Nouvelles découvertes sur la maladie d’Alzheimer

Une nouvelle étude a récemment démontré comment évoluent les protéines toxiques à l’intérieur d’un cerveau atteint de la maladie d’Alzheimer, ce qui pourrait à terme permettre de repousser l’apparition des premiers symptômes.

De Margot Hinry
Publication 21 nov. 2021, 10:15 CET, Mise à jour 21 nov. 2021, 18:48 CET
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La mère de Walter Blanco, Elena Mejia, 91 ans, pose à côté de la machine à coudre sur laquelle elle travaillait avant de partir aux États-Unis. Elle est revenue au Salvador en 2013 pour être avec son fils après avoir été diagnostiquée de la maladie d'Alzheimer.

PHOTOGRAPHIE DE Cristina Baussan, National Geographic

Des scientifiques de l'Université de Cambridge ont fait de nouvelles découvertes quant à l’apparition de la maladie d'Alzheimer. Contrairement à ce que pensait jusqu'ici la communauté scientifique, la maladie d’Alzheimer n’agirait pas sur le cerveau comme un cancer qui se propage. Il s’agirait plutôt d’agrégats similaires à des graines anormalement accumulées un peu partout dans le cerveau. Quand les premiers symptômes apparaissent, le cerveau serait déjà touché en divers endroits. 

Publiée dans la revue scientifique Sciences Advances, la nouvelle étude porte sur près de 400 échantillons de cerveaux prélevés après la mort de patients atteints de la maladie d’Alzheimer. À cela s’ajoute l’analyse de 100 Tep-Scan de malades et l’utilisation d’un modèle mathématique que les chercheurs ont progressivement mis au point pour comprendre les facteurs de progression de la maladie.

Jusqu’ici, les scientifiques étudiaient la maladie d'Alzheimer sur des souris de laboratoire et les résultats étaient très variables. « C’est l’organe le plus compliqué du corps ! C'est un défi de taille car on ne peut pas étudier la maladie sur un cerveau tant que la personne est vivante. […] On ne peut pas vraiment reproduire un cerveau humain touché depuis des dizaines d’années par la maladie chez un animal de laboratoire » expliquent deux des chercheurs et co-auteurs de l’étude, Timothy Rittman et George Meisl.

Cette maladie neurodégénérative touche 1,2 millions de personnes en France, selon les chiffres de France Alzheimer. Le processus de recherche est complexe puisque la maladie est relativement longue et se développe à différents stades. L'âge médiant de diagnostic est de 65 ans et les malades vivent entre huit et douze ans à partir du moment où le diagnostic est posé. « Parfois, des gens ne survivent que deux ou trois ans, quand d’autre survivent quinze à vingt ans. Parfois, les changements cognitifs se font vraiment très lentement » expliquent les deux scientifiques.

UNE MALADIE DISCRÈTE MAIS INVASIVE

Le cerveau d’une personne malade peut déjà être atteint d’amas toxiques près de dix ans avant l'apparition des premiers symptômes. « On aimerait réussir à contribuer à élargir le temps de maladie, pour que les symptômes se développent moins vite » explique George Meisl, auteur principal de l’étude. « Nous n’avons pas analysé une région individuelle, mais l’ensemble du cerveau. Nous avons tenté de comprendre la manière dont la maladie se répand et dans quelles régions. »

Progressivement, les neurones sont envahis par deux types de lésions à l’origine du dysfonctionnement du cerveau. La protéine Tau s’accumule anormalement et la bêta amyloïde. La seconde protéine provoque l’apparition de plaques dites « séniles ».

« Quand on observe le cerveau d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, il est plus petit que le cerveau d'un sujet en bonne santé ». L’hippocampe, lié à la mémoire à court terme, rétrécit. Les amas toxiques contaminent progressivement les cellules valides, les empêchant de bien fonctionner.

« Nous n’avons jamais vu quelqu’un guérir d’une maladie neurodégénérative. Une fois que les cellules du cerveau sont parties, elles sont mortes et supprimées. Le cerveau ne se rétablit pas, dans ce cas précis » confirment les chercheurs.

Au sein de leur étude, ils ont surtout compris qu’il fallait en moyenne cinq ans aux amas toxiques pour se dédoubler. Ils interprètent ce résultat en déduisant que les neurones combattent les agrégats, ce qui est considéré comme encourageant. « On peut quantifier le processus ! » se réjouit Georg Meisl. « Il s’avère qu’il est beaucoup plus lent que ce que l’on imaginait, c’est différent des cerveaux de souris. Ça nous laisse du temps pour essayer d’enlever les zones toxiques. Cinq ans, c’est une longue période ».

Les chercheurs caressent l'espoir de réussir à repousser l’apparition des symptômes et la dégénérescence. « Une fois que l’on aura tout compris, on pourra essayer de manière plus rationnelle de trouver un traitement contre cette maladie. Pour l’instant, nous ne sommes vraiment qu'au début de la compréhension de ce qu’il se passe [dans un cerveau malade] ».

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