Pour bien vieillir, la pratique d’une activité physique en extérieur est essentielle

Ces activités permettraient d'être plus heureux, en meilleure santé et de vivre plus longtemps. Pourtant, les hommes seraient beaucoup plus nombreux que les femmes à pratiquer une activité physique en plein air à mesure qu'ils vieillissent.

De Caroline Paul
Publication 17 avr. 2024, 15:17 CEST
Pour lutter contre les préjugés liés à l’âge dont elles sont victimes, les femmes devraient pratiquer ...

Pour lutter contre les préjugés liés à l’âge dont elles sont victimes, les femmes devraient pratiquer une activité physique en extérieur, estiment les scientifiques. Et celle-ci n’a pas besoin d’être intense.

PHOTOGRAPHIE DE JAG IMAGES, Getty Images

« Où sont les autres femmes d’âge mûr ? ». Cette question, je me la posais systématiquement dès que je partais surfer, lorsque j’avais 55 ans. Je voyais beaucoup d’hommes de mon âge (et plus âgés) sur les vagues, mais très peu de femmes.

Pour mon dernier livre, intitulé Tough Broad, From Boogie Boarding to Wing Walking, How Outdoor Adventure Improves Our Lives as We Age (Dures à cuire : du bodyboard au wing walking, comment la pratique d’activités en extérieur nous aide à bien vieillir), je suis partie à la rencontre de ces femmes matures discrètes, mais aventureuses. J’ai accompagné une plongeuse de 80 ans dans le Pacifique. J’ai parcouru un parc de banlieue en compagnie d’une routarde de 93 ans. Je me suis adonnée à l’observation ornithologique et j’ai fait du kayak de mer.

Je me suis aussi plongée dans les recherches en cours sur l’âgisme. Grâce à tout cela, je suis parvenue à la conclusion que la meilleure chose à faire pour nous, les femmes, pour être plus heureuse en meilleure santé et profiter davantage de la vie en vieillissant, c’était de pratiquer des activités en extérieur.

Voici les cinq principaux enseignements que j’ai tirés de l’écriture de ce livre.

 

1. L’IMPORTANCE DE L’ÉTAT D’ESPRIT

Le discours autour de l’âgisme et les femmes est malheureusement très toxique. On nous dit que nous déclinons rapidement, et de nombreuses femmes se sentent invisibles. Pourtant, des recherches montrent que le regard que nous portons sur notre propre vieillissement a une influence sur celui-ci.

Si vous redoutez de vieillir, vous avez statistiquement plus de chances de souffrir d’un accident cardiaque ou d’une diminution des facultés cognitives, et cela risque aussi de survenir plus tôt dans votre vie.

Mais rassurez-vous, l’inverse est également vrai : si vous voyez le fait de vieillir comme une opportunité d’explorer le monde et de vivre à 200 à l’heure, vous serez plus heureuse, en meilleure santé et votre espérance de vie augmentera de sept ans. C’est prouvé scientifiquement : une étude réalisée en 2022 auprès de 14 000 adultes de plus de 50 ans a révélé que le risque de mourir d’une cause quelconque était 43 % moins élevé chez les sujets les plus positifs quant au fait de vieillir que ceux qui étaient plus négatifs.

Mais ces études ne nous disent pas comment avoir cet état d’esprit, alors même qu’il existe aujourd’hui un discours très négatif sur les femmes et le vieillissement. Mais, je pense avoir la clé pour y parvenir : pratiquer des activités en extérieur.

 

2. DES ACTIVITÉS EN EXTÉRIEUR POUR SE SENTIR BIEN

J’ai piqué une tête dans l’océan en compagnie des Wave Chasers, un groupe de femmes âgées de 60 et 99 ans, qui font du bodyboard à San Diego. J’ai voulu comprendre pourquoi elles avaient choisi ce sport et ce qu’elles en retiraient.

