Moins de plastique au quotidien : chaque petit geste compte

Pour beaucoup de personnes, essayer d’éviter le plastique peut représenter une tâche écrasante, voire inutile. Voici comment s’y prendre pour vivre dans un monde saturé de plastique.

De Olivia Ferrari
Publication 24 nov. 2025, 16:20 CET
Bien que les recherches sur les effets du plastique sur la santé soient encore en cours, ...

Bien que les recherches sur les effets du plastique sur la santé soient encore en cours, de nombreux experts évitent de passer de la nourriture conditionnée dans des contenants en plastique au micro-ondes, car la chaleur brise les liens assurant la cohésion des molécules de plastique.

PHOTOGRAPHIE DE Rebecca Hale, National Geographic

Il y a du plastique dans l’air, dans la nourriture et dans l’eau. On estime à 11 millions le nombre de tonnes de plastique qui terminent chaque année dans les océans, une quantité qui devrait tripler d’ici à 2040. Parallèlement, les scientifiques découvrent des microplastiques dans notre cerveau, dans nos poumons, dans notre tube digestif et même dans le placenta. Mais ce que ceux-ci font exactement à notre organisme demeure très incertain, et c’est préoccupant. Les premières recherches sur le sujet suggèrent que leur présence pourrait être corrélée à un plus grand risque de crise cardiaque et d’AVC, de maladie inflammatoire de l’intestin et de troubles respiratoires, bien que de plus amples recherches soient nécessaires pour prouver que le plastique provoque ou aggrave ces pathologies.

Étant donnée cette incertitude, il est difficile d’obtenir des réponses tranchées concernant la nécessité ou non d’éviter le plastique. Un consommateur inquiet doit-il viser un mode de vie strictement sans plastique ? Ou ne rien faire le temps que la science apporte des réponses ?

Pour savoir à quoi pourrait ressembler une approche raisonnable vis-à-vis du plastique, nous avons demandé à des spécialistes ce qu’ils font au quotidien. Britta Baechler, directrice de la recherche sur le plastique dans les océans à l’Ocean Conservancy, et Douglas Walker, chercheur sur les microplastiques et en santé publique à l’Université Emory, étudient les effets environnementaux et sanitaires de tout ce plastique dans nos vies. Ici, ils expliquent comment ils évoluent dans notre monde saturé de plastique.

 

Pourquoi est-il judicieux d’examiner sérieusement sa consommation personnelle de plastique ?

Doug Walker :

Plus de 16 000 additifs différents entrent dans la composition des matériaux plastiques […] et pour beaucoup d’entre eux, nous ne disposons d’absolument aucune donnée toxicologique. Nous ne savons pas s’ils sont nocifs ou non.

C’est l’un des axes des recherches en cours, nous essayons de mieux évaluer l’exposition à cet éventail très large d’additifs et de déterminer leurs effets potentiels sur la santé. La chose qui me surprend et me choque toujours avec le plastique, c’est l’ampleur de notre exposition à celui-ci et aux substances chimiques liées. Il y a [des microplastiques] dans l’air que nous respirons, et [les voies d’exposition] les plus courantes sont probablement l’alimentation et l’eau.

Britta Baechler :

On a à ce jour dénombré 1 300 espèces marines qui ingèrent du plastique. Donc il ne s’agit pas seulement d’une espèce par-ci, par-là, cela devient extrêmement courant. Nous avons des raisons d’être préoccupés.

Nous avons découvert des microplastiques au sommet de l’Everest […], dans la fosse des Mariannes, donc ils sont vraiment partout. C’est pourquoi il est particulièrement important d’agir pour empêcher la diffusion des microplastiques à la source, c’est-à-dire chez nous.

Je pense qu’il est important que chacun comprenne qu’en matière de réduction de la consommation de plastique, il ne s’agit pas d’être parfait, il s’agit d’être attentif.

 

Comment gérez-vous votre consommation de plastique au quotidien ?

Doug Walker :

C’est une question intéressante, car je suis présentement assis dans ma voiture avec du plastique tout autour de moi, en train de parler dans un téléphone dont la coque est en plastique. Dans de nombreuses situations, on ne peut pas se passer du plastique.

Je pense que pour moi, une journée parfaite en matière d’évitement du plastique consiste simplement à minimiser ma consommation d’aliments ayant été en contact avec du plastique. Je ne chauffe rien au micro-ondes dans du plastique, c’est quelque chose que j’essaie d’éviter autant que possible.

