Voici à quoi pourrait ressembler le monde en 2070

Les projections des climatologues brossent un tableau saisissant de notre avenir, qui, ils l’espèrent, nous incitera à changer nos habitudes avant qu’il ne soit trop tard.

De Kathleen Rellihan
Publication 18 janv. 2024, 10:38 CET
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Des inondations le long du fleuve Mississippi recouvrent des cultures à Oakville, dans l’Iowa. La chaleur n’est pas la seule conséquence du réchauffement de la planète : les inondations et les catastrophes naturelles risquent également de s’aggraver.

PHOTOGRAPHIE DE John Stanmeyer, Nat Geo Image Collection

Sur TikTok, un filtre de « vieillissement » viral a récemment donné aux utilisateurs un aperçu de leur avenir. Ce filtre généré par intelligence artificielle prédit ce à quoi vous ressemblerez dans 50 ans en vous représentant avec des traits affaissés, des rides plus profondes et des taches sombres dues à des décennies d’exposition au soleil. En l’espace de quelques mois, le filtre a été utilisé près de 11 milliards de fois et en a perturbé plus d’un en leur donnant un aperçu du processus de vieillissement. 

Les êtres humains sont des créatures visuelles ; si les images de notre apparence future peuvent nous pousser à mettre davantage de crème solaire, les projections visuelles pourraient-elles nous inciter à agir plus en faveur du climat ?

Pour prédire en quoi le changement climatique nous exposera à des catastrophes, remodèlera l’agriculture ou rendra certaines régions invivables, les scientifiques utilisent des modèles qui prévoient l’évolution du monde. Pourtant, lorsqu’il s’agit du changement climatique, les statistiques et les chiffres n’ont souvent pas autant d’impact que les photos stupéfiantes de villes sombrant sous la montée du niveau des mers. Sachant qu’un filtre TikTok peut autant nous perturber en nous montrant ce à quoi nous ressemblerons en 2070, les projections d’inondations et de températures extrêmes dans des lieux qui nous sont chers, y compris dans nos propres quartiers, pourraient-elles nous aider à prendre conscience de la crise climatique ?

 

LE MONDE DANS 50 ANS 

Le temps qu’un utilisateur actuel de Tiktok soit assez âgé pour assister à la concrétisation de la version artificiellement vieillie de son visage sur l’application, le monde sera très différent si rien n’est fait pour lutter contre le changement climatique. 

Le rapport des Nations Unies sur le changement climatique de 2023 indique que la planète est sur la voie d’un réchauffement catastrophique. 

Les prévisions des principaux climatologues mondiaux, examinées par les délégués de près de 200 pays, préviennent que la planète risque de franchir un seuil de température dangereux au cours des dix prochaines années, à moins que les nations n’abandonnent immédiatement les combustibles fossiles. Si les gouvernements s’en tiennent à leurs politiques actuelles, le « budget carbone » restant sera épuisé d’ici à 2030. 

Selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences en 2020, un tiers de la population mondiale pourrait vivre dans un climat semblable à celui du Sahara dans seulement 50 ans. Cela signifie que 3,5 milliards de personnes pourraient vivre avec des températures moyennes de l’ordre de 30 degrés, « en dehors de la zone de confort de l’humanité » d’ici à 2070.

En 2020, National Geographic a produit son propre article interactif, lequel donne un aperçu de ce que sera le monde dans 50 ans : d’ici à 2070, Boston ressemblera davantage à Bardwell, dans le Kentucky, avec des étés plus chauds de 4 °C en moyenne, et Londres ressemblera davantage à Sovicille, en Italie, avec des températures estivales en hausse de 3 °C. Certaines villes, comme Hanoï, au Viêt Nam, connaîtront des températures plus élevées que nulle part ailleurs dans le monde actuellement. L’outil interactif vous permet également de constater l’augmentation des températures de votre propre ville dans une cinquantaine d’années. 

 

IMAGINER NOTRE AVENIR

Tout comme pour le filtre TikTok faisant voyager dans le temps, qui montre un écran partagé entre le visage actuel de l’utilisateur et une version vieillie générée par IA, il existe un modèle visuel tout aussi affligeant du changement climatique. La publication Picturing Our Future du groupe de recherche climatique à but non lucratif Climate Central montre deux versions de l’avenir : ce à quoi le monde ressemblera si nous maintenons notre trajectoire actuelle et que la Terre se réchauffe de 3°C, et ce à quoi il ressemblera si nous réduisons fortement la pollution par le carbone et limitons le réchauffement à 1,5°C, objectif fixé par l’accord de Paris sur le climat. 

