On a testé pour vous : une semaine sans sacs et emballages plastiques

Supprimer totalement le plastique de notre quotidien est quasi-impossible. Réduire notre consommation, à notre rythme et à notre manière, est sans doute plus réaliste. Nous en avons fait l'expérience pour vous.

De Margot Hinry
Publication 3 juil. 2022, 07:30 CEST
Un réfrigérateur qui déborde de barquettes de restes à emporter (à gauche) rend difficile le suivi ...
Un réfrigérateur qui déborde de barquettes de restes à emporter (à gauche) rend difficile le suivi des aliments avant qu’ils ne deviennent impropres à la consommation. Utiliser des légumes locaux (à droite) alors qu’ils sont encore frais requiert une planification rigoureuse des repas et un stockage approprié.
Photo de Mark Menjivar

Acheter moins de plastiques est un véritable défi lorsque l’on sait qu’à ce jour, les Français en consomment en moyenne 70 kilos par an. En 2020, 4,5 millions de tonnes de déchets plastiques ont été produits sur le sol français. À l’échelle mondiale, on parle de 367 millions de tonnes par an, selon les données de PlasticsEurope.

Consciente de l'urgence climatique, ces chiffres me donnent envie de prendre en main ma consommation, à commencer par la manière dont je fais mes courses hebdomadaires. En tant que jeune active de 24 ans, vivant en couple sans enfant, mon rythme de vie me permet, si j’en fais l’effort, de minimiser ma consommation de plastiques à usage unique.

J’essaye de réduire mon alimentation carnée, de consommer des produits locaux, je trie mes mails et mes déchets, j’essaye d’acheter des produits cosmétiques solides et j’ai récemment interpellé ma banque pour opter pour une épargne plus durable. J’utilise majoritairement les transports en commun, j’ai limité très fortement ma consommation de fast fashion pour favoriser la seconde main et je n’achète plus de bouteilles d’eau en plastique depuis près de trois ans. Les efforts à fournir sont encore considérables pour limiter mon empreinte écologique et réduire mes déchets, mais je garde en tête qu’il s’agit d’un travail constant et que chaque petit geste compte.

Bien que ma conscience écologique n’ait jamais été aussi éveillée que ces dernières années, je pense malgré tout faire partie de la majeure partie des Français qui surconsomment les emballages plastiques, notamment par habitude, par soucis d'économies et de praticité.

Chaque jour, les déchets plastiques s’accumulent dans ma poubelle. Pour comprendre à quel point je suis dépendante de ces emballages, je me suis lancé le défi de vivre sept jours sans acheter un seul emballage plastique.

Le plastique est pratique et produit à moindre coût, mais sa surproduction entraîne des dégâts sans précédent pour notre planète. En 2018, la Commission européenne précisait que « les dix produits en plastique à usage unique les plus présents sur les plages et dans les mers européennes » représentaient 70 % des déchets marins.

Les scientifiques et experts alertent depuis de longues années sur la frénésie du plastique à l'échelle mondiale qui détruit notamment la biodiversité marine et a déjà des effets sur notre santé. Les microparticules de plastiques sont, en fin de chaîne, ingérées par les poissons et les crustacés, mais aussi inhalées (ou avalées) par les humains.

De nombreux chercheurs travaillent activement sur la question de la nocivité de ces microplastiques polluants sur l’organisme. Les preuves de toxicité ne sont pas encore unanimes, mais la prudence serait de mise selon les experts. « Les plastiques sont-ils simplement présents et inertes, ou vont-ils entraîner une réponse immunitaire de l’organisme qui conduira à des cicatrices, à une fibrose ou à un cancer ? Nous savons que ces microplastiques sont partout. Nous ne savons pas si leur présence dans l’organisme engendre des problèmes. […] En attendant, pouvons-nous faire en sorte que les plastiques soient moins dangereux ? » interroge Albert Rizzo, médecin en chef de l’American Lung Association.

38 millions de déchets plastiques recouvrent cette île déserte

 

UNE SEMAINE SANS PLASTIQUE, ÇA DONNE QUOI ?

Après une petite semaine de test, je suis arrivée à la conclusion que l’ennemi du zéro plastique, c’est le manque d’organisation. La spontanéité d’un pique-nique improvisé entre amis fut ma seule grosse entrave à ce défi, le troisième jour. Je n’en ai pas acheté, mais j’ai consommé des produits emballés entièrement avec du plastique à usage unique. J’ai acheté des fraises du marché dans une barquette en carton et un melon que j’ai transporté directement dans mon sac en tissu. Les alternatives aux paquets de chips, mini-carottes, houmous et autre tzatzíki ne sont malheureusement pas facilement achetables à l'improviste.

