Vaut-il mieux dormir sur le ventre ou sur le dos ?

Devrions-nous dormir sur le dos, sur le côté ou sur le ventre ? Selon certains spécialistes du sommeil, tenter de contrôler la position que nous adoptons par défaut pourrait faire plus de mal que de bien.

De Erin Blakemore
Publication 9 avr. 2024, 18:54 CEST
Sleep_Position_GIF

Du fonctionnement de votre respiration au bon alignement de votre colonne vertébrale, la position dans laquelle vous dormez peut avoir de nombreux effets sur votre corps. Pourtant, selon certains experts, essayer de changer de position de sommeil pourrait faire plus de mal que de bien.

PHOTOGRAPHIE DE Rebecca Hale, National Geographic

Comment avez-vous dormi la nuit dernière ? Comme la plupart d’entre nous, il est probable que vos positions de sommeil suivent un cycle similaire nuit après nuit : vous commencez par vous installer dans votre position préférée et, une fois que vous êtes endormis, vous commencez à bouger et changez de position tout au long de la nuit.

Si vous vous demandez si la position dans laquelle vous dormez vous garantit un sommeil optimal, vous n’êtes pas seul. En effet, de nombreux conseils, recommandations et informations parfois contradictoires associent certaines positions à divers avantages ou inconvénients pour la santé, et le marché regorge de produits sophistiqués promettant de vous apprendre à dormir autrement