La photothérapie par LED est à la mode... mais est-elle efficace ?

Quelles vérités scientifiques se cachent derrière ces traitements extraordinairement populaires, désormais disponibles pour les particuliers… à des prix élevés.

De Leah Worthington
Publication 15 oct. 2025, 09:09 CEST
Les masques à LED couvrant tout le visage, comme celui-ci, peuvent coûter plusieurs milliers d’euros. L’exposition ...

Les masques à LED couvrant tout le visage, comme celui-ci, peuvent coûter plusieurs milliers d’euros. L’exposition à la lumière rouge peut stimuler la production de collagène et la circulation sanguine et même réduire les signes de vieillissement. Toutefois, la photothérapie n’est pas une panacée qui permettrait de traiter toute autre maladie de peau.

PHOTOGRAPHIE DE Tonje Thilesen, National Geographic

La thérapie par lumière rouge fut testée pour la première fois au milieu des années 1960 par un médecin hongrois, Endre Mester, qui braqua un laser de basse intensité sur la peau rasée d’une souris. Bien qu’il fût alors en train d’étudier les effets du laser sur la croissance des tumeurs, il constata un effet secondaire inattendu : la lumière rouge semblait stimuler la croissance des poils et, dans des études menées ultérieurement, favoriser la guérison des lésions.

Soixante ans plus tard, cette découverte accidentelle s’est fait une place sur le marché en plein essor des procédures cliniques et des appareils domestiques utilisant des diodes électroluminescentes (LED)

Également possible avec des lasers froids, la photothérapie « de faible intensité » ou « de faible puissance » nécessite un certain niveau d’énergie (mesuré en milliwatts par centimètre) pour être efficace, le tout sans la chaleur préjudiciable des lumières plus puissantes. Des masques pour le visage ou pour le corps entier aux baguettes portables, les produits de thérapie par lumière de faible intensité promettent toutes sortes de bienfaits anti-âge, rajeunissants et cicatrisants.

« Il y a beaucoup de battage dans ce secteur », explique Daniel Barolet, chercheur et clinicien spécialisé en thérapie dermatologique au laser et maître de conférences à l’Université McGill.

Mais ces appareils, qui peuvent coûter des centaines, voire des milliers d’euros, méritent-ils vraiment un tel investissement ?

 

COMMENT FONCTIONNE LA PHOTOTHÉRAPIE ?

Depuis les expériences pionnières d’Endre Mester sur des souris, la recherche et le développement en photothérapie ont connu un essor certain et ont donné des résultats prometteurs.

Aujourd’hui, la photothérapie par LED ou « photobiomodulation » (PBM), pour employer un terme plus précis, utilise une lumière douce et de faible intensité au sein du spectre visible, en général bleue, rouge ou proche de l’infrarouge, pour stimuler les processus physiologiques naturels. Comme le dit Daniel Barolet, le mot photobiomodulation signifie simplement « qu’on utilise la lumière pour donner à nos cellules un petit coup de pouce dans la bonne direction ».

Pendant le plus clair de l’histoire humaine, nous avons tiré ces bienfaits directement du soleil. Mais désormais, nous passons plus de temps en intérieur, souvent sous un éclairage artificiel aux tons froids.

« Quand nous utilisons la photobiomodulation, nous éliminons tout simplement les mauvais rayons UV. Nous n’utilisons que ce qui soigne, explique Daniel Barolet. C’est du biomimétisme, mais vous exploitez ce qui est bon pour la peau et écartez ce qui ne l’est pas. »

Les appareils de photothérapie que l’on trouve dans les cliniques sont généralement plus puissants et produisent ...

Les appareils de photothérapie que l’on trouve dans les cliniques sont généralement plus puissants et produisent des résultats meilleurs et plus rapides. Mais pour ceux qui souhaitent suivre leur traitement à la maison, le marché regorge d’options.

PHOTOGRAPHIE DE Tonje Thilesen, National Geographic

 

TYPES ET BIENFAITS DE LA PHOTOTHÉRAPIE

Si ses mécanismes exacts ne sont pas encore totalement compris, la PBM a démontré une multitude d’effets positifs. La lumière bleue, par exemple, peut servir à traiter l’acné et atténuer d’autres troubles cutanés en réduisant l’inflammation.

Quand la lumière bleue est absorbée par la peau, elle déclenche la production de radicaux libres toxiques qui, dans les jours qui suivent, tuent la bactérie responsable de l’acnéP. acnes.

Glynis Ablon, dermatologue et professeure clinicienne à UCLA, affirme avoir observé des effets spectaculaires chez ses patients suivant une thérapie par lumière bleue. « Ce qu’ils remarquent, rien qu’avec ces LED, est que le niveau de lésions inflammatoires diminue, et que leur peau, dans son ensemble, commence simplement à avoir meilleur aspect. »

La lumière rouge et la lumière proche de l’infrarouge ont quant à elle des longueurs d’ondes plus grandes qui peuvent cibler les cellules épidermiques ou voyager plus loin dans le corps. Quand les rayons appartenant à cette partie du spectre lumineux pénètrent dans les cellules, ils « déclenchent une réaction en chaîne » dans les mitochondries, explique Daniel Barolet.

Ce processus métabolique produit plusieurs molécules, dont l’ATP et l’oxyde nitrique, qui sont essentielles pour des fonctions corporelles de base comme la production d’énergie et le maintien d’une circulation sanguines saine.