Loraine Vaught m’a confié que le bodyboard avait changé sa vie. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, elle a pointé du doigt l’océan Pacifique, immense et froid. Il faut du courage pour entrer dans l’eau et affronter les vagues, mais les Wave Chaser s’aidaient les unes les autres et s’amusaient terriblement. Loraine ajouta qu’aucune membre du groupe ne faisait ce que l’on attendait de femmes de leur âge. Elles ne se voyaient absolument pas comme des personnes fragiles, souffrant de troubles cognitifs, ou ennuyeuses !

C’est ainsi que j’ai réalisé qu’en sortant de chez vous pour pratiquer une activité qui vous procure un sentiment d’euphorie et de découverte, et vous donne une certaine vitalité physique, même si c’est quelque chose d’aussi ordinaire que du bodyboard, vous envoyez valser les préjugés sur le vieillissement. Vos croyances et vos attentes (ainsi que celles des autres) sur ce que vous pouvez faire ou non s’en retrouvent chamboulées. Au lieu d’être triste face à l’avenir, vous vous sentez revigorée. J’ai assisté à cette prise de conscience à maintes reprises en écrivant ce livre.

Et je ne le répèterai jamais assez : tout peut être une aventure. Je suis allée observer les oiseaux en compagnie de Virginia Rose, fondatrice d’une organisation à but non lucratif baptisée Birdability, qui organise des sorties ornithologiques entre personnes souffrant d’un handicap. J’ai constaté, à ma grande surprise, que l’observation d’oiseaux cochait toutes les cases d’une aventure. Nous étions à la recherche de volatils. Nous étions impatients de les entendre avant de pouvoir les voir. En apercevoir un nous donnait une montée d’adrénaline. Et il y a aussi la vitalité physique d’être dans la nature : Virginia a roulé et j’ai marché près de dix kilomètres ce jour-là, et nous avons observé 52 espèces pour les sciences citoyennes. Je suis également sortie de ma zone de confort en apprenant de nouvelles choses. Il s’avère que l’aventure n’est pas définie par l’activité en elle-même, mais par la manière dont vous la pratiquez.

 

3. LA NATURE, UN VÉRITABLE REMÈDE

Il est essentiel de passer du temps en extérieur sur le plan biologique, comme en attestent de nombreuses recherches scientifiques. Des études ont ainsi révélé que les arbres émettent des substances chimiques appelées phytoncides, qui sont bénéfiques à notre système immunitaire. Quant au chant des oiseaux, il équilibre nos ondes cérébrales. Il a également été démontré que les fractales, des motifs complexes que l’on trouve dans les nuages, les vagues et sur le littoral, pouvaient aider à nous détendre.

Des chercheurs ont aussi découvert que nous réussissons davantage les tests cognitifs et de mémoire après être sortis marcher. Lorsque vous êtes en extérieur, le traitement des informations par votre cerveau est moins éprouvant que si vous étiez dans un lieu bruyant aux motifs angulaires.

Toutes ces études concluent en général qu’il suffit de passer 15 à 45 minutes dans un environnement naturel quelconque pour en ressentir les bénéfices, et cinq heures par mois pour maintenir ce rétablissement émotionnel et physique. Mais en fin de compte, la règle du « plus, c’est mieux » prévaut. Plus les lieux où vous allez sont sauvages et reculés, mieux c’est également.

 

4. L’ÉMERVEILLEMENT, ESSENTIEL SUR LE PLAN BIOLOGIQUE

Comme je suis pilote, j’ai l’habitude de l’adrénaline. Pourtant, je n’étais pas prête pour les sensations ressenties lors d’une séance de wing walking, pratique qui consiste à se tenir debout sur une aile d’un avion à plus de 900 mètres d’altitude. « Pourquoi vouloir sortir d’un cockpit parfaitement confortable ? » me suis-je dit. J’ai tout de même essayé. Et j’étais folle de joie quand le pilote a commencé à faire des loopings, des tonneaux et des virages décrochés alors que j’étais debout sur l’aile, attachée au mât. C’était l’adrénaline, bien sûr. Mais il y avait aussi autre chose. C’est ainsi que j’ai découvert ce concept de l’émerveillement.

