2020, l'année qui nous a isolés en images
Confiné, stressé : notre monde socialement distancié

L’école vide. Cracovie, Pologne. Fondée en 1364, l’université Jagellonne a survécu aux tourmentes religieuses, ainsi qu’aux annexions et à deux guerres mondiales, sans oublier la déportation de 155 professeurs en camp de concentration nazi, en 1939. Mais, le 10 mars 2020, l’université, l’une des plus anciennes institutions pédagogiques européennes, a interrompu les cours et fermé de nombreuses activités sur le campus. La principale salle de lecture, ici en photo, a pris un air de désolation. À l’université Jagellonne, l’année 2020-2021 est un mélange de cours en ligne et d’enseignement à distance.
Le virus emporte un roi. La Nouvelle-Orléans, Louisiane, États-Unis. La couronne de roi zoulou du Mardi gras que Larry Hammond portait en 2007 repose sur un fauteuil, dans sa maison, à La Nouvelle- Orléans. Le Zulu Social Aid and Pleasure Club couronne un roi chaque année, selon une tradition qui remonte officiellement à 1916. Hammond est mort le 31 mars de complications liées à la Covid-19. Ce vétéran du Viêt Nam était retraité des services postaux des États-Unis. Bien avant son couronnement comme roi du carnaval, des habitants célèbres de La Nouvelle-Orléans, tel Louis Armstrong, avaient détenu le titre. Le virus a très durement frappé les 800 membres du club social : au moins huit sont morts, et des dizaines d’autres ont été malades.
Infirmières au bord de l'épuisement. Mons, Belgique. Lors d’une brève pause sur le front continu du traitement des malades du coronavirus, Caroline Quinet (à gauche) et Yasmina Cheroual se reposent à l’extérieur du CHU Ambroise-Paré. Ce duo d’infirmières, qui ne se connaissent que depuis quelques mois, fait de longues heures de garde dans l’unité de soins intensifs. Les hôpitaux belges, à l’instar de nombreux établissements de soins dans le monde, ont été submergés par l’afflux de patients atteints par le nouveau virus, virulent et toujours changeant. En détachement de leurs activités habituelles, ces infirmières se sont muées en travailleuses à plein temps de la Covid-19, servant de renforts dans une bataille longue et épuisante.
Les petits gestes. Moscou, Russie. «Ça faisait un choc, à l’intérieur des hôpitaux», dit Nanna Heitmann, qui a photographié Moscou sous confinement. À l’hôpital N° 52, le personnel médical, à l’image de cette infirmière, tend des fleurs aux vétérans de la Deuxième Guerre mondiale et à d’autres patients âgés pour commémorer le Jour de la victoire, en mai. Un médecin a apporté une guitare et offert aux résidents une sérénade de vieilles chansons de guerre soviétiques.
Un nouveau monde : communiquer par vidéo. Boulder, Colorado, États-Unis. Un appel d’anniversaire par l’application Zoom se réfléchit dans les lunettes de Brendan Davis. Mais les experts en santé mettent en garde : nos cerveaux ne sont guère conçus pour supporter des interactions en ligne intenses, prolongées et pleines de signaux sociaux.
Un stade clairsemé. Paris, France. C’est en très petit comité que s’est déroulée la finale du simple messieurs de l’édition 2020 du tournoi de tennis de Roland-Garros. L’Espagnol Rafael Nadal a battu le Serbe Novak Djokovic devant des tribunes presque vides. Face à la pandémie, le tournoi printanier s’est tenu pour la première fois de son histoire à l’automne, avec un quota de 1 000 spectateurs par jour, contre 35 000 en temps normal. La Covid-19 a bouleversé les compétitions sportives dans le monde entier. Certaines ont dû se dérouler à huis clos, comme une partie des matches de la Ligue des champions ; d’autres ont été annulées ou reportées, tels les JO de Tokyo, décalés à l’été 2021.
Un voyage vers nulle part. France. De très nombreux vols ayant été annulés, ce train entre Paris et l’aéroport Charles-de-Gaulle était presque vide. Le confinement a été instauré à la mi-mars, et Paris est devenue l’une des premières villes emblématiques du monde à s’arrêter face au coronavirus. William Daniels ne l’avait jamais vue si tranquille: «Un jour où je prenais des photos à l’entrée principale du centre commercial des Halles, j’ai entendu des oiseaux chanter. Je ne m’étais jamais aperçu qu’il pouvait y avoir des oiseaux aux Halles. Cela m’a donné de l’espoir.»
Seule et si loin de chez elle. Amman, Jordanie. Réfugiée soudanaise, Fatima Mohammad, 37 ans, se tient près de son fils, Sami, 3 ans, qui dort. La Jordanie est le deuxième pays du monde accueillant le plus de réfugiés par habitant (après le Liban). Plus de 100 000 déplacés y vivent dans des camps, et 542 700 autres dans des villes et des villages. Le confinement a frappé plus durement les réfugiés des villes. En Jordanie, les réfugiés non syriens n’ont droit ni à un permis de travail ni à une aide financière du gouvernement. Le lendemain de la prise de cette photo, un confinement de trois jours a été instauré pour enrayer la propagation de la Covid-19, interdisant aux travailleurs non essentiels de quitter leur logement.
L’art sans public. Milan, Italie. Les Trois Grâces, une sculpture du XIXe siècle due à Antonio Canova, s’étreignent dans la rotonde vide de la Gallerie d’Italia, à Milan. Au printemps dernier, les musées italiens ont été fermés au public. Plus tard, les musées européens ont rouvert lentement, avec règles de distanciation sociale, contrôle de la température des visiteurs et fréquentation limitée. La perte des revenus de la billetterie menace l’existence des petites structures privées. Selon le Conseil international des musées, jusqu’à 10 % des musées du monde pourraient fermer de façon définitive.
Cieux vides, routes désertes. Yogyakarta, Indonésie. Au lendemain du gel temporaire des vols commerciaux et des voyages maritimes, rien ne bouge à l’aéroport international de Yogyakarta, dans le centre de Java, une nouvelle infrastructure pouvant accueillir 20 millions de voyageurs par an. En avril 2020, moins d’un mois après son ouverture officielle, le gouvernement a décrété des restrictions sévères aux entrées et sorties du pays durant la pandémie. Le ciel est resté brièvement libre. L’aéroport a rouvert en août. Le président a promis qu’il serait le plus actif du pays quand le vaccin contre la Covid-19 aura été mis au point.
