Neuf découvertes médicales qui ont marqué l'année 2025
De l'édition génique personnalisée au mécanisme qui permettrait de stopper le cancer du pancréas avant même qu'il ne se déclare, ces découvertes donnent beaucoup d'espoir pour l'avenir de notre santé.

Malgré une année marquée par les coupes budgétaires et le rétrécissement des équipes de recherche, la science est tout de même parvenue à nous offrir quelques belles victoires en 2025. Les progrès de la médecine ont remodelé notre compréhension de la santé humaine avec, dans certains cas, des répercussions directes sur les stratégies de soins actuelles.
Les scientifiques ont découvert de nouvelles techniques surprenantes pour prévenir les maladies et renforcer les traitements anticancéreux. Ils ont créé un atlas du corps humain, modifié un gène pour un seul enfant et amélioré les soins pour des affections aussi variées que les allergies alimentaires, la ménopause, le cancer du col de l'utérus ou encore le virus de l'immunodéficience humaine. Voici neuf des découvertes les plus impressionnantes de l'année 2025.
1. RÉVOLUTION NON HORMONALE DANS LES SOINS ASSOCIÉS À LA MENOPAUSE
Plus de 80 % des femmes subissent des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes pendant la transition vers la ménopause et pour bon nombre d'entre elles, les symptômes sont suffisamment graves pour affecter leur vie quotidienne. La thérapie hormonale reste l'un des traitements les plus efficaces, mais de nombreuses femmes n'y ont pas accès, notamment si elles ont eu un cancer du sein ou de l'utérus, une thrombose veineuse profonde ou d'autres maladies.
Deux nouveaux traitements non hormonaux pour les bouffées de chaleur modérées à graves permettent désormais d'atténuer ces symptômes chez les femmes qui n'avaient pas d'autres options auparavant. Le Lynkuet (elinzanetant), approuvé cette année par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis et l'Agence européenne du médicament, rejoint donc le Veozah (fezolinetant) qui avait reçu l'autorisation deux ans plus tôt.
Ces capsules administrées quotidiennement ciblent les neurones régulateurs de la température dans l'hypothalamus, après que les scientifiques ont découvert que ces cellules nerveuses étaient susceptibles aux fluctuations d'œstrogènes observées durant la ménopause.
2. TRAITEMENT DE SECOURS CONTRE L'ALLERGIE SANS AIGUILLE POUR LES ENFANTS
Un accès simple et rapide à une dose d'épinéphrine peut sauver la vie d'un enfant atteint d'allergies graves. Cette année a vu naître une solution sans aiguille, appelée Neffy, un nouveau spray nasal délivré sur ordonnance qui marque la première mise à jour majeure du mode d'administration de l'épinéphrine chez les enfants en plus de trente ans.
Les allergies alimentaires touchent un enfant sur treize et une dose rapide d'épinéphrine pendant une réaction allergie grave stoppe la réaction en chaîne inflammatoire qui peut entraîner l'hospitalisation ou le décès dû à une anaphylaxie. Pourtant, de nombreux enfants et leurs aidants hésitent encore à utiliser un auto-injecteur comme l'Epipen.
Neffy est approuvé pour les enfants âgés de quatre ans et plus qui pèsent plus de 15 kg. [RWS RV1] Le médicament est absorbé dans l'organisme grâce à une nouvelle technologie qui élargit temporairement l'espace entre les cellules nasales, permettant au produit d'être rapidement absorbé dans le sang. D'après les experts, ce médicament facilement administré devrait aider plus d'enfants à faire face aux urgences allergiques.
3. UN PAS DE GÉANT DANS LA MÉDÉCINE RÉGÉNÉRATIVE
Cette année, nous avons fait un pas de plus vers la réalisation d'un vieux rêve de la science-fiction, celui de voir le corps humain se régénérer ou nos organes repousser.
Des scientifiques étudiant la façon dont les membres amputés des salamandres repoussent ont isolé une enzyme qui régule les taux d'acide rétinoïque, une molécule essentielle à la régénération. Ils ont également identifié un gène qui contrôle la taille et le développement du membre. Puisque les humains disposent des mêmes ingrédients moléculaires, la découverte offre une ébauche qui pourrait un jour mener à la régénération des membres chez les personnes ayant subi des lésions traumatiques.
D'autres avancées ont fait entrer la médecine régénérative dans une nouvelle ère. Les chercheurs ont mis au point le premier timbre implantable qui renforce la paroi du cœur chez des singes. Des cellules souches cultivées en laboratoire ont été transformées pour devenir du muscle cardiaque et des tissus conjonctifs avant d'être implantés et intégrés au cœur. Bien que la technologie n'en soit encore qu'à ses débuts, elle offre toutefois un avenir prometteur pour les personnes souffrant d'insuffisance cardiaque.
