Le souci, une fleur emblématique en Inde et au Mexique
Depuis des décennies, nos photographes capturent la joie que procurent les soucis, des fleurs colorées qui sont devenues un élément emblématique de nombreuses célébrations telles que Divali ou le Día de los Muertos.

Les couleurs orange, jaune et rouge des soucis décorent la table que les vendeurs de fleurs ont dressée dans les rues de Jaipur, au Rajasthan, en Inde. Ces fleurs sont présentes dans toute l'Inde pendant les festivals et jouent un rôle tout aussi important lors du jour des Morts au Mexique.
Une femme se tient sous un parapluie dans un cimetière pour le jour des Morts, ou Día de los Muertos. À l'époque préhispanique, les Nahuas utilisaient les soucis (également appelés cempasúchil, la fleur des 400 vies) pour honorer leurs morts qui, selon eux, pouvaient rester en vie par la mémoire et l'esprit. Ces fleurs avaient également des vertus médicinales : un document datant du 16e siècle indique qu'elles étaient utilisées pour soulager le hoquet et soigner les personnes qui avaient été frappées par la foudre.
Des personnes en deuil allument des bougies sur des tombes pour le jour des Morts à Santa María Atzompa, au Mexique. Selon la croyance, les âmes des morts reviendraient sur Terre lors de cette fête, qui a lieu les 1er et 2 novembre. De nombreuses familles décorent les tombes de leurs proches avec des soucis, dont l'odeur enivrante et les couleurs vives sont censées attirer les esprits. Certaines familles créent même des chemins de soucis pour permettre aux âmes de leurs êtres chers de rentrer chez elles.
Une tombe ornée de fleurs lors de la célébration du jour des Morts à San Antonino, au Mexique. Les soucis ayant selon la croyance des propriétés purificatrices, certaines familles les disposent en forme de croix pour purifier l'âme de leurs proches.
Pendant le jour des Morts, une femme zapotèque veille devant l'autel installé dans sa maison. Les familles construisent également des autels avec des ofrendas, des offrandes, pour honorer les êtres chers qui les ont quittées. Les autels sont souvent éclairés à la lumière des bougies et ornés de bouquets de soucis.
Les Mayas célèbrent leur propre version du jour des Morts, une célébration appelée Hanal Pixán, qui signifie « nourriture pour les âmes ». Ils créent eux aussi des autels en l'honneur de leurs proches décédés, et les ornent de soucis, de bougies et d'offrandes de fruits frais destinés à nourrir les esprits des défunts.
Des femmes célèbrent la Holi au temple Gopinath, en Inde. Les fleurs font depuis longtemps office d'offrandes aux dieux lors des cérémonies hindoues. Elles sont également utilisées en tant que symbole de respect et d'admiration pour les politiciens, les couples mariés et les morts. « … les fleurs sont la nourriture de l'esprit, un signe de respect et d'amour », écrit l'anthropologue Jack Goody dans son livre The Culture of Flowers. Après l'arrivée des soucis en Asie du Sud, ces fleurs ont rapidement commencé à être utilisées dans des festivals très colorés comme celui-ci.
Un vendeur du marché aux fleurs de Mullick Ghat à Kolkata porte des guirlandes de soucis orange. « Aujourd'hui, la culture des fleurs en Inde est dominée par les guirlandes qui ornent les épaules de tous, des politiciens aux statues, en passant par les couples mariés et les morts », écrit Jack Goody.
Un vendeur du marché aux fleurs de Mullick Ghat à Kolkata porte des guirlandes de soucis jaunes.
Les vendeurs se disputent le vaste marché aux fleurs de Malik Ghat, où les guirlandes de soucis sont vendues pour servir de décorations dans les mariages, les festivals et les événements religieux. Jack Goody écrit que ces fleurs « connaissent une demande constante » en Inde, mais surtout pour Divali, la fête la plus importante du pays qui célèbre le triomphe du bien sur le mal.
Un marié est accueilli dans la maison de sa future épouse lors d'un mariage traditionnel dans l'Himalaya. Dans certaines communautés, la famille de la mariée doit présenter un plateau d'argent contenant du riz et d'autres objets de bon augure : dans ce cas, des pétales de souci. Les soucis sont comestibles et ont même été représentés comme un en-cas dans le film indien Le Mariage des moussons.
Un souci décore le bout de l'épée d'un participant sikh de festival, à Jaipur. Cette photographie a été publiée dans le numéro de mai 1963 de National Geographic, consacré à la culture du sous-continent indien. Bien que souvent associés aux festivals hindous, les soucis ont une signification particulière pour de nombreuses confessions à travers l'Inde.
Au milieu d'un mélange de soucis, de déchets plastiques et d'ordures, un homme plonge dans le fleuve Gange qui, selon la croyance, purifierait l'âme. Les soucis sont également omniprésents dans le festival hindou Ganga Dussehra, qui célèbre le jour de l'arrivée du fleuve sacré descendu du ciel sur Terre.
L'archéobotaniste Jack Harlan s'est émerveillé de l'abondance des soucis lors du festival de Dussehra organisé en 1960 dans la vallée de Kullu, au nord-ouest de l'Inde. « Les soucis étaient partout. Des guirlandes étaient vendues dans la rue, drapées dans les tentes, suspendues au-dessus des portes, portées autour du cou », écrit-il. « Le souci est une fleur sacrée dans la vallée de Kullu, et des variétés de maïs et de poivrons ont été cultivées pour correspondre à sa couleur. »
Des pétales de souci sont éparpillés dans le temple de Kusum Sarovar, un réservoir d'eau sacré de l'Uttar Pradesh. Selon la légende, le dieu hindou Krishna se rendait dans la forêt qui entoure le réservoir, où il confectionnait des guirlandes de fleurs pour la déesse Radha.
Des guirlandes de soucis sont suspendues au-dessus de la tête des pèlerins hindous au temple de Jageshwar, dans l'Himalaya. Jageshwar est le plus grand complexe de temples au monde : il en réunit plus de 125 de toutes tailles, tous dédiés à Shiva, un dieu qui a le pouvoir de détruire et de recréer l'univers.
Une jeune fille qui a perdu son père vend des fleurs pour les offrandes des prières, près de la rivière sacrée de Yamuna, à Vrindavan, dans l'État indien de l'Uttar Pradesh.
