Égypte : ces oasis reculées sont les secrets gardés du désert

La plupart des visiteurs ne s’aventurent jamais vers les chefs d’œuvre de la nature en dehors des sites touristiques. Découvrez des oasis, entre sources chaudes et volcans éteints de la vallée des Baleines.

De Miranda Mullings
Publication 28 mai 2025, 18:36 CEST
L’oasis de Siwa, à 12 heures de route du Caire, vaut le détour pour barboter dans des ...

L’oasis de Siwa, à 12 heures de route du Caire, vaut le détour pour barboter dans des centaines de lacs salins et de sources chaudes naturelles.

PHOTOGRAPHIE DE Oleh_Slobodeniuk, Getty Images

L’Égypte est connue du monde entier pour les pyramides de Gizeh et Le Caire cosmopolite, les temples bondés de touristes de la vallée de Louxor et les villes hôtelières de la mer Rouge. Ces destinations côtières et la vallée du Nil ne sont qu’un aperçu de ce pays recouvert à 90 % par le désert.

Les voyageurs qui s’aventurent dans ces 90 % ne sont pas légions. La partie du Sahara qui s’étend à l’Ouest du Nil, traverse la Lybie et continue par-delà ses frontières reste le plus grand mystère de l’Égypte. Depuis le temps d’Alexandre le Grand, de nombreux aventuriers en ont bravé les cieux menaçants. Leur récompense a été de découvrir la nature brute et la culture unique des oasis égyptiennes. Ces oasis sont si isolées qu’elles ont obtenu cette réputation d’être les gemmes du désert, encore sauvages bien qu’elles ne soient plus secrètes.

Les oasis d’Égypte renferment l’histoire de l’humanité et de la nature, une histoire qui s’étend sur des millions d’années et qui remonte au temps où les baleines avaient encore des pattes pour arpenter l’Empire romain. Des momies dorées habitent l’oasis de Bahariya. À Kharga, on retrouve d’antiques tombeaux vandalisés par des graffitis tout aussi vieux. Il faut se rendre à l’oasis de Siwa pour admirer les merveilles de la nature comme les lacs salés dans des formations aux allures de géodes, à l’oasis de Dakhla pour profiter des sources chaudes. Des paysages qui ne sont pas de notre monde, faits de volcans éteints et de cheminées de fées en grès, se trouvent aux alentours de Bahariya et de Farafra.

 

L’OASIS DE FAYOUM

L’oasis de Fayoum n’a rien perdu de son caractère brut, bien qu’elle ne se trouve qu’à une heure du Caire. Son nom peut sembler familier, c’est grâce aux portraits du Fayoum, des portraits funéraires remontant à l’époque romaine de l’Égypte, que l’on retrouve au Louvre et au British Museum. Il n’y en a plus que deux qui demeurent dans le lieu où ils ont été peints, conservés au musée Kom Aushim, le premier arrêt de l’oasis en venant du Caire.

Mais c’est pour ses phénomènes naturels que l’oasis mérite d’être connue. Fayoum abrite le lac préhistorique de Qarun, dont les eaux salines sont des aimants à oiseaux qui n’apprécient guère le froid, comme les flamants roses. Le Lac magique, de son nom tout officieux, est un secret si bien gardé qu’il échappe à Google Maps et attire les personnes qui cherchent à nager ou à prendre de jolies photos. Ses eaux reflètent le ciel, un miroir sublime de la voie Lactée. Le lac fait partie de l’attraction la plus populaire de l’oasis de Fayoum, le Wadi al-Hitan, site inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO, le plus grand cimetière de baleines au monde, qui a plus de 40 millions d’années.

 

L’OASIS DE SIWA

Avant la fin des années 1980, on ne pouvait accéder à cette oasis qu’à dos de chameau. Elle est aujourd’hui à 12 heures de route en voiture du Caire. Ce n’est toutefois pas son éloignement qui dissuade les foules de se rendre vers cette oasis auréolée de mystère, située à seulement 50 kilomètres de la Lybie.

Pendant l’Antiquité, l’oasis de Siwa était un site de pèlerinage pour ceux qui cherchaient à entendre les prophéties de l’oracle d’Amun. Les ruines du temple, bâti au sommet d’une colline, comptent parmi les sites historiques de Siwa. La forteresse médiévale de Shali, aux murs de terre, toise la ville et des centaines de tombeaux creusent les flancs de la montagne des Morts, Gebel al-Mawta.

C’est cependant de plonger dans les eaux des lacs salés de l’oasis de Siwa qui surpasse toutes ces merveilles. Ils ressemblent à des géodes liquéfiées et leurs eaux bleu électrique sont bordées de cristaux. Il est possible de nager et de flotter dans des centaines de lacs, certains sont immenses et d’autres ont à peine la place d’accueillir une personne.

 

L’OASIS DE BAHARIYA

Elle est la plus connue des cinq oasis de cette partie du Sahara, parce qu’elle est la plus facile d’accès depuis Le Caire, mais aussi parce qu’elle abrite des reliques fascinantes, des centaines de sources chaudes et qu’on peut y faire du hors-piste entre les volcans.