Je ne pense pas que nous serons un jour en position d’éliminer purement et simplement l’utilisation de plastique et je ne sais même pas si nous devrions essayer. Mais je pense qu’il existe des occasions de prendre conscience de sa consommation de plastique : par exemple, plutôt que de boire dans des bouteilles en plastique, utilisez un récipient en métal ou en verre ; ne faites pas chauffer vos aliments dans des récipients en plastique. Il existe des gestes simples qui, cumulés, peuvent avoir de grands effets.

Britta Baechler :

On peut dire sans risque que chaleur et contenants alimentaires en plastique ne font pas bon ménage. Et vous et moi pouvons réduire notre exposition aux microplastiques en effectuant quelques substitutions simples au profit de matériaux non plastiques. Quand je pense au fait que lorsque je suis dehors à vaquer à mes occupations – déposer les enfants à l’école, faire des courses – j’ai parfois besoin de caféine […] et que les gobelets jetables sont doublés de plastique ! Mais à la maison, j’évite désormais de faire chauffer les aliments dans des contenants en plastique. 

La lessive est également une source colossale de microplastiques dans l’environnement. Quand nous lavons nos vêtements, nous générons des microfibres : des morceaux de plastique qui se brisent et se détachent de nos vêtements. Cette eau va ensuite en station d’épuration. Les matières solides présentes dans les eaux usées se déposent au fond et, souvent, sont récupérées pour servir d’engrais dans les champs.

Laver ses vêtements à basse température avec une lessive douce peut aider à préserver les tissus et à réduire le nombre de microfibres qui se détachent. Il existe à la vente des filtres de machine externes […], qui filtrent toute l’eau qui sort de votre lave-linge et piègent jusqu’à 90 % de ces particules.

Il existe également des balles [pour lave-linge et sèche-linge] que l’on peut mettre avec le linge et qui collectent les fibres ou bien des sacs à maillage fin dans lesquels on peut laver ses vêtements.

 

Une étude a montré que soixante entreprises sont responsables de la moitié environ de la pollution au plastique mondiale. Quels changements majeurs seraient susceptibles de réduire la pollution au plastique et l’exposition à celui-ci ?

Britta Baechler :

Selon les meilleures données scientifiques, trois grands changements systémiques sont nécessaires, le premier étant une forte baisse de la production de plastique, notamment des plastiques à usage unique. Chaque année, l’Ocean Conservancy mène la campagne internationale de nettoyage des littoraux […] et, de loin, les objets que l’on retrouve le plus fréquemment chaque année sur les côtes et sur les plages du monde entier sont les plastiques à usage unique, des choses comme de la vaisselle jetable, des sacs en plastique et des couverts.

La deuxième chose est que nous devons gérer bien plus efficacement le plastique que nous produisons et qui est en circulation. Les infrastructures de recyclage sont en grande partie obsolètes, elles sont surchargées et ne peuvent donc pas être extrêmement efficaces.

Et puis, on peut toujours faire entendre sa voix pour informer les preneurs de décisions de ce qu’on pense du plastique ! Faites-le savoir aux marques, si par exemple vous faites des emplettes au supermarché et que vous vous dites : « Oh, cette carotte est emballée trois fois dans du plastique ! » […] Nous avons constaté beaucoup de résultats positifs en ce qui concerne le plastique quand les gens militent pour le changement.

Doug Walker :

Viser une plus grande efficacité en matière d’emballage et réduire l’emballage des aliments. Se demander : « Est-il nécessaire d’emballer individuellement des choses dans du plastique ? » Le fardeau ne nous échoit pas toujours lorsqu’il s’agit d’éviter le plastique. Je pense qu’il devrait y avoir plus d’efficacité du point de vue industriel et commercial également.

 

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui pourraient trouver cela écrasant ?

Doug Walker :

C’est très difficile et je pense qu’il est important de reconnaître que ce n’est pas une chose facile à faire. Nous ne devrions pas nous en vouloir si nous n’arrivons pas à être absolument parfaits dans l’élimination du plastique ou des choses en contact avec celui-ci. Être attentif et faire de son mieux peut déjà avoir de belles conséquences.

Britta Baechler :

Ce n’est pas parce qu’il est omniprésent que nous devons accepter le plastique comme la norme dans notre culture. Plus nous intégrons cela, plus nous choisissons des options durables et réutilisables, plus nous nous passons du plastique là où c’est possible, en étant conscient de ce que l’on achète, moins il y aura de déchets dans l’environnement, dans notre océan, dans nos communautés.

Certains gestes du quotidien que chacun de nous peut faire peuvent vraiment avoir des effets positifs durables sur l’environnement.

Ces entretiens ont été édités dans un souci de concision et de clarté.

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