S’appuyant sur des recherches évaluées par des pairs, ces projections visuelles montrent comment les choix en matière de climat et d’énergie de cette décennie influenceront l’élévation du niveau des mers à l’avenir. Climate Central utilise une combinaison d’images photoréalistes, de vidéos de survol, d’images Google Earth et de GIF animés pour générer ses outils visuels dans Picturing Our Future.

Les images comparent les résultats portant sur près de 200 points de repère et lieux emblématiques du monde entier, de la tour Burj Khalifa à Dubaï au National Mall à Washington, D.C. et même le quartier de la cathédrale Saint-André à Bordeaux et celui de la cathédrale Sainte-Réparate à Nice. Ces projections à long terme du niveau de la mer constituent de saisissantes représentations scientifiques de villes côtières submergées par les eaux. 

« L’être humain est un être visuel. Environ 30 % de notre cerveau est utilisé pour la vision. La plupart des rapports scientifiques sur les menaces climatiques font état de chiffres difficiles à interpréter : que signifierait réellement une élévation du niveau de la mer de 30 centimètres ou de 1,50 mètre ? », explique Benjamin Strauss, directeur général et scientifique en chef de Climate Central.

L’objectif de ces images est de montrer que nous pouvons influer sur l’avenir, explique Strauss. « Nous présentons des comparaisons de différents futurs potentiels qui sont fonctions de la voie que nous empruntons. Les mesures prises par les gouvernements, les entreprises et les industries pour réduire la pollution par le carbone autant que possible et le plus vite possible peuvent réduire les risques et protéger les communautés côtières dans le monde entier. »

La climatologue Katharine Hayhoe croit également que la visualisation de ce que sera la vie en fonction des choix que nous faisons aujourd’hui peut nous amener à réagir. « En illustrant l’impact de nos choix, nous modifions de manière dynamique la probabilité de nos scénarios futurs », explique Katharine Hayhoe, scientifique en chef à The Nature Conservancy. 

Hayhoe essaie d’aider les gens à imaginer en quoi le réchauffement planétaire les affectera personnellement : « Pensez à l’été le plus chaud dont vous vous souvenez. À quoi ressemblait votre facture d’électricité ? Comment vous sentiez-vous ? » Résidant au Texas, Hayhoe explique que l’État a déjà vu le nombre de jours de 100°F (38°C) tripler au cours des 40 dernières années.

« En 2070, si vous vivez dans le New Hampshire, vous aurez davantage l’impression de vivre dans le nord de la Virginie, en termes d’étés, même si nous faisons tout ce que nous pouvons », souligne Hayhoe, en faisant référence aux projections qui montrent que le climat des États situés à des latitudes plus méridionales va « migrer » vers le nord à mesure que la planète se réchauffe. 

« Si nous ne faisons pas tout ce qui est en notre pouvoir, un été dans le New Hampshire pourrait ressembler à un été dans les Carolines », ajoute-t-elle.

 

QUEL AVENIR CHOISIRONS-NOUS ? 

« Nous devons comprendre ce qui se passera si nous n’agissons pas mais aussi comprendre comment agir de façon concrète, pour éviter de nous retrouver paralysés par la peur », souligne Hayhoe. 

Le livre The Future We Choose (litt. Le futur que nous choisissons) de Christiana Figueres et Tom Rivett-Carnac, qui ont dirigé ensemble les négociations de l’accord historique de Paris, a contribué à influencer la propre vision de Hayhoe sur la possibilité de sauver la Terre d’un réchauffement catastrophique.

Les principaux architectes de l’accord historique sur le climat proposent deux versions différentes de ce que pourrait être le monde en 2050. S’il existe un scénario du pire, le livre propose également un scénario du meilleur : que se passerait-il si nous nous dirigions vers un monde où le réchauffement ne dépasserait pas les 1,5 °C d’ici à 2100 ? Un monde dans lequel nous réduirions de moitié les émissions chaque décennie depuis 2020 ?

Cet ouvrage dépeint une image saisissante de l’habitabilité future de notre monde dans le cas où nous nous attaquerions au changement climatique à grande échelle, ajoute Hayhoe : « Le ciel serait bleu, l’air respirable, l’eau propre, les villes piétonnières et vertes. »

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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