Un Ramadan pas comme les autres au temps du coronavirus
De Chicago à la Cisjordanie, les mosquées sont fermées et les rituels perturbés au cours du mois sacré de Ramadan.

Assise dans une autre pièce, la photographe observe ses parents et sa sœur rompre le jeûne. Sa mère lui a apporté des plats dans des Tupperware.
Eid fait l’athan, l’appel à la prière, deux à trois fois par jour même si la mosquée est fermée. « Quiconque entre dans le lieu de culte peut réciter l’athan », dit-il. « Vous avez l’impression de prier. C’est un rituel on ne peut plus spirituel. »
Un masque est suspendu à un callistemon en fleurs à Islamabad, la capitale du Pakistan.
Saadia Shariff est enseignante dans un collège à Chicago. Elle est confinée avec sa famille mais a néanmoins trouvé un moyen astucieux de partager ses repas avec ses frères durant le Ramadan.
Cette année, les quatre filles de Hanadi Kobari font le Ramadan avec leur mère. Les deux sœurs aînées aident leur maman à s’occuper des deux plus jeunes en l’absence de leur père. Ouvrier du bâtiment, il est passé en coup de vent à la maison entre deux missions mais s’est couché, dehors, au balcon dans un souci de protéger sa famille. C’est leur premier Ramadan sans lui.
Tanatra, surnommée « Oum Jihad » (Mère de Jihad) dans le petit village d’Im Safa, est femme de ménage à Ramallah. Ici, elle pose un regard bienveillant sur Jasem, 17 ans, le plus jeune de la fratrie. Les membres de la famille se targuent de « connaître tout le monde et toutes les petites histoires du village. »
Quelques personnes attendent leur tour pour bénéficier de repas gratuits dans le quartier Bay Ridge de Brooklyn.
Au cours du mois sacré de Ramadan, les musulmans pratiquants observent le jeûne du lever jusqu’au coucher du soleil. Sur la photo, des hommes sont rassemblés pour la quatrième des cinq prières de la journée, dite maghrib, devant la mosquée Al-Taqwa. Ce lieu de culte dans le quartier de Brooklyn à New York est momentanément fermé en raison de la pandémie du coronavirus.
Partout dans le monde, les mosquées ont fermé leurs portes et les musulmans pratiquants sont encouragés à réciter leurs prières chez eux. Sur la photo, un homme prie dans une mosquée à Dhaka au Bangladesh.
Des bénévoles de la Fondation Bidyanondo préparent des colis alimentaires qui seront distribués à 20 000 personnes dans le besoin durant la pandémie. La charité pendant le mois de Ramadan revêt une importance particulière.
Jehan, la fille de Tanatra, a 23 ans. Elle profite d’un moment où elle n’aide pas à la préparation des repas pour lire le Coran.
Un bénévole appelle à la prière de la nuit, l’isha, au Muslim Community center de Brooklyn, fermé depuis mars. C’est généralement pendant le mois de Ramadan que les mosquées sont les plus animées.
Sakina Syeda, enseignante d’anglais dans un lycée, a réussi à mobiliser sa communauté à Chicago pour rassembler des fonds et distribuer des denrées alimentaires aux personnes dans le besoin au Pakistan.
Un arbre devant le domicile familial de la photographe à Saint Charles dans le Missouri.
Dans la capitale pakistanaise, les commerces qui vendent des produits alimentaires de première nécessité sont autorisés à rester ouverts tant que les mesures de précaution, à savoir le port du masque et le respect de la distance de sécurité, sont bien prises en compte.
Mère de huit enfants, Wahbi Tanatra s’apprête à rompre le jeûne avec sa famille en Cisjordanie. Ils ont passé la journée à cuisiner ensemble le musakhan, un plat traditionnel palestinien composé de poulet rôti, d’oignons frits, de sumac et de pignons de pin frits, le tout servi sur un morceau de pain Taboun imbibé d’huile d’olive.
La maman de la photographe lui a donné des feuilles de menthe cueillies dans l’enceinte de la mosquée. Elles trônent désormais sur le rebord de sa fenêtre à New York.
Sameeh Eid, le père de la photographe, récite la Tahiyat al-Masjid, prière de salutation de la mosquée, à Dar Al Jalal le premier jour du Ramadan. En raison de son handicap, il s’assoit sur une chaise lorsqu’il prie.
La mosquée Dar Al Jalal à Hazelwood dans le Missouri est fermée depuis des semaines en raison du coronavirus. Les rituels du Ramadan sont entravés par le confinement. « Nous n’allons plus au masjid (mosquée), nous ne partageons pas l’iftar ensemble, c’est à peine si nous nous voyons. Les membres de la famille ne se rassemblent plus », affirme Suhad Eid, la maman de la photographe.
Sur la photo, on peut voir la lune le deuxième soir du Ramadan à Islamabad au Pakistan. L’islam utilise un calendrier lunaire et l’observation du nouveau croissant de lune marque le début du mois sacré.
La mère de la photographe l’accueille à la porte d’entrée. « J’étais surprise de voir à quel point elle était ravie de me voir, malgré la distance », souligne-t-elle. « Elle m’a écrit une semaine plus tard, après mon retour à New York. ‘On aurait dit un rêve.’ En parlant de mon passage éclair à la maison.
Après avoir distribué les repas à la communauté de Bay Ridge à Brooklyn, les bénévoles et les employés des mosquées se rassemblent pour la tarawih, une prière nocturne propre au mois de Ramadan.
En Cisjordanie, d’ordinaire en pleine effervescence durant le Ramadan, il règne un silence sépulcral. Les mosquées sont fermées. C’est à peine si on distingue au loin quelques lumières scintillantes. Il est permis de visiter sa famille mais tout déplacement est interdit après 19h30.
Tanatra discute avec deux de ses fils avant l’iftar, le repas du soir qui permet de rompre le jeûne. Jamal, à gauche, a récemment obtenu la permission de retourner au travail. Il travaille dans une boulangerie où il fait de la kenafeh, une pâtisserie populaire. Il est très enthousiaste à l’idée de gagner de l’argent et d’en économiser pour son mariage, retardé en raison de la pandémie.
Sameeh et Suhad Eid, les parents de la photographe, marquent un temps de prière après l’iftar chez eux à Saint Charles dans le Missouri. La photographe est arrivée de New York le premier jour du mois sacré mais a gardé ses distances au cas où elle aurait contracté le coronavirus. « C’est comme si j’étais là sans vraiment l’être », confie-t-elle.
