Comment vivre heureux grâce à nos hormones ?

La libération des hormones du bonheur que sont la dopamine, la sérotonine, les endorphines et l’ocytocine est liée à des choix spécifiques de mode de vie, d’exercice et d’alimentation. Découvrez ce qui déclenche chacune de ces réactions chimiques.

De Daryl Austin
Publication 16 août 2023, 11:02 CEST
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Profiter du soleil, faire de l'exercice et méditer sont autant d’activités qui libèrent de la sérotonine, une source naturelle de bonne humeur.

PHOTOGRAPHIE DE Kent Kobersteen, Nat Geo Image Collection

Partout dans le monde, il nous arrive de déclencher la libération d’hormones du bonheur sans même nous en rendre compte ; les athlètes courent après l’euphorie de l’effort, nous rions aux éclats face à une plaisanterie et les couples vivent des moments uniques sous la couette.

Cependant, ces réactions chimiques ne sont pas associées à toutes les activités physiques et certains comportements font plus de mal que de bien à long terme. En outre, la libération de ces substances ne se fait pas toujours naturellement. Chez certaines personnes, il existe des troubles génétiques ou d’autres facteurs qui affectent la capacité à produire ou à métaboliser ces hormones. Dans ce cas, la prescription de médicaments n’est pas seulement utile, elle est indispensable.

Pour tous les autres en revanche, il peut être intéressant de comprendre les facteurs qui déclenchent naturellement la libération de chaque hormone. Quels sont les comportements à adopter pour stimuler ces hormones du bonheur et comment fonctionnent-ils ? Voici la réponse à toutes vos questions.

 

LES HORMONES DU BIEN-ÊTRE 

Cette image obtenue par microscopie en lumière polarisée présente des cristaux d’ocytocine. L’ocytocine est à l’origine des contractions de l’utérus pendant l'accouchement et stimule également l’écoulement du lait chez les femmes qui allaitent. Cette hormone contribue par ailleurs à améliorer les interactions sociales en encourageant les individus à nouer et à développer des connexions sociales plus profondes.

PHOTOGRAPHIE DE Image By ALFRED PASIEKA, SCIENCE PHOTO LIBRARY

Le cerveau répond à divers stimuli en produisant des messagers chimiques, les fameuses hormones, qui circulent dans le système sanguin vers différentes régions de l’organisme pour déclencher des fonctions ou des émotions spécifiques. La dopamine, la sérotonine, les endorphines et l’ocytocine constituent un groupe à part surnommé les « hormones du bien-être. » La libération de chacune de ces substances est associée à des choix particuliers de mode de vie, d’exercice et d’alimentation.

La quantité d’hormones libérées et le moment de la libération dépendent, en partie, de la façon dont une personne perçoit un aliment ou une activité donnés. Par exemple, Anna Lembke nous confie être une inconditionnelle du chocolat, c’est pourquoi lorsqu’elle s’imagine en train de déguster un carré, son cerveau libère une dose de dopamine qui lui procure une sensation de plaisir. Cela « crée naturellement la motivation ou l’envie de faire le nécessaire pour en obtenir, » nous explique la psychiatre et professeure à l’École de médecine de l’université de Stanford. Ainsi, en raison de sa perception de la friandise, l’hormone lui délivre non seulement une récompense lorsqu’elle mange du chocolat, mais elle la pousse également à en trouver plus lorsqu’elle y pense.

Cependant, les substances chimiques comme la dopamine ne sont pas censées être en permanence présentes et doivent être « désactivées » pour mener à bien leur mission à la prochaine occasion. « Si la dopamine d’un lion était tout le temps active, il courrait après tout, tout le temps, et n’aurait pas l’énergie nécessaire pour l’emporter face à une cible de choix, » explique Loretta Graziano Breuning, professeure émérite au sein de l’université d’État de Californie à East Bay et coauteure du livre Habits of a Happy Brain.

 

DOPAMINE, LA RÉCOMPENSE ULTIME 

Alors que le corpus d’études scientifiques témoigne d’une controverse quant à la façon dont les neurones producteurs de dopamine renforcent les comportements acquis au lieu d’en inciter de nouveaux, il a été établi que ce neurotransmetteur de la bonne humeur reconnaît et récompense certaines activités plus que d’autres.

La dopamine est produite dans deux sites adjacents du cerveau moyen, l’aire tegmentale ventrale (ATV) et la substance noire. Les études montrent que la fonction primaire de la dopamine est d’assurer le système de récompense du cerveau.

Les envies satisfaisantes de nourriture comme le chocolat, la réalisation d’un objectif et les activités liées au bien-être comme la course à pied ou le simple fait de prendre une douche chaude peuvent toutes déclencher une libération de dopamine qui induit un sentiment de bonheur et le désir de retourner à cet aliment ou à cette activité.

L’alcool et certaines substances peuvent également libérer un flux de dopamine et créer un sentiment d’euphorie, mais « l’utilisation répétée de ces substances peut conduire à des taux anormalement faibles de transmission de dopamine et même à un déficit de dopamine, comparable à un état de dépression clinique, » explique Lembke. C’est pourquoi elle recommande un déclenchement naturel de la libération de dopamine, en faisant le nécessaire pour libérer cette hormone à travers des activités comme l’exercice physique, « afin que les niveaux de dopamine augmentent lentement au cours de l’activité et restent élevés après celle-ci. »

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    Le rire déclenche la libération d’endorphines, qui aident à réduire le stress.