Des scientifiques ont également utilisé des cellules souches pour créer du tissu fonctionnel de l'urètre. C'est la première fois que cette structure, qui transporte l'urine des reins à la vessie, a pu être construite à partir de cellules programmables, une pièce qui manquait jusqu'à présent à la quête vers la régénération du système rénal.
4. UN MEILLEUR DÉPISTAGE DES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES
Plus de deux millions d'Américains reçoivent chaque année un diagnostic d'infection sexuellement transmissible (IST), mais beaucoup plus contractent ces infections sans même le savoir. Cette différence est importante : le retard du diagnostic et des soins peut provoquer une infertilité ou des douleurs pelviennes chroniques, sans oublier le fait que la maladie continue de se propager.
En 2025, des améliorations considérables ont vu le jour dans le dépistage des IST. Pour dépister le papillomavirus humain, l'IST associée au cancer du col de l'utérus, il fallait jusqu'à présent se rendre au cabinet d'un professionnel de la santé pour faire l’objet d’un prélèvement et d’un frottis cervicovaginal.
Désormais, un nouvel outil, le Teal Wand, permet aux femmes d'effectuer elles-mêmes ce prélèvement à la maison après une brève téléconsultation visant à obtenir l'ordonnance. Il suffit alors d'envoyer l'échantillon à un laboratoire pour le faire analyser. D'après les experts, offrir la possibilité de procéder soi-même au prélèvement pourrait augmenter significativement les taux de dépistage.
Une autre solution à domicile, le test Visby, a également été lancée cette année et ne nécessite aucune ordonnance. Ce test permet de dépister la gonorrhée, la chlamydia et la trichomonase. Les utilisateurs peuvent prélever un échantillon de cellules et l'insérer dans un petit appareil de test qui affiche les résultats en 30 minutes sur l'application du produit.
5. ÉDITION GÉNIQUE PERSONNALISÉE
L'outil d'édition génique CRISPR-Cas9, qui a permis à ses inventeurs de remporter le prix Nobel en 2020, a révolutionné le traitement de maladies comme la drépanocytose. Cette année, les médecins du Children’s Hospital of Philadelphia ont utilisé la technologie de manière inédite. Ils ont conçu un gène personnalisé pour un seul patient, un bébé né avec un trouble génétique métabolique potentiellement mortel.
Peu après la naissance de Bébé KJ, les médecins lui ont diagnostiqué une mutation génétique qui affecte une enzyme cruciale du système urinaire, provoquant une accumulation dangereuse d'ammoniac dans son système sanguin. Environ la moitié des enfants atteints de cette maladie meurent peu après la naissance, alors que d'autres survivent uniquement après avoir reçu une greffe de foie.
Cette fois, les médecins ont identifié une unique faille génétique dans les gènes du bébé et ont mis au point une solution personnalisée, administrée au jeune garçon à sept et huit mois. L'outil CRISPR a utilisé des nanoparticules lipidiques, de minuscules sphères composées de graisses, pour transmettre des instructions génétiques dans le foie ordonnant aux cellules de l'organe de produire l'enzyme nécessaire pour corriger la mutation. Les premiers résultats montrent que le traitement a radicalement amélioré la santé de l'enfant et pourrait même le guérir.
D'autres hôpitaux ont depuis lancé leur propre programme de thérapie génique personnalisée, une technologie qui pourrait à terme guérir des millions de personnes atteintes de maladies rares, une à la fois.

Une nouvelle forme injectable de prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour le VIH offre un outil de prévention puissant. Selon les études, il suffirait d'administrer le traitement deux fois par an pour bloquer la quasi-totalité des transmissions du virus.
6. PRÉVENTION SIMPLE ET EFFICACE CONTRE LE VIH
Le virus de l'immunodéficience humaine, celui à l'origine du SIDA, reste un enjeu majeur de santé mondiale. En France, environ 5 100 personnes ont découvert qu'elles étaient séropositives en 2024. Malgré la grande efficacité des médicaments de prophylaxie pré-exposition (PrEP), fournis sous la forme de comprimés quotidiens ou d'injections périodiques, l'adoption reste faible : seul un tiers des Américains qui pourraient bénéficier de la PrEP, des personnes sexuellement actives avec des individus séropositifs ou dont le statut est inconnu, suivent actuellement le traitement et la proportion est encore moindre à l'échelle mondiale.
Cette année, la FDA a approuvé une nouvelle option qui pourrait aider à combler ce fossé : Yeztugo (lenacapavir), une PrEP injectable développée par Gilead Sciences. Selon les études, il suffirait d'administrer le traitement deux fois par an pour bloquer la quasi-totalité des transmissions du virus.
