New York : à la découverte de la gastronomie du Queens

En tant que plus grand arrondissement de New York, le Queens donne aux visiteurs l’impression d’avoir visité la moitié de la planète en l’espace d’une journée.

De David Farley
Publication 21 nov. 2023, 10:32 CET
QueensWalk

Les rues bordées de chariots de nourriture mexicains et équatoriens et d’échoppes coréennes plongent le visiteur dans le melting-pot qu’est le quartier de Jackson Heights, dans le Queens.

PHOTOGRAPHIE DE Jeffrey Greenberg, Alamy

Le plus célèbre des cinq arrondissements de New York est Manhattan. Le plus branché est Brooklyn. Il y a l’oublié (Staten Island) et celui que les touristes ne visitent que pour assister à un match des Yankees (le Bronx). Enfin, il y a le plus intéressant : le Queens, un arrondissement de plus de deux millions d’habitants qui compte parmi l’un des bouts de terre les plus diversifiés d’Amérique du Nord sur le plan ethnique.

Cette diversité se reflète dans la nourriture. Dans le Queens, les restaurants vous ramènent à cet incroyable repas que vous aviez dégusté dans un village thaïlandais, aux tacos que vous aviez avalés à Oaxaca ou au ragoût de kimchi incendiaire que vous aviez englouti à Séoul. Personnellement, j'ai préféré cette fois-ci aller boire une bière pression tchèque au Bohemian Hall & Beer Garden, dans le quartier d’Astoria. Je m’y rends environ deux fois par an pour replonger à l’époque où je vivais à Prague.

Le Queens comptait autrefois des centaines de bars en plein air et de brasseries, reflets de l’immigration européenne du 19e siècle. Mais le sentiment anti-allemand consécutif de la Première Guerre mondiale puis la prohibition ont provoqué la fermeture de la plupart d’entre eux. Le Bohemian Hall, ouvert en 1910, a lui survécu, peut-être en raison de ses origines tchèques. Lors de ma visite, j’ai pu siroter une pinte de Budvar (la Budweiser originale) tout en écoutant la performance live d’un groupe qui reprenait des chansons de Prince et de Fleetwood Mac. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres des singularités ethniques du quartier.

S’il reste encore des vestiges d’une immigration d’Europe centrale et orientale, ils ont été largement éclipsés par les arrivées, au cours du dernier quart de siècle, de migrants du reste du monde. C’est un quartier où l’on parle des centaines de langues et où les distributeurs automatiques de billets peuvent être logiquement paramétrés en de nombreuses langues différentes.

Après ma bière, j’enfourche un Citi Bike (le service new-yorkais de partage de vélos) et je me lance dans une agréable balade à travers le quartier verdoyant de Sunnyside Gardens (où vit une communauté roumaine et moldave), le quartier autrefois irlandais de Woodside, puis Elmhurst. Je me rends à Zaab Zaab, un restaurant thaïlandais situé au cœur de la « petite Thaïlande » d’Elmhurst. J’y rencontre Joe DiStefano, auteur du guide 111 Places in Queens That You Must Not Miss et organisateur de visites guidées axées sur la gastronomie dans l’arrondissement. Devant une table recouverte de plats thaïlandais, dont un poisson entier rôti, une salade de papaye au crabe noir super épicée et un larb de canard encore plus épicé, Joe m'explique pourquoi il apprécie tant cet arrondissement : « Il a aidé les New-Yorkais à s’ouvrir à de nouvelles expériences culinaires et à tester de nouvelles choses. En Amérique du Nord, rien n’est comparable à la richesse et à la diversité du Queens ».

Après le déjeuner, nous partons en direction de Woodside Avenue pour nous rendre à l’épicerie thaïlandaise P'Noi Thai, un petit magasin situé au cœur de la « Petite Thaïlande ». Ses étagères regorgent de pâte de curry, de lait de coco et de nouilles de riz. Ratri Sil Ratdochot, une employée de 65 ans, se réjouit de voir Joe entrer. « Joe ! J’ai gardé du durian frais pour toi », dit-elle en tendant le fruit nauséabond typique d’Asie du Sud-Est.

Je leur fais mes adieux et me dirige vers Jackson Heights. Au cours des 15 minutes de marche qu’il me faut pour m’y rendre, les panneaux en alphabet thaïlandais laissent peu à peu place à des panneaux en tibétain et en népalais. À la frontière d’Elmhurst et de Jackson Heights, je tombe sur un bâtiment semblable à une église, avec une haute nef et des drapeaux de prière bouddhistes colorés. Un panneau indique qu’il s’agit de la United Sherpa Association. À l’intérieur, dans une pièce à l'impressionnante hauteur sous plafond, un Népalais (son sac des New York Yankees à côté de lui) se prosterne devant un autel imposant, sur lequel un grand bouddha est assis en position du lotus à côté d’une photo du Dalaï Lama. Ang Sherpa, un moine vêtu d’un habit traditionnel marron et safrané, s’occupe du centre. « J’adore cette partie du Queens », me raconte-t-il. « Nous n’avons pas besoin d’aller loin pour fréquenter des restaurants traditionnels népalais et tibétains, et il y a souvent des festivals culturels himalayens organisés ici. »

Au-dessus de Roosevelt Avenue, la ligne 7 du métro, également connue sous le nom d’« International Express », gronde en traversant les quartiers les plus divers du Queens.

PHOTOGRAPHIE DE Jeffrey Greenberg, Alamy

En quittant le centre, je passe sous la ligne surélevée du métro 7, surnommée « l’international Express » parce qu’elle traverse les quartiers les plus divers du Queens. Les trains grondent au-dessus de Roosevelt Avenue, où l’odeur de la viande cuite se mêle au doux parfum des poivrons. Me voilà dans une rue bordée de bars et de charrettes mexicaines et équatoriennes, et donc dans le quartier de Jackson Heights.

Grec jusqu’en 1982, le Jackson Diner de la 74e rue est aujourd’hui l’un des restaurants indiens les plus réputés de New York. « Nous nous trouvons au cœur d’un véritable melting pot américain », explique le propriétaire Manjit Singh. « Lorsque les Indiens se sont installés à Jackson Heights, ils rentraient en Inde par avion, emportant dans leurs bagages des appareils électroniques et autres. Aujourd’hui, c’est l’inverse : les Indiens vont en Inde pour ramener des choses qu’ils ne peuvent pas trouver ici, comme de vraies robes de mariée. »

Le long de la rue, on trouve des boutiques de saris, des restaurants népalais et Al Naimat, une confiserie pakistanaise où une multitude de bonbons en forme de boule à base de sucre, de lait et de noix reposent sur des comptoirs en verre. Sur la 37e avenue se trouve la pharmacie Apna Express, où les fleurs en plastique, les horloges murales et les lampes règnent en maître. « J’ai visité d’autres communautés indiennes, népalaises et bangladaises dans tous les États-Unis », explique Saleem Jahangir, le propriétaire. « Mais Jackson Heights est un phénomène culturel unique, car contrairement à d’autres régions du pays, on ne ressent pas ici la pression de devoir s’intégrer. Ici, vous pouvez révéler ou afficher votre propre culture en toute sérénité. Vous pouvez être qui vous êtes, et cela ne posera jamais de problème. C’est ce que j’adore dans le Queens. »

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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