Vous êtes émerveillées en présence de quelque chose de plus grand que vous, de mystérieux. C’est un sentiment qui mêle l’étonnement, la peur et la crainte. Et il est plus important que vous ne le pensez pour vivre en bonne santé. Selon les chercheurs, l’émerveillement agit comme un « bouton de réinitialisation » du cerveau, car il vient bousculer vos schémas neuronaux en vous rendant plus ouvert aux idées nouvelles. Il vous fait aussi penser de manière plus créative.

Il n’est pas nécessaire de faire des acrobaties sur une aile d’avion pour être émerveillé, vous pouvez aussi simplement marcher sur la terre ferme. Une équipe de chercheurs a demandé à un groupe de personnes âgées de participer à une « promenade d’émerveillement » au cours de laquelle ils devaient regarder tout ce qui les entourait avec un émerveillement enfantin. Au bout de huit semaines, les marqueurs inflammatoires étaient nettement moins élevés chez les marcheurs que chez les sujets du groupe de contrôle, signe d’une meilleure santé. Les premiers trouvaient également qu’ils étaient moins anxieux et déprimés.

Et il s’avère que le ciel étoilé, une éclipse, le Grand Canyon ou même une fleur minuscule peuvent susciter chez nous l’émerveillement. En d’autres termes, passer du temps dans la nature permet plus facilement de cultiver ce sentiment et donc d’améliorer notre bien-être.

 

5. L’APPRENTISSAGE DE NOUVELLES CHOSES

On entend souvent dire, de la part de personnes qui essayent de nouvelles choses, qu’il est impossible d’apprendre avec l’âge. Elles déclarent alors qu’elles sont « trop vieilles pour faire ça ». Mais notre cerveau affiche une certaine « plasticité », comme l’appellent les scientifiques, même avec l’âge. Les cellules de notre cerveau se renouvellent sans cesse, et lorsque nos capacités cognitives commencent à faiblir, nous établissons d’autres voies neuronales pour faire face au problème qui se présente. C'est pour cela qu’un cerveau âgé est souvent plus innovant qu'un cerveau jeune : il trouve des moyens plus créatifs de contourner ses propres problèmes. Apprendre de nouvelles choses n'est pas seulement possible, c'est essentiel pour garder votre cerveau en bonne santé et actif.

Cela dit, j’étais sûre que j’aurais dû mal à apprendre quelque chose de nouveau lorsque j'ai décidé de suivre des cours de pilotage d’autogire dans le cadre de mes recherches pour mon livre Tough Broad. À ma grande surprise, j'étais une bien meilleure élève qu'auparavant ! Je n'apprenais pas plus vite, mais mieux, car je ne ressentais pas l’angoisse de la jeunesse ni le besoin de me prouver quelque chose. J'étais plus concentrée et je posais des questions sans avoir à craindre de passer pour une idiote.

J'ai également interviewé Vijaya Srivastava, qui a appris à nager à 68 ans. Je lui ai demandé si son âge avait été un obstacle à son apprentissage de la natation. Au contraire, m’a-t-elle dit, cela l'avait aidé, pour deux raisons : la première, c’est qu’elle ne se souciait plus de son apparence en maillot de bain ; la seconde, c’est qu’il y avait urgence à apprendre si tard dans la vie. Elle savait qu'elle n'aurait pas d'autre chance. J’ai été frappée par son état d’esprit, lorsqu’elle a déclaré : « Si j'ai pu apprendre à nager à 68 ans, qu'est-ce que je peux faire d'autre ? ». Son apprentissage de la natation lui a ouvert le champ des possibles. Et il pourrait en être de même pour vous.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

les plus populaires

    voir plus

    les plus populaires

      voir plus
      loading

      Découvrez National Geographic

      • Animaux
      • Environnement
      • Histoire
      • Sciences
      • Voyage® & Adventure
      • Photographie
      • Espace
      • Vidéos

      À propos de National Geographic

      S'Abonner

      • Magazines
      • Livres
      • Disney+

      Nous suivre

      Copyright © 1996-2015 National Geographic Society. Copyright © 2015-2024 National Geographic Partners, LLC. Tous droits réservés.