L’application de lumière rouge et de lumière proche de l’infrarouge a un effet domino et stimule la production de collagène et la circulation sanguine. En surface, cela peut accélérer la cicatrisation des plaies, comme les brûlures ou les ulcères, et même atténuer les signes de vieillissement, comme les rides et les taches brunes.

Si la peau est l’organe le plus grand et le plus visible du corps, toutes les cellules peuvent théoriquement bénéficier d’un coup de pouce grâce à la photothérapie par lumière rouge ou proche de l’infrarouge.

Selon Alexander Wunsch, médecin et spécialiste de la photobiologie, de manière générale, les tissus qui s’améliorent le plus sont ceux qui sont affaiblis ou atteints (une peau avec des coups de soleil par exemple).

« Il y a une véritable base scientifique à cela et ça fonctionne cliniquement », précise Zakia Rahman, professeur clinicienne de dermatologie à la Faculté de médecine de l’Université Stanford. « Mais cela n’aura pas l’effet spectaculaire qu’auraient des traitements plus agressifs en milieu médical ».

Pour autant, les LED comportent des avantages particuliers : elles sont non invasives, indolores et essentiellement sans danger. Une exposition prolongée à la lumière bleue, proche du spectre UV, peut provoquer des dégâts cutanés, un vieillissement ou encore des irritations, mais les études de long terme existent en nombre limité. Selon Daniel Barolet, pour la lumière rouge et proche de l’infrarouge, les seules préoccupations potentielles concernent les personnes souffrant d'allergie au soleil ou ayant les yeux très sensibles. 

« Voyez la photobiomodulation comme votre tasse de café du matin […] mais avec de la lumière, explique-t-il. C’est comme un électrochoc qui réveille tous ces minuscules processus cellulaires et aide le corps à se réparer, à se redynamiser et à se stimuler. »

 

CHOISIR UN APPAREIL DE PHOTOTHÉRAPIE

Dans le monde entier, des cliniques proposent de traiter des problèmes esthétiques ou médicaux par PBM. Les appareils professionnels sont généralement plus puissants et produisent des résultats meilleurs et plus rapides. Mais pour ceux qui veulent suivre leur traitement à la maison, il existe un marché regorgeant d’options.

Quand il s’agit de choisir un appareil à LED, les spécialistes s’accordent sur une chose : le critère le plus important à prendre en compte est l’intensité de sortie.

« Il y a beaucoup d’arnaques […], la plupart du temps, les énergies sont très, très faibles », explique Glynis Ablon. Pour la lumière rouge, elle privilégie les appareils à 105 milliwatts par centimètre carré, mais pour la lumière bleue, l’intensité peut être plus faible. « Si elle se situe autour de quarante, ça me va, mais si c’est dix, ça ne fait probablement rien. »

Daniel Barolet met également les consommateurs en garde contre les appareils vantant « un arc-en-ciel » de lumière, comme le vert, le jaune et le violet. En matière de santé, prévient-il, les seules longueurs d’onde dont l’efficacité est prouvée sont celles du rouge, du proche infrarouge et du bleu.

les plus populaires

    voir plus
    La photothérapie à domicile peut être réalisée à l’aide d’une multitude d’appareils, dont un masque semblable ...
    Un mannequin pose avec deux baguettes LED conçues pour un usage grand public.
    Gauche: Supérieur:

    La photothérapie à domicile peut être réalisée à l’aide d’une multitude d’appareils, dont un masque semblable à un bouclier visible ici.

    PHOTOGRAPHIE DE Avec l'aimable autorisation de DM Aesthetics
    Droite: Fond:

    Un mannequin pose avec deux baguettes LED conçues pour un usage grand public.

    PHOTOGRAPHIE DE Tonje Thilesen, National Geographic

    Alexander Wunsch conseille aux consommateurs de rechercher la validation 510(k), « qui garantit au moins que cet appareil a été évalué » – mais pas testé – par les autorités de santé publique selon des critères de sécurité et d’efficacité.

    Daniel Barolet observe que si les recherches qui étayent la photothérapie sont solides, les scientifiques sont encore en train de perfectionner leur « recette » (les longueurs d’onde, le dosage, l’intensité et la proximité idéale) en fonction de divers objectifs de santé.

    Dans certains cas, affirme-t-il, la thérapie par LED fonctionne en association avec d’autres soins, comme les crèmes anti-âge. Selon Zakia Rahman, si elles ne remplacent pas des produits comme l’écran solaire ou les rétinoïdes sur ordonnance, les LED « peuvent bien fonctionner si elle est intégrée à votre routine cutanée ». 

    En fin de compte, qu’il s’agisse d’une procédure clinique ou de masques à domicile, les experts conseillent de suivre le traitement sur la durée et de ne pas s’attendre à des résultats immédiats.

    Selon Alexander Wunsch, bien que la cicatrisation des plaies puisse arriver plus vite, les effets sur une peau saine et vieillissante peuvent être lents et cumulatifs. Avec la photothérapie, « vous devez d’abord investir dans le respect [de la routine de soin] dans un premier temps avant de récolter les bénéfices dans cinq ou dix ans ».

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

    les plus populaires

      voir plus
      loading

      Découvrez National Geographic

      • Animaux
      • Environnement
      • Histoire
      • Sciences
      • Voyage® & Adventure
      • Photographie
      • Espace

      À propos de National Geographic

      S'Abonner

      • Magazines
      • Livres
      • Disney+

      Nous suivre

      Copyright © 1996-2015 National Geographic Society. Copyright © 2015-2025 National Geographic Partners, LLC. Tous droits réservés.