Pour l'Organisation mondiale de la santé, cette approbation constitue une « étape majeure » qui devrait aider à surmonter les obstacles à la prévention du SIDA, notamment le besoin de visites fréquentes chez des professionnels de la santé et la stigmatisation associée au fait de prendre un traitement quotidien. Le médicament figure également parmi les traitements qui contribuent à la prise en charge du VIH chez les personnes déjà affectées, sans toutefois être un remède.
7. DES VACCINS QUI COMBATTENT PLUS D'UNE INFECTION
Les vaccins ont déjà démontré leur efficacité pour nous protéger contre les virus, notamment la COVID-19, le zona, la grippe et bien d'autres maladies. Cependant, de nouvelles études montrent que les vaccins pourraient également offrir d'autres bienfaits, notamment la prévention des crises cardiaques et de la démence, ou encore l'amélioration de la réponse des patients à certains traitements contre le cancer.
Les personnes qui ont reçu le vaccin contre le virus herpes zoster, utilisé pour combattre le zona, ont vu leur risque d'accident vasculaire cérébrale réduire de 16 % et le risque de crise cardiaque de 18 %, d'après une revue de 19 études présentées l'été dernier lors d'un congrès majeur de cardiologie. Selon d'autres études, le même vaccin diminuerait d'un tiers la probabilité de développer une démence dans les trois années qui suivent l'administration.
Parallèlement, des patients atteints d'un cancer avancé de la peau et des poumons, qui avaient reçu un vaccin à ARNm contre la COVID-19 dans les trois mois précédant le début d'une immunothérapie, ont obtenu une meilleure réponse de la tumeur au médicament et ont vécu plus longtemps que les patients non vaccinés.
Les scientifiques ne savent pas réellement pourquoi le vaccin provoque ces bienfaits supplémentaires. Néanmoins, ils rappellent que certains virus en circulation, comme le virus d'Epstein-Barr, ont déjà été associés à la démence et à d'autres complications à long terme, comme le lupus, et que le fait de stimuler le système immunitaire pourrait renforcer l'immunothérapie.
8. STOPPER LE CANCER DU PANCRÉAS AVANT SON APPARITION
Le cancer du pancréas est l'un des cancers les plus mortels, en partie parce qu'il est souvent diagnostiqué à un stade avancé. Moins de 13 % des patients survivent cinq ans après le diagnostic.
En 2025, les scientifiques ont fait un pas vers la détection plus précoce de la maladie et peut-être même sa prévention. Au cours d'études sur des souris de laboratoires et des cellules humaines, les scientifiques ont découvert que le fait d'inhiber la protéine FGFR2, qui suralimente les cellules cancéreuses pancréatiques primitives, les empêche de devenir cancéreuses dans certaines situations.
Puisque des médicaments qui inhibent cette protéine sont déjà commercialisés, les chercheurs espèrent mettre cette approche à l'essai chez des individus à haut risque, notamment ceux qui présentent des antécédents familiaux de la maladie. Les essais cliniques chez l'Homme restent nécessaires, mais ces travaux offrent une première piste quant à la façon dont le cancer du pancréas pourrait un jour être intercepté avant sa formation.

Cette illustration représente le cancer du pancréas. La maladie est notoirement difficile à dépister à un stade précoce, mais les scientifiques commencent à identifier des marqueurs biologiques qui pourraient corriger ce problème.
9. CRÉER UN ATLAS DU CORPS HUMAIN
Notre compréhension du corps humain a fait un grand pas en avant cette année lorsque des chercheurs britanniques ont atteint l'objectif de rassembler plus d'un milliard d'images médicales provenant de 100 000 volontaires. Le projet s'inscrit dans le programme U.K. Biobank, l'une des bases de données sanitaires les plus exhaustives au monde. Pour recueillir ces images, les chercheurs ont procédé à divers examens allant de l'imagerie par résonnance magnétique à l'échographie en passant par des scintigraphies détaillées du cerveau, du cœur, des os, des articulations, de l'abdomen et des vaisseaux sanguins.
Les scientifiques ont également effectué des mesures physiques, des prises de sang, des prélèvements de matériel génétique ainsi que des évaluations du mode de vie et de l'exposition environnementale. Toutes les données ont été anonymisées. La prochaine étape verra les centaines de milliers de participants revenir sept ans plus tard pour fournir de nouvelles images et diverses données sur l'évolution du corps humain au fil du temps.
La biobanque a déjà alimenté des milliers d'études scientifiques. Par exemple, en analysant plus de 40 000 examens d'imagerie, les scientifiques ont appris que lorsque le cœur présente des signes de maladie, le cerveau aussi, ce qui suggère que la protection de la santé cardiovasculaire pourrait aider à réduire le risque de démence.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.