La véritable histoire de Miyamoto Musashi, le plus grand samouraï japonais

Les duels de Miyamoto Musashi ont fait sa légende, ses écrits l’ont rendu immortel. Mais qui était l’homme derrière le mythe ?

De Anna Wenner
Publication 15 oct. 2025, 14:03 CEST
Sur cette estampe d’Utagawa Kuniyoshi datant des années 1840, Miyamoto Musashi brandit deux bokken en clin d’œil au style ...

Sur cette estampe d’Utagawa Kuniyoshi datant des années 1840, Miyamoto Musashi brandit deux bokken en clin d’œil au style de combat à deux sabres qui a fait sa légende.

PHOTOGRAPHIE DE Niday Picture Library, Alamy

Rares sont les guerriers à avoir inspiré autant d’histoires que Miyamoto Musashi, le plus célèbre des samouraïs japonais.

L’historienne Hitomi Tonomura se rappelle à quel point sa légende a eu une influence sur les jeux d’enfants au Japon. Petite, elle affrontait en duel une amie avec des bâtons, reproduisant ainsi la technique de combat à deux sabres du samouraï. « Tous les enfants connaissent Miyamoto Musashi », s’exclame-t-elle.

Vénéré pour son talent inégalé, Miyamoto Musashi a été immortalisé dans l’art, la littérature, le cinéma, le théâtre et les mangas, ainsi que dans un jeu vidéo sorti dernièrement, Ghost of Yōtei.

Selon Nate Fox, directeur artistique chez Sucker Punch, le jeu « s’inspire directement du Traité des cinq roues de Miyamoto Musashi, en particulier en ce qui concerne l’improvisation et la recherche sans relâche de tout avantage au combat ».

Deux personnages s’inspirent également de l’épéiste vénéré : un sensei qui apprend au héros à manier les deux sabres et un personnage légendaire célébré pour la création du style de combat à deux sabres.

En outre, Nate Fox souligne la présence de quelques références, car « nous comprenons qu’avec ce héros qui se bat avec deux sabres, il était nécessaire de reconnaître que la technique venait d’un grand maître l’ayant perfectionnée ».

Cette estampe d’Utagawa Kuniyoshi, qui date de 1865, représente un kabuki (forme de théâtre japonais) racontant la vie ...

Cette estampe d’Utagawa Kuniyoshi, qui date de 1865, représente un kabuki (forme de théâtre japonais) racontant la vie de Miyamoto Musashi, l’épéiste du 17e siècle connu pour sa maîtrise du combat à deux sabres.

PHOTOGRAPHIE DE John Stevenson, Corbis, Getty Images

Près de quatre siècles après sa mort, voici ce que l’histoire révèle sur l’icône culturelle la plus persistante du Japon.

 

QUI ÉTAIT MIYAMOTO MUSASHI ?

La première chose à savoir sur Miyamoto Musashi est que nous avons très peu d’informations sur lui. Qu’il s’agisse de son nom ou de sa date de naissance, tout fait débat chez les chercheurs.

Nous savons qu’il était un habile samouraï, né au début des années 1580 (probablement en 1582 ou en 1584) et mort en 1645. « Miyamoto Musashi » est l’un des nombreux noms qu’il a utilisés tout au long de sa vie, mais ce n’était pas son nom de naissance ni le nom indiqué sur sa stèle. D’après les chercheurs, le samouraï aurait probablement été adopté. Le traducteur et universitaire Alexander Bennett va jusqu’à suggérer, sur la base des récits décrivant son comportement et ses relations, que le samouraï serait sans doute aujourd’hui considéré comme atteint de troubles du spectre autistique.

Miyamoto Musashi était principalement connu comme le fondateur de l’école des deux sabres et est considéré comme un kensei, ou « saint du sabre ».

Cependant, comme la plupart des samouraïs de l’époque, les talents de Miyamoto ne se limitaient pas au combat. L’homme a atteint la majorité à la fin de la période des Royaumes combattants du Japon, un siècle de guerre civile qui a pris fin avec la chute du shogunat Tokugawa en 1603. Le retour de la paix a contraint les samouraïs à redéfinir leur rôle. Ces guerriers sont alors devenus des savants, des bureaucrates et des artistes.

Dans son livre intitulé Miyamoto Musashi. Maître de sabre japonais du XVIIe siècle, le sociologue et pratiquant d’arts martiaux Kenji Tokitsu fait le parallèle entre Miyamoto Musashi et Léonard de Vinci, « en raison du prolongement de son art dans une foule de domaines et de la manière dont il a repoussé les limites des connaissances de l’époque ». Miyamoto était un peintre accompli de sumi-e (peinture monochrome à l’encre), sculpteur et calligraphe.

À la fin de sa vie, le samouraï a écrit son œuvre la plus marquante : une série de parchemins intitulés Le Traité des cinq roues. Dans cet ouvrage, Miyamoto explique qu’un guerrier doit garder son calme et rester concentré, qu’il ne doit jamais laisser ses émotions ou des distractions décider de ses actes. Si ces écrits s’adressaient principalement à d’autres guerriers, ils livrent des enseignements stratégiques et philosophiques qui influencent encore le monde moderne aujourd’hui.

 

UNE LÉGENDE

Ce que nous savons à propos de Miyamoto relève majoritairement de la légende, et non de l'Histoire. Au fil des siècles, les conteurs ont comblé les parts d’ombre de sa vie avec des duels, des rivalités et des exploits quasi miraculeux.

Selon Miyamoto lui-même, il aurait combattu et tué un homme lors d’un combat singulier à l'âge de treize ans seulement. Il affirmait également avoir combattu et remporté plus de soixante duels (un nombre impressionnant, même pour un samouraï accompli).

Son duel le plus célèbre l’a opposé au guerrier Sasaki Kojirō (également surnommé « Ganryū »). Selon la légende, il aurait mis fin au combat d'un seul coup de sabre de bois. Mais, malgré les innombrables récits et l’existence même d’une statue commémorative sur l'île de Ganryujima, Kojirō lui-même n’aurait jamais existé.

La vie de Miyamoto est rapidement devenue un sujet de prédilection pour les artistes et les dramaturges. Elle a fait l’objet de toutes sortes d'œuvres, des pièces de théâtre kabuki aux peintures. Bien que beaucoup d'entre elles datent d’il y a plusieurs centaines d'années, Alexander Bennett affirme qu'elles étaient essentiellement des œuvres d'art réalisées réalisées par des admirateurs plutôt que des documents historiques.

Il aura fallu attendre plusieurs siècles avant que ne revive la légende de Miyamoto auprès d'un nouveau public. En 1935, l'écrivain Yoshikawa Eiji commence à publier une série d'histoires sur le célèbre samouraï dans un journal tokyoïte. Il le fait pendant quatre ans, avant que les récits ne soient finalement compilés dans un livre, faisant ainsi redécouvrir Miyamoto Musashi au lecteur japonais lambda. Bien que ces textes soient presque entièrement fictifs, la plupart des représentations modernes du samouraï ont été fortement influencées par l'œuvre de l’écrivain.

La vie de Miyamoto Musashi est peut-être entourée de mythes, mais son impact est indéniable. Ses idées sur la concentration et la maîtrise de soi résonnent encore aujourd'hui, des studios d'arts martiaux à la culture pop moderne.

« Miyamoto Musashi est le duelliste par excellence », déclare Nate Fox. « Son histoire, celle d'un homme qui a défié les conventions et qui s'est imposé, est une source d'inspiration ».

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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