    PHOTOGRAPHIE DE Rosem Morton, Nat Geo Image Collection

    SÉROTONINE, LE SECRET DE LA STABILITÉ 

    La sérotonine est connue comme le « stimulant naturel de l’humeur », car ce neurotransmetteur est lié à la dépression en cas de faibles concentrations. C’est pourquoi  le fonctionnement de certains antidépresseurs repose sur l’augmentation des niveaux de sérotonine. Des études montrent que l’hormone influence également la mémoire, améliore le rythme d’apprentissage et favorise la relaxation.

    Même si d’infimes quantités de sérotonine proviennent du tronc cérébral, l’hormone est « en grande partie produite par des cellules spécialisées de l’intestin, » indique Emeran Mayer, directeur du G. Oppenheimer Center for Neurobiology of Stress and Resilience rattaché à l’université de Californie à Los Angeles.

    Profiter du soleil, faire de l’exercice et méditer sont autant d’activités qui peuvent déclencher la libération de sérotonine, tout comme le fait de devenir autonome et de prendre soin de soi. « Lorsque vous croyez en votre capacité à satisfaire vos besoins, votre cerveau de mammifère vous récompense en libérant de la sérotonine, » indique Breuning.

     

    ENDORPHINES, LE BOUCLIER ANTISTRESS

    Si vous avez déjà réussi à vaincre la douleur infligée par un sprint à flanc de colline, vous pouvez remercier les endorphines pour ce sursaut de motivation. Partageant son étymologie avec un opioïde, la morphine, « les endorphines sont les antidouleurs naturels de notre organisme, » résume Breuning. Le neurotransmetteur est synthétisé et stocké dans l’hypophyse, située à la base du cerveau, derrière l’arcade du nez.

    En plus de nous aider à ignorer la douleur, les études montrent que les endorphines peuvent également réduire le stress et améliorer notre humeur.

    Les endorphines sont libérées par l’activité physique, par un divertissement comme de la musique ou un film, mais aussi par le rire. « Le rire contracte des muscles profonds qui ne sont pas souvent activés, ce qui vous procure une petite étincelle d’endorphines, » explique Breuning.

    L’hormone est également souvent associée à l’ivresse du coureur évoquée plus haut, mais une étude menée par l’école de médecine de l’université Johns Hopkins à Baltimore suggère que cette euphorie post-effort serait plutôt le fruit de la libération d’autres substances biochimiques également produites par l’organisme, les endocannabinoïdes.

     

    OCYTOCINE, LA FORCE DU LIEN SOCIAL

    Surnommée « hormone de l’amour » avant que diverses études attestent d’un potentiel autrement plus étendu, l’ocytocine est produite par l’hypothalamus et libérée dans le système sanguin par l’hypophyse.

    D’après les recherches menées sur le sujet, sa fonction principale serait d’accompagner la naissance, la période du post-partum et la lactation chez la mère ; mais l’ocytocine contribue également à l’amélioration des relations sociales et nous incite à nouer des connexions plus profondes. À cet égard, l’hormone aide l’Homme tout comme elle aide les animaux non humains.

    « Lorsqu’un animal devient trop isolé, un prédateur peut l’éliminer en un clin d’œil, » explique Breuning. C’est pour cette raison, poursuit-elle, que l’isolement déclenche naturellement des émotions négatives. D’un autre côté, l’ocytocine « déclenche une sensation de bien-être lorsque le mammifère retrouve la sécurité du soutien social. »

    Professeur de psychologie et de neuroscience à l’université du Michigan, Kent Berridge ajoute que la libération de l’hormone n’est pas toujours la manifestation d’un bon sentiment. En effet, l’ocytocine peut également accroître le sentiment de jalousie, « elle peut donc promouvoir des émotions sociales positives ou négatives, » explique-t-il.

    Le contact physique comme les étreintes, les embrassades ou les rapports sexuels sont autant de déclencheurs infaillibles de la libération d’ocytocine. Il a également été démontré que le fait de participer à une conversation, de rendre service ou d’interagir avec un animal provoquait une libération de la substance chimique.

     

    UNE HISTOIRE DE TEMPS

    Quel que soit le comportement déclencheur, Breuning indique que chaque hormone est conçue pour être uniquement « libérée en petits sursauts. » Une fois la substance métabolisée, dit-il, « la sensation de bonheur prend fin. »

    Mayer nous explique que la bouffée de bien-être induite par les endorphines et la dopamine dure moins longtemps, alors que celle induite par la sérotonine et l’ocytocine « sont plus durables. »

    Peu importe la durée de cette « euphorie naturelle », notre organisme finit toujours par retrouver son niveau hormonal initial, jusqu’à la prochaine récompense ou motivation, qu’elle soit nécessaire ou recherchée. Ainsi, conclut Breuning, « nous devons toujours redoubler d’efforts pour en avoir plus. »

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