Le meilleur moment de l’année pour observer Pluton approche
Un alignement qui ne se produit qu’une fois dans l’année rend la planète naine plus simple à apercevoir, si l’on sait où regarder.

Un fin halo bleu brille autour de Pluton sur cette image prise par la sonde spatiale de la NASA, New Horizons. Bien que la planète naine ne soit rien de plus qu’un point que l’on distingue à peine à travers la lunette d’un télescope, l’opposition de ce mois-ci permet aux observateurs du ciel nocturne de l’apercevoir au mieux depuis la Terre.
Vous pensez pouvoir apercevoir Pluton ? Le 25 juillet, la fameuse planète naine insaisissable est à l'opposition, le moment de l’année où elle sera la plus brillante et la plus belle. C’est le timing idéal pour tenter de l’observer depuis votre jardin.
Mais soyez averti : même quand elle est à l’opposition, Pluton ne reste pas moins qu’un point presque indiscernable, même avec un télescope. Si vous êtes prêt à tenter l’aventure, c’est une chasse à l’œuf cosmique qui commencera, et une rare chance d’apercevoir un monde à des milliards de kilomètres du nôtre.
QU’EST-CE QUE L’OPPOSITION ET POURQUOI EST-CE LE MEILLEUR MOMENT POUR VOIR PLUTON ?
En astronomie, on dit qu’un corps céleste est à l’opposition quand il se trouve directement à l’opposé du Soleil par rapport au référentiel terrestre ; la Terre se trouve donc parfaitement entre les deux. Cet alignement signifie que le corps se lève quand le soleil se couche, et reste visible toute la nuit, il s’agit donc du meilleur moment pour l’observer.
Ce qui rend l’opposition si utile dans l’observation des étoiles est un phénomène que l’on connaît sous le nom d’effet d’opposition. « Les corps célestes ont tendance à briller plus lorsqu’ils sont éclairés à un angle de plus petite phase, l’angle entre les rayons du Soleil, la cible et l’observateur. À l’opposition, cet angle se rapproche presque de zéro », explique Will Grundy, planétologue de l’observatoire Lowell, à Flagstaff, dans l’Arizona, où Pluton a été découverte.
Ce principe peut être vu en action sur la Terre. Lorsque le Soleil est bas dans le ciel, les ombres des objets s'allongent. Mais lorsque le Soleil est directement au-dessus, ces ombres sont beacoup plus petites et, parfois, elles disparaissent même entièrement. À l'opposition, le terrain de Pluton a moins d'ombre, ce qui rend la planète naine plus brillante pour nous.

Sur cette image prise par le vaisseau spatial New Horizons de la NASA juste avant sa plus proche approche en 2015, Pluton occupe presque tout l’espace.
REPÉRER PLUTON À L’OPPOSITION
La lumière de Pluton étant très ténue, vous aurez besoin d’un télescope pour l’observer. « Un télescope placé dans un jardin pourrait faire l’affaire si les bonnes conditions sont réunies », affirme Will Grundy. Vous pouvez sinon vous rendre dans un observatoire proche de vous et utiliser leurs télescopes en libre service.
Mais, même avec un télescope, le ciel doit être extrêmement sombre pour pouvoir voir Pluton. La pollution lumineuse, qu’elle provienne de lumière artificielle ou de la Lune, dissimulera aisément la planète naine.
Pour la repérer dans un ciel suffisamment sombre, consultez une carte stellaire déterminant sa position approximative. « Elle ressemblera à beaucoup d’autres étoiles à la lumière ténue », dit Will Grundy. Mais Pluton se déplace lentement. « Elle se déplace à une vitesse de 3 arcsecondes par heure alors elle ne bougera pas pour vous, sauf si vous patientez des heures », continue le planétologue.
Pluton ne sera pas observable que le 25 juillet. Son orbite elliptique fait varier sa distance au Soleil entre 7,4 et 4,4 milliards de kilomètres. Avec cette distance, elle restera à son pic de brillance durant quelques jours, avant et après l’opposition.
« Elle est si difficile à apercevoir que ça devient assez amusant d’être en mesure de le faire », se réjouit Will Grundy.

Ces plaques photographiques ont aidé l’astronome Clyde Tombaugh à découvrir Pluton en 1930. En comparant des images presque identiques du ciel nocturne avec un appareil appelé « comparateur à clignotement », il a découvert un corps minuscule (indiqué par des flèches), à l’extérieur de l’orbite de Neptune : Pluton.
UNE BRÈVE HISTOIRE DE PLUTON ET SON IMPORTANCE
L’histoire de l’origine de Pluton débute avec celle de deux autres planètes. Après la découverte d’Uranus en 1781, les astronomes ont réalisé qu’une planète non-découverte pourrait perturber son orbite. « Et voilà que l’on a découvert Neptune, précisément là où les astronomes pensaient qu’elle était », raconte Will Grundy.
Mais Percival Lowell, le fondateur de l’observatoire Lowell, pensait qu’il existait une autre planète qui perturbait l’orbite d’Uranus. Une mystérieuse « planète X ». Après une décennie de recherches, Lowell est mort en 1916, sans la découvrir.
Les recherches ont finalement repris au sein de l’observatoire Lowell et ont abouti à la découverte de Pluton en 1930 par Clyde Tombaugh. En fin de compte, Pluton n’était pas la petite malicieuse gravitationnelle qu’imaginait Lowell. Elle était beaucoup trop petite pour influencer l’orbite d’Uranus de quelque manière que ce soit. Mais il s’agissait tout de même d’une découverte monumentale. La neuvième planète du système solaire. Du moins avant sa reclassification en planète naine en 2006.
Pour découvrir Pluton, Tombaugh a minutieusement photographié le ciel nocturne avant de se servir d’une machine pour comparer deux plaques photographiques à la recherche de quelconques points qui auraient bougé. Il s’agit finalement de la même méthode que recommande d’employer Will Grundy pour parvenir à apercevoir Pluton durant ce mois de juillet.
Après sa découverte, Pluton n’est restée qu’un point ténu jusqu’aux années 1990, lorsque le télescope spatial Hubble a fourni des images granuleuses montrant de la lumière et des zones d’ombre. Le premier aperçu de près que l’on a eu de Pluton ne s’est pas fait avant 2015, avec un survol par New Horizons, la sonde spatiale de la NASA.
Les images ont montré une planète dynamique, à l’activité géologique, comportant des montagnes glacées, des glaciers d’azote et même des traces d’océan souterrains. « Elle pourrait être habitable s’il se trouve de l’eau liquide, des matériaux organiques en quantité et des roches pour les minéraux », suppose Will Grundy, qui est co-investigateur pour la mission New Horizons.
Cette révélation a des implications majeures pour l’astrobiologie. « Pluton a chamboulé les critères d’une planète habitable, qui pourrait se trouver beaucoup, beaucoup plus loin du Soleil qu'on ne le pensait possible », explique le planétologue. « Si c’est avéré, cela serait également vrai pour les autres étoiles. En d’autres termes, la zone habitable s’est grandement élargie. »
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.
