Vous savez comment il a coulé. Mais savez-vous comment le Titanic a été conçu ?

Lors d’un dîner, les créateurs du Titanic ont imaginé un navire rapide et luxueux, un paquebot plus tard vendu comme étant « quasiment insubmersible ».

De Rédaction National Geographic
Publication 5 avr. 2023, 14:39 CEST
Sur le chantier naval d’Harland and Wolff à Belfast, la proue du futur R.M.S. Titanic en ...

Sur le chantier naval d’Harland and Wolff à Belfast, la proue du futur R.M.S. Titanic en cale sèche durant sa construction. Avant qu’il ne prenne la mer en avril 1912, on considérait que le Titanic était « quasiment insubmersible » et qu’il s’agissait d’un monument d’ingénierie, car il dépassait tous les records précédemment établis par d’autres grands navires. L’objectif avec la construction de ce navire redoutable était de surpasser tous les autres en taille, en puissance et en vitesse. Malheureusement, cette soif de célébrité et de reconnaissance a préparé le terrain à un destin tristement notoire. 

PHOTOGRAPHIE DE Krista Few, Ralph White, Corbis via Getty Images

Bien que le R.M.S. Titanic ait disparu en mer voilà plus d’un siècle, le mythe de son naufrage catastrophique reste bien ancré dans l’imaginaire américain. Comment un navire construit par les meilleurs ingénieurs de l’époque, bâti pour être « quasiment insubmersible », a-t-il pu couler en 2h40 à peine ? Le naufrage eut lieu à 1 600 km environ de Boston après une malheureuse rencontre avec un iceberg. Avec le navire sombrèrent 1 500 passagers et membres d’équipage infortunés ; seuls 706 survécurent. L’histoire de la naissance du Titanic et des rêves de ses créateurs aggrave le caractère bouleversant de ce désastre. Tout commença lors d’un dîner à Londres autour de verres de brandy Napoléon et de cigares cubains.

 

COMPÉTITION TITANESQUE

Un soir d’été de 1907, Lord William James Pirrie, président de l’entreprise Harland and Wolff, constructeur naval de Belfast, dîne à son domicile londonien en compagnie de Joseph Bruce Ismay, directeur général de la White Star Line, une compagnie maritime britannique. La White Star a amassé une fortune en transportant des émigrants vers l’Amérique ainsi qu’en acheminant de riches passagers de l’autre côté de l’Atlantique. Mais la compétition s’est intensifiée. Des rivaux cherchent à construire des navires plus rapides et plus confortables. Parmi eux, la compagnie Cunard, qui vient juste de présenter le Lusitania et le Mauretania, deux paquebots qui semblent être ce qui se fait de mieux en matière de vitesse et de luxe.

Affiche de 1911 faisant l’article de l’Olympic et duTitanic, les nouveaux paquebots de la compagnie White Star Line.

ILLUSTRATION DE Fine Art Images, Heritage Images, Getty Images

Le président de la White Star veut construire au plus vite des navires encore plus imposants et supérieurs. Dégustant son brandy digestif à petites gorgées, il dévoile alors à William James Pirrie comment il imagine Harland and Wolff construire une flotte de navires qui éclipseront la concurrence. Immédiatement, Lord Pirrie réalise un croquis des navires que Joseph Bruce Ismay vient de décrire. Il y en aura trois, tous semblables : l’Olympic, le Titanic et le Gigantic (plus tard renommé Britannic).

 

CRÉATION D'UN TITAN

La construction ne tarde pas à débuter. Plus de 15 000 ouvriers se pressent dans l’enceinte d’Harland and Wolff chaque matin pour produire des paquebots de fer et d’acier. Ils posent la quille du Titanic le 31 mars 1909, après avoir posé celle de son jumeau, l’Olympic. (Le Gigantic ne sera assemblé que plus tard.)

Au cours des deux années qui suivent, près de 3 000 ouvriers se dévouent corps et âme au Titanic. Ils rivettent des tôles d’acier superposées afin de donner forme à la coque et préparent cette dernière de sorte qu’elle puisse accueillir ses nombreux ponts. Thomas Andrews, principal architecte naval d’Harland and Wolff, en supervise la construction. Il est fier de son travail. Un soir de 1910, il amène sa femme enceinte sur le chantier pour lui montrer ses autres enfants, l’Olympic et le Titanic. La comète de Halley embrase alors le ciel au-dessus de leur tête.

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    Sur le chantier naval de Belfast, des ouvriers admirent les hélices de 7 mètres de diamètre du Titanic.

    PHOTOGRAPHIE DE John Parrot, StockTrek Images, Getty Images

     

    INSUBMERSIBLE

    Si les deux navires devaient initialement mesurer 269 mètres de long, soit 37 mètres de plus que les nouveaux paquebots de la compagnie Cunard, le Titanic gagne 23 centimètres supplémentaires lors de sa construction et avec ça le titre de plus grand bateau de son temps. Avec ses 53 mètres de la quille au sommet des cheminées, le Titanic s’étend sur une longueur équivalente à quatre pâtés d’immeubles et est aussi haut qu’un immeuble de neuf étages. Quinze cloisons en acier divisent son intérieur en compartiments censément étanches.

