Toutânkhamon, des secrets enfouis dans la tombe

Depuis sa découverte en 1922 au cœur de la Vallée des Rois, l'épais mystère entourant le tombeau de ce pharaon mort si jeune ne semble pas se dissiper.

De Arnaud Sacleux
Publication 27 nov. 2020, 15:01 CET, Mise à jour 12 janv. 2021, 12:15 CET
Vue sur-élévée de la tombe de Toutânkhamon montrant deux murs pouvant contenir des passages secrets vers d'autres pièces.

Vue sur-élévée de la tombe de Toutânkhamon montrant deux murs pouvant contenir des passages secrets vers d'autres pièces.

PHOTOGRAPHIE DE Kenneth Garrett, Nat Geo Image Collection

Le tombeau de Toutânkhamon est l'un des plus grands mystères de l’égyptologie, et le demeure bien des années après sa découverte. Ce pharaon au règne sans éclat est mort jeune, à 18 ans seulement, sans laisser d’héritier. Si les archéologues ont résolu bien des mystères au fil de leurs fouilles, d’autres sont venus s’ajouter, laissant en suspens de nombreuses questions qui continuent d’intriguer le monde de l’archéologie.

Toutankhamon, des secrets enfouis dans la tombe

 

TOUTÂNKHAMON AURAIT ÉTÉ EMBAUMÉ LE PÉNIS EN ÉRECTION

Selon Salima Ikram, égyptologue et professeure à l'université américaine du Caire, Toutânkhamon aurait été momifié dans une position quelque peu évocatrice. Entouré de multiples bandelettes, le pénis du pharaon aurait en effet été redressé, à 90 degrés, révélant ainsi une posture étonnamment érectile. Il se serait par la suite détaché de la momie et sa disparition alimente aujourd’hui bon nombre de fantasmes. Pourquoi embaumer une momie de la sorte ?

Cette pratique aurait tout simplement une signification religieuse, en référence au mythe du dieu Osiris, le dieu funéraire, découpé en treize morceaux par Seth, son frère cadet et dieu du chaos. Selon cette légende, les morceaux de son corps auraient été dispersés à travers l’Égypte et tous les morceaux auraient été récupérés par sa sœur Isis. Tous, sauf le pénis.

Selon la chercheuse, cette référence religieuse cacherait en réalité une manœuvre politique des proches du pharaon, destinée à affaiblir le culte du dieu Aton instauré par Akhenaton, le père de Toutânkhamon, et de permettre un retour aux croyances et usages religieux en vigueur avant lui, avec Osiris au premier plan.

 

TOUTÂNKHAMON SERAIT MORT D’UN CHOC VIOLENT

C’est une équipe britannique qui est à l’origine de cette thèse, basée sur des analyses aux rayons X de la momie datant de 1968. Les images présentées par l’équipe, retravaillées par ordinateur, révèlent l’absence de sternum et de morceaux de côtes alignées. Les os auraient été, selon eux, écrasés puis enlevés par les embaumeurs lors de la momification de Toutânkhamon. Des tests ultérieurs, réalisés sous forme de simulation d’accident de voiture, tendraient à prouver que Toutânkhamon aurait été renversé par un char lancé à toute vitesse.

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    Cette thèse a cependant été critiquée par Franck Rühli, directeur du Centre for Evolutionary Medicine à l'Université de Zurich et Salima Ikram, professeur d'égyptologie à l'Université américaine du Caire. Dans une étude publiée par le Journal of Comparative Human Biology et quelques interviews, ils soulignent que les preuves confirmant l'accident de char manquent à l'appel et qu'on ne peut affirmer que les organes du pharaon ont été écrasés, notamment le cœur, sans les avoir analysés plus précisément.

    D’autres théories tentent d'expliquer la mort du jeune pharaon. Celui-ci aurait pu être renversé par un hippopotame alors qu’il chassait à pied, ou piétiné par un cheval.

     

    LE TOMBEAU OÙ REPOSE TOUTÂNKHAMON NE LUI ÉTAIT PAS DESTINÉ

    C’est l’un des plus grands mystères qui entourent la mort du pharaon. Depuis trente-trois derniers siècles, Toutânkhamon reposerait-il dans un tombeau qui ne lui était pas destiné ?

    Le tombeau de ce pharaon pourtant légendaire est plus petit que la majorité des autres tombes de la Vallée des Rois, et décorée avec du mobilier emprunté à d’anciens pharaons. Pour les archéologues, elle est indigne d’un tel personnage. Ils se sont donc intéressés à la tombe de son successeur, Aÿ, un aristocrate non-membre de la famille royale, qui aurait profité du vide laissé par la mort de Toutânkhamon, qui n’avait pas de descendance, pour s’asseoir sur le trône d’Égypte.

    Lorsqu’un pharaon accédait au pouvoir, il commanditait la construction de son tombeau dès ses premiers jours de règne. Le tombeau de Aÿ aurait été construit durant le règne de Toutânkhamon, et ses dimensions étaient de deux fois supérieurs à celui du tombeau de son prédécesseur, pharaon pourtant beaucoup plus célèbre et légitime. La splendeur qu’affichait la tombe de Aÿ représentait davantage ce que l’on pouvait attendre du tombeau de Toutânkhamon.

    Certains chercheurs ont émis l’hypothèse que le tombeau d’Aÿ était en réalité celui destiné à Toutânkhamon, et qu’il l’aurait subtilisé au défunt roi dont la dépouille, elle, aurait été déplacée dans un tombeau beaucoup plus petit. Cette hypothèse expliquerait notamment pourquoi les funérailles de Toutânkhamon furent aussi peu soignées, et pourquoi le mobilier présent a été emprunté à d’anciens pharaons.

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