Acheter autrement et mieux ne prend pas nécessairement beaucoup plus de temps, mais cela exige un effort supplémentaire, une adaptation et surtout une bonne organisation de ses repas.

Au quotidien, j’ai l’habitude de faire mon plein de courses dans des supermarchés à petits prix. J’achète ma viande, mon poisson, mes produits secs et mes fruits et légumes dans le même magasin, en une seule fois. Cela convient à mon rythme de vie et me permet de ne pas perdre trop de temps.

Pour cet exercice, j’ai opté pour la chaîne de magasins Naturalia, qui propose du vrac, comme le font de nombreuses autres chaînes comme La Vie Claire ou Biocoop par exemple. Je m’étais munie de nombreux sacs réutilisables en tissu et de quelques sachets en papier ou carton que j’avais gardés. L’achat des fruits et légumes sans emballage plastique était très facile et même plutôt agréable. Pour les produits secs, il m’a fallu prendre le temps de peser mes quantités et de comparer les prix à des sachets traditionnels. Céréales, cookies, pâtes, riz, j’ai aisément pu acheter ces produits sans utiliser le moindre sachet plastique.

J’ai acheté ma viande dans la boucherie de mon quartier, en précisant que je ne souhaitais pas de sachets plastiques autour des emballages papier. Pour ce qui est du fromage, il m’a suffi de préciser la même chose au fromager. Je me suis de nouveau dirigée vers un grand supermarché pour acheter les produits manquants qui étaient sur ma liste. Yaourts, ratatouille, épinards, haricots rouges, le tout dans des pots en verres et les autres produits dans des emballages cartonnés. Les alternatives au plastique sont nombreuses, je n'y faisais simplement pas attention. Mais même avec les meilleures intentions, le bouchon des bouteilles en carton reste en plastique.

Financièrement, je n’ai pas remarqué de grande différence de prix. J’ai dépensé une cinquantaine d’euros de courses pour deux, pour une petite semaine. À noter que ces courses comprenaient environ deux à trois repas avec de la viande.

La limite de cette expérience sans plastique s’avère être celle des produits d’hygiène et ménagers. Je n’ai pas trouvé d’alternatives aux emballages plastiques autour du papier toilette, par exemple. Pourtant, il m’a suffi d’une recherche sur Internet pour découvrir le monde de la lessive solide ou faite maison, tout comme le liquide vaisselle, le gel douche, le dentifrice, le déodorant et même le maquillage sans emballage.

Les alternatives existent et continuent de se créer petit à petit. Des magasins spécialisés proposent de nombreux produits avec toutes les gammes de prix et la possibilité de se faire livrer.

Cette semaine sans plastique m’a permis de réaliser à quel point mes achats habituels en étaient couverts. À la fin de la semaine de test, ma poubelle ne débordait pas et mes placards me semblaient moins encombrés. À l’avenir, je vais me munir de pots pour transvaser le vrac et prendre le temps d’aller au marché plus régulièrement.

Réduire sa consommation de plastique est essentiel, mais il n’est pas réaliste de dire que l’on peut appliquer drastiquement ce nouveau mode de consommation du jour au lendemain. Le rythme de vie, l’âge, l’aspect économique et le nombre de personnes dans un foyer peuvent faire varier les critères et les habitudes de consommation. Une jeune personne d’une vingtaine d’année vivant seule, comparée à une famille avec un nouveau-né, n’aura pas les mêmes besoins et donc, pas la même consommation de plastiques. Difficile avec un enfant en bas-âge de limiter la consommation d'eau minérale en bouteilles, ou même de couches, les couches lavables pouvant ne pas être compatibles avec tous les modes de garde (ou s'avérer très contraignantes avec plusieurs enfants en bas-âge).

Faire cette expérience permet de découvrir d’autres pratiques de consommation. L’idée n’étant pas de se culpabiliser ou de se priver, mais plutôt de consommer plus raisonnablement en prenant le temps de se questionner sur l’intérêt des emballages en plastique à usage unique.

Ce dimanche 3 juillet se tient la journée mondiale sans sacs plastiques, c’est l’occasion ou jamais pour vous aussi de relever le défi !  

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