L’astrotourisme, un secteur touristique en plein essor

L’année 2024 s’annonce riche en évènements cosmiques. Des millions de personnes organiseront leur voyage pour en observer un cette année.

De Cassandra Brooklyn
Publication 3 avr. 2024, 12:17 CEST
Le 10 août 2018, dans le parc interprovincial des collines Cypress, à Saskatchewan (Canada), nombreuses sont les personnes ...

Le 10 août 2018, dans le parc interprovincial des collines Cypress, à Saskatchewan (Canada), nombreuses sont les personnes à assister à un spectacle unique : une pluie de météores des Perséides, couplée à des aurores boréales. L’astrotourisme, qui consiste à se rendre dans des régions pour jouer aux astronomes, est en plein essor.

PHOTOGRAPHIE DE Alan Dyer, Science Source

Entre constellations et comètes, éclipses solaires et aurores boréales, le cosmos regorge de merveilles. Les premiers textes mentionnant des éclipses sont des tablettes cunéiformes assyriennes datant de 763 av. J.-C. Ce phénomène a ensuite été décrit dès l’an 90 av. J.-C. dans des documents de la dynastie des Han. Les aurores boréales ont quant à elles été observées par des astronomes assyriens vers 679-655 av. J.-C., puis documentées par Aristote entre 384 et 322 av. J.-C.

Si les éclipses solaires et les aurores boréales suscitent le plus d’intérêt, d’autres phénomènes cosmiques, tels que le passage de comètes ou les pluies de météores, sont aussi observables toute l’année. L’astrotourisme, qui consiste à voyager dans des endroits spécifiques pour y contempler le ciel, prend de plus en plus d’ampleur. Il a notamment bénéficié de l’éclipse solaire de 2017, que plus de 216 millions de personnes ont essayé d’observer, ce qui en a fait l’un des évènements scientifiques, sportifs et de divertissement le plus suivi. En outre, grâce au nombre croissant de parcs et de réserves de ciel étoilé, ces zones délimitées où la pollution lumineuse est minimale, il n’a jamais été aussi facile pour les voyageurs d’admirer l’univers.

L’année 2024 sera riche en évènements pour les astronomes en herbe ou professionnels du monde.

 

L’ANNÉE DE L’ASTROTOURISME

2024 pourrait bien être l’année où vous pourrez admirer les plus belles aurores boréales depuis 20 ans, même dans les régions où ce phénomène n’est habituellement pas observé, comme l’Arizona, l’Arkansas et la Virginie aux États-Unis. L’astrophysicien et professeur à l’université de Californie de Berkeley, Alex Filippenko, indique que l’intensité lumineuse des aurores boréales et des aurores australes sera particulièrement élevée cette année en raison du cycle d’activité du Soleil (d’une durée d’environ 11 ans) qui atteindra son paroxysme en 2025. Le scientifique ajoute que l’éclipse solaire totale qui aura lieu le 8 avril prochain sera également visible dans de nombreuses régions de l’Amérique du Nord et sera la dernière à y être observée jusqu’en 2044.

En avril, l’énorme comète 12P/Pons-Brooks se dirigera vers l’intérieur du système solaire, devenant si lumineuse qu’elle pourrait être visible à l’œil nu. Presque trois fois plus imposante que l’Everest, la comète s’alignera avec le Soleil le 8 avril, lors de l’éclipse solaire, et fera un détour par Jupiter le 12 avril avant d’atteindre sa luminosité maximale le 21 avril, alors qu’elle prendra la direction du Soleil.

En août, les Perséides, ces fameuses pluies de météores, feront leur retour. Près de 60 étoiles filantes par heure seront alors attendues. Puis, Saturne convergera vers la Lune le 17 septembre, les 14 et 15 octobre, le 11 novembre et le 8 décembre. Ce spectacle sera visible à l’œil nu peu après le coucher du soleil, mais la lueur argentée émise par la Lune et la planète géante jaune seront encore plus impressionnantes si vous les observez avec des jumelles.

Comprendre : les pluies de météores

 

À SAVOIR POUR ORGANISER VOTRE VOYAGE

Great American Eclipse estime dans un rapport qu’un à quatre millions de personnes voyageront cette année pour admirer l’éclipse solaire. Face à cet engouement, les voyagistes sont de plus en plus nombreux à miser sur l’astrotourisme.

Depuis 2021, Black Tomato propose des expériences personnalisées pour observer des éclipses ; elle a ainsi organisé des voyages en Argentine et en Patagonie ou à bord d’un luxueux yacht privé en Antarctique. Wilderness Travel, une entreprise californienne spécialiste des voyages d’aventure, propose depuis vingt ans des séjours d’observation d’éclipse encadrés par des experts.

Jean Ann LeGrand, une Texane qui a vu des éclipses à plusieurs reprises avec Wilderness Travel, raconte : « C’était un moment éthéré. L’excitation ressentie, le spectacle du Soleil, les changements atmosphériques… C’est comme si vous étiez attiré et enveloppé dans une expérience où vous ne faites qu’un avec le Soleil ».

Aux États-Unis, les meilleures villes pour observer l’éclipse seront Austin et Dallas au Texas, Cleveland dans l’Ohio, Rochester et Niagara Falls dans l’État de New York. À Indianapolis, plusieurs évènements sont prévus au Indianapolis Speedway, au Children’s Museum ainsi qu’au zoo, où les animaux devraient réagir à l’obscurité soudaine.

La pluie de météores des Perséides, qui aura lieu en août, sera plus visible dans l’hémisphère nord. Pour l’admirer dans les meilleures conditions possibles, rendez-vous dans un lieu sombre, dégagé, où le risque d’incendie et la pollution lumineuse sont faibles. 

Organiser à l’avance un voyage pour admirer les aurores est en revanche bien plus délicat, souligne Alex Fillippenko. Sachez cependant qu’il y a plus de chances d’en apercevoir les nuits précédant ou suivant une nouvelle lune que lors de la pleine lune. Vous trouverez sur le site de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphère une carte vous indiquant si des aurores sont visibles là où vous habitez.

Les meilleures destinations pour voir des aurores boréales en Europe sont la Finlande, l’Écosse, l’Islande et la Norvège, car les nuits y sont plus longues. Pour admirer des aurores australes, rendez-vous à l’extrémité sud de la Tasmanie, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Notez toutefois que quelques-uns des ciels nocturnes les plus sombres ne se trouvent pas sur la terre ferme, mais au beau milieu de l’océan. Alors, pourquoi ne pas opter pour une croisière dans des régions septentrionales telles que le Groenland et l’archipel Arctique ?

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    PHOTOGRAPHIE DE Louisa Goulimaki, Getty Images

    Vivant à New York, Cassandra Brooklyn est une journaliste spécialisée dans les domaines du tourisme durable, des voyages accessibles aux personnes handicapées et des voyages d’aventure. Elle est l’autrice du guide Cuba by Bike (Cuba à vélo). Suivez-la sur X.

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