On dit qu’Alexandre le Grand a commémoré sa visite à l’oracle d’Amun à Siwa en bâtissant son propre temple à Bahariya. Il n’en demeure aujourd’hui que des ruines que l’on peut visiter mais le site funéraire de la vallée des momies dorées est plus impressionnant. Des centaines de momies recouvertes d’or y ont été découvertes et il en reste encore de nombreuses qui gisent sous terre. Certaines sont exposées dans le petit musée que l’on trouve sur place.

Il ne faut pas passer à côté du Désert Noir de Bahariya, un paysage extraterrestre d’anciens volcans aujourd’hui éteints. Des kilomètres de montagnes de sable saupoudrées de roches volcaniques noires, un panorama captivant qui n’est pas sans rappeler une apocalypse. L’expérience signature de Bahariya consiste en une balade en 4x4 dans le Désert Noir. On peut ensuite profiter des sources chaudes et froides naturelles de l’oasis et des puits de l’époque romaine pour se décrasser après une exploration du désert.

 

L’OASIS DE KHARGA

L’oasis de Kharga, c’était un peu comme une enclave italienne au temps de l’ancienne Égypte. Les Romains l’ont conquise car elle constituait un point stratégique sur une route commerciale. Kharga fait, aujourd’hui encore, honneur à l’Empire. Il ne faut pas manquer de visiter la forteresse d’El Deir, une structure imposante qui se dresse parmi les dunes dorées, presque intacte. De nombreux graffitis ornent à présent ses murs, témoignages du passage des voyageurs qui empruntent la route depuis le 3e siècle apr. J.-C., des marchands turques aux soldats britanniques de la Première guerre mondiale.

D’autres graffitis, de l’époque préhistorique jusqu’au Moyen-âge, peuvent également être observés à Gebel al-Teir, une montagne qui se dresse à la pointe nord de l’oasis. On y retrouve des pétroglyphes aux côtés de l’écriture copte des Chrétiens d’Égypte. On retrouve des monuments chrétiens dans l’oasis, au sein de la nécropole d’El Bagawat. Dans ce cimetière chrétien, des scènes colorées de la Bible, souvent recouvertes de graffitis grecs, ornent les murs des centaines de tombes aux murs de terre qui ressemblent à s’y méprendre à des grottes. Il s’agit de l’un des cimetières chrétiens parmi les plus vieux et les mieux conservés au monde.

 

L’OASIS DE DAKHLA

En arabe, Dakhla signifie « à l’intérieur ». C’est une destination encore moins connue du public que sa voisine, Kharga.

À l’instar de Kharga, l’âge d’or de Dakhla était durant l’époque Gréco-romaine. Ironiquement, le monument romaine le mieux conservé de l’oasis est le temple païen de Deir el-Hagar, qui ressemble au temple de Karnak à Louxor. Dorénavant, l’autre vestige romaine à ne pas rater se trouve sous terre. Il s’agit d’un campement romain qui a formé la base de ce qui est le village d’Al Qasr. Il n’en demeure aujourd’hui qu’un labyrinthe de bâtiments aux murs de terre et d’allées étroites.

Kharga abrite plus de ruines, pour les amateurs d’archéologie mais Dakhma a d’innombrables sources chaudes où se prélasser. Plus de 600 d’entre elles sont alimentées par un aquifère qui se trouve à des milliers de mètre sous la surface. On peut s’immerger dans ses eaux riches en minéraux tout en profitant d’une vue sur les falaises de grès rose qui déchirent l’horizon.

 

L’OASIS DE FARAFRA

On dit qu’il s’agit de l’oasis la plus isolée d’Égypte. Farafra est le point d’entrée de l’énigmatique Désert Blanc, qui ressemble à la surface d’une lune d’un autre univers. Dans certaines zones, le sable blanc scintillant peut aisément être pris pour une couche de neige. Dans d’autres, il ressemble à des meringues ornant le plus gros gâteau de la Terre. Et toutefois, d’autres parties de ce désert sont des champs de cheminées de fées en grès qui, branlantes, toise les 4x4 comme autant de champignons géants.

Pour les aventuriers qui n’ont pas froid aux yeux et peuvent tolérer la brutalité et l’aspérité du terrain, il ne faut pas manquer de s’aventurer plus avant dans le désert pour observer les restes du Néolithique qui attire les anthropologues du monde entier. À près de 50 kilomètres de l’oasis se trouvent les vestiges d’un village préhistoriques, dont les fondations de huttes sont encore debout. Tout proche on retrouve des peintures rupestres, dont des empreintes de mains, qui sont plus vieilles que les pyramides elles-mêmes, et qui ornent les murs des grottes.

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    Comprendre : l'Ancienne Égypte

    Miranda Mullings est américaine, elle habite à Rome, en Italie, et s’intéresse aux voyages et à la culture.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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