    Selon les constructeurs du Titanic, aucun accident ne peut empêcher ce dernier de rester à flot. On pense alors que les quarante dernières années de voyages effectués dans l’Atlantique Nord ont relégué les catastrophes maritimes au rang de phénomène du passé… alors couler ? Même le capitaine du Titanic annonce qu’il n’envisage aucun scénario dans lequel un navire moderne pourrait sombrer. Le magazine Shipbuilder a d’ailleurs examiné le Titanic et l’a déclaré « quasiment insubmersible ». Un adverbe qui finira par se dissiper avec le temps.

    Sur cette photographie colorisée par l’artiste Anton Logvynenko, le Titanic appareille depuis les quais de Southampton, en Angleterre.

    PHOTOGRAPHIE DE Anton Logvynenko

     

    L'INAUGURATION

    Le 31 mai 1911 est une journée claire et ensoleillée. Lord Pirrie, Joseph Bruce Ismay et le millionnaire américain J.P. Morgan, qui a pris le contrôle financier de la White Star, se joignent à une foule de près de 100 000 personnes pour regarder la mise à l’eau du Titanic dans les flots de la Lagan à l’aide de rails en bois graissés. Les poteaux qui maintenaient le paquebot en place sont retirés. Lord Pirrie donne le signal de desserrer les dernières entraves, et le Titanic se met en mouvement pour la première fois. Au-dessus des têtes, sur le portique, on a disposé des flottants de sorte à former le message « Bonne chance ».

    Le Titanic flotte, mais ce n’est encore qu’un squelette, une enveloppe. Le processus d’« armement » nécessitera près d’une année. Cela comprend la menuiserie et l’ameublement des chambres, l’érection de quatre cheminées et tout ce qui est nécessaire pour que le navire soit prêt à prendre la mer. On ne fait pas l’économie d’un seul shilling. Le paquebot peut se targuer d’abriter une piscine chauffée, un bain turc, des cafés arborés de palmiers, une salle à manger de 554 convives, un gymnase, un court de squash et une pièce dotée d’une radio Marconi (un télégraphe sans fil) prévue non seulement pour envoyer des messages de détresse en mer mais également pour satisfaire les riches passagers qui souhaiteraient communiquer avec la terre ferme.

     

    Comment l'insubmersible Titanic a-t-il pu couler en quelques heures ?

    TOUCHES FINALES

    Les ouvriers se hâtent afin que les dernières touches de peinture et de vernis soient posées le 31 mars 1912, jour de la visite d’Edward John Smith, capitaine de tous les voyages inauguraux de la White Star, venu pour superviser les essais en mer du Titanic, c’est-à-dire les derniers tests visant à s’assurer que le bateau répond bien aux normes selon lesquelles il a été construit. Le sexagénaire annonce qu’il s’agira de sa dernière traversée de l’Atlantique ; à son retour en Angleterre, il prendra volontiers sa retraite. Le paquebot réussit ses essais en mer et reçoit une certification de la Commission du commerce britannique.

    Le Titanic part alors pour Southampton afin de faire le plein de charbon et de passagers. Le matin du 10 avril, des foules se pressent sur les quais de la ville pour admirer bouche bée ce bâtiment géant de toute évidence insubmersible. Une des passagères, Sylvia Caldwell, demande à un matelot : « Ce navire est-il vraiment insubmersible ? » Ce à quoi le membre d’équipage répond : « Oui, madame. Dieu lui-même ne pourrait pas faire couler ce bateau. »

    Des membres d’équipages du Titanic portant des bagages à bord à Queenstown, en Irlande.

    PHOTOGRAPHIE DE Universal Images Group, Art Resource, NY

     

    LE DÉBUT DE LA FIN

    L’insubmersible paquebot appareille à midi. Au même moment, sept stokers (des « pompiers » officiant dans la chaufferie d’un bateau) ayant perdu toute notion du temps après s’être saoulés dans un pub se hâtent pour tenter malgré tout d’embarquer, en vain. On les imagine sans doute déçus. En descendant les eaux du Test, fleuve de Southampton, le navire croise le City of New York, un paquebot amarré là. La succion exercée par le Titanic arrache le New York à son quai et rompt ses attaches. Juste avant que ce navire plus modeste ne percute le Titanic, Edward John Smith ordonne de faire tourner l’hélice située à bâbord à capacité maximum, ce qui a pour effet d’agrandir l’espace entre les deux paquebots. Le Titanic vient d’éviter de peu une collision.

    Le paquebot file ensuite vers Cherbourg puis remonte à Queenstown, en Irlande. Davantage de passagers embarquent. Certains débarquent. Alors que le Titanic fait ses adieux au port de Queenstown, le 11 avril, Francis Browne, un passager qui vient de débarquer, prend la dernière photographie du navire à flot. Une foule s’amasse sur le pont de dunette (le plus haut pont du bateau et le plus proche de la poupe) pour regarder une dernière fois le vieux continent. Le paquebot met ensuite les voiles vers l’ouest et disparaît à l’horizon tandis qu’un passager de troisième classe joue une triste chanson irlandaise à la cornemuse, « Erin’s Lament » (« La Complainte d’Erin »). Le Titanic s’enfonçait dans les eaux du Grand Bleu. 

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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