pas si le COVID-19 se propage par les aérosols », explique Ben Cowling, épidémiologiste à l'Université de Hong Kong. Dans une étude publiée plus tôt ce mois-ci dans Nature Medicine, Ben Cowling et son équipe de recherche ont découvert que la grippe pouvait se propager par aérosols, et il émet l'hypothèse que le nouveau coronavirus puisse également se propager dans l'air sur de courtes distances.

« La grippe est similaire à bien des égards », explique Donald Milton, un expert en transmission d'aérosols de l'Université du Maryland. « Nous étudions la grippe depuis cent ans, et il n'y a toujours pas d'accord scientifique sur la façon dont elle se transmet, car c'est difficile à déterminer. »

 

COUVREZ-VOUS LE NEZ ET LA BOUCHE

Une grande partie de ce que nous savons sur la façon dont ce coronavirus se propage dans l'air est basée sur des échantillons prélevés dans les chambres de personnes infectées par le COVID-19. Mais ce type d'études est source d'incertitudes.

« Il est assez difficile de collecter des virus dans l'air, car la collecte de fines particules à travers un filtre a tendance à les assécher », explique Milton. « Tout ce que vous pouvez dire, c'est qu'il y a de l'ARN, mais rien ne dit qu'il est toujours infectieux. »

Les masques peuvent aider à réduire la propagation des gouttelettes, petites comme grosses. Les masques sont d'autant plus efficaces lorsqu'ils sont utilisés par les porteurs du virus, et ils doivent l'être correctement pour protéger les autres. Ceci étant, il n'y a actuellement aucune preuve que le port d'un masque empêche les personnes en bonne santé de contracter des infections respiratoires, selon l'OMS. Cependant, les personnes porteuses du COVID-19 et asymptomatiques pourraient propager la maladie sans le savoir, raison pour laquelle de plus en plus d'autorités de santé publique recommandent l'utilisation générale de masques en tissu dans les lieux publics.

Étant donné ce que la recherche de Lydia Bourouiba montre sur les distances extraordinaires que les gouttelettes respiratoires peuvent parcourir, l'une des choses les plus importantes à faire en cas d'éternuements ou de toux est de bien se couvrir le nez et la bouche.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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