Maladie de Parkinson : un nouveau facteur déclencheur identifié par les chercheurs
Une étude récente lie un pegivirus humain à Parkinson et pousse les scientifiques à examiner les connexions entre les infections virales et les maladies neurodégénératives.

Une image générée par ordinateur d’un pegivirus humain, un virus ARN (acide ribonucléique) que les scientifiques pensent être lié à Parkinson.
Dans le monde, plus de dix millions de personnes vivent avec Parkinson, une maladie neurodégénérative qui s’aggrave au fil du temps et provoque des symptômes tels que des tremblements, des mouvements ralentis, une rigidité des membres et des problèmes d’équilibre. Les scientifiques ignorent à quoi est due la maladie mais on pense qu’elle se développe à cause d’un mélange de facteurs génétiques et environnementaux. Les traitements sont encore limités.
Mais une nouvelle étude rapproche un peu plus les scientifiques de potentielles réponses.
Au cours d’une étude récente parue dans la revue scientifique JCI Insight, des chercheurs ont découvert un virus commun, appelé pegivirus humain (HPgV), dans les cerveaux des patients souffrant de la maladie de Parkinson au moment de mourir. Bien que les infections au HPgV ne causent habituellement pas de symptômes, les chercheurs pensent que le virus pourrait jouer un rôle dans le développement de Parkinson.
« Notre hypothèse est qu’il s’agit d’une infection qui progresse lentement sur le long terme et qui mènerait à ces sortes de maladies », comme Parkinson et d’autres maladies neurodégénératives, explique Barbara Hanson, chercheuse de la faculté Feinberg de médecine de l’université Northwestern, et l’une des autrices de l’étude.

IRM (imagerie à résonnance magnétique) colorisée du cerveau d’un patient de soixante-cinq ans atteint de Parkinson. Une nouvelle étude suggère que les infections virales peuvent jouer un rôle dans le développement de la maladie.
PLUS DE 500 VIRUS PASSÉS AU CRIBLE
Au cours de cette étude, les chercheurs ont dépisté plus de 500 virus retrouvés dans les cerveaux autopsiés de dix patients atteints de Parkinson, et les ont comparés aux cerveaux autopsiés de quatorze patients témoins, qui correspondaient aux mêmes critères d’âge et de genre. Ils ont découvert la présence de HPgV dans les cerveaux de cinq patients atteints de Parkinson, tandis qu’aucun des patients témoins ne présentait ce virus.
Afin d’appuyer leurs découvertes, les chercheurs ont mené des expériences de suivi qui s’intéressent aux échantillons sanguins de patients atteints de différents stades de Parkinson. Ils ont découvert que les personnes souffrant de la maladie et positives au test du HPgV avaient des réponses immunitaires similaires, dont un taux plus faible d’une protéine inflammatoire, IL-4, qui peut à la fois empirer ou supprimer une inflammation suivant la situation.
Ils ont également révélé que la réponse immunitaire à une infection au HPgV des patients qui présentaient une mutation génétique spécifiquement liée à Parkinson était différente par rapport à celle des patients atteints de Parkinson qui n’avaient pas la mutation. « Il s’agissait d’une étude très poussée », déclare Margaret Ferris, neurologue et chercheuse de l’université de Stanford, qui n’a pas pris part à la présente étude. Elle ajoute que cela suggère un mécanisme possible d’une interaction entre génétique et environnement.
LES DIFFICULTÉS D’ÉTUDIER PARKINSON
Bien que la présence de HPgV dans le cerveau des patients atteints de Parkinson puisse suggérer un lien, il est plus complexe de découvrir ce qui se cache derrière cette maladie neurodégénérative.
Parkinson a toujours été une maladie compliquée à étudier, car elle se développe lentement, sur de longues années, et il est ardu d’en poser le diagnostic au cours des premiers stades de développement. « L’étude des maladies neurodégénératives n’est pas simple parce qu’on repère difficilement les personnes qui pourraient les développer sans encore les avoir, afin de les étudier et les observer », explique Margaret Ferris.
Le fait qu’il ne semble pas y avoir un déclencheur unique de Parkinson vient compliquer la tâche. « Déterminer les causes de Parkinson est compliqué parce qu’elles sont multifactorielles », déplore William Ondo, neurologue de l’hôpital Methodist de Houston, spécialisé dans le traitement des patients atteints de troubles moteurs comme Parkinson.
Aujourd’hui, on pense que Parkinson se développe à cause d’un mélange complexe de facteurs génétiques et environnementaux, et que ses déclencheurs varient d’un individu à l’autre. Cela complexifie encore plus l’étude des différentes causes de la maladie, et signifie qu’il n’existe pas de réponse universelle à ce qui la déclenche. Il est probable que plusieurs facteurs déclencheurs soient responsables de l’apparition de Parkinson chez certaines personnes.
« Tout le monde suit son propre chemin » pour développer Parkinson, explique Erin Furr-Stimming, neurologue de la faculté de médecine McGovern de UTHealth Houston, qui n’a pas pris part à la présente étude.
LE LIEN ENTRE INFECTIONS VIRALES ET MALADIES NEURODÉGÉNÉRATIVES
Au cours des dernières années de plus en plus de découvertes ont laissé penser qu’un lien existait entre les infections virales et le développement de maladies neurologiques, comme la sclérose en plaques, Alzheimer ou Parkinson. Cela inclut la récente découverte que le virus d’Epstein-Barr est un déclencheur majeur de la sclérose en plaques, ainsi que celles montrant de nombreuses associations entre infections virales et maladies neurodégénératives. Les symptômes apparentés à Parkinson sont également déclenchés par certaines infections virales, comme le virus du Nil occidental, le virus de l’encéphalite de Saint-Louis et celui de l’encéphalite japonaise.
Comme le remarque Barbara Hanson, les inflammations dans le cerveau ont été liées au développement de maladies neurodégénératives, et les infections virales sont de potentiels déclencheurs de ces inflammations.
« Toute inflammation dans le cerveau peut déclencher des événements en cascade qui mènent à la perte de la fonction homéostatique normale du cerveau », déclare Barbara Hanson. « Il est possible que les infections virales fassent partie de ces déclencheurs qui conduisent à des inflammations dans le cerveau. » Parmi les autres raisons qui pourraient expliquer pourquoi les infections virales peuvent mener à une forme de neurodégénération, on retrouve les dommages directs aux neurones par le virus, ou l’accumulation de protéines anormalement pliées.
Cependant, bien que la présente étude propose des preuves d’un lien suggéré entre le HPgV et le développement de Parkinson, il faudra plus de recherches afin de déterminer si un lien clair peut être établi entre les deux.
« Cette étude ne montre pas une relation de cause à effet. Elle ne fait que suggérer l’existence d’une relation entre le pegivirus et Parkinson », conclut Joseph Jankovic, neurologue et directeur du Centre de recherches sur Parkinson et de la clinique sur les troubles moteurs de la faculté de médecine Baylor. Afin de mieux comprendre cette connexion, explique Joseph Jankovic, « cette étude doit être reproduite sur une autre cohorte de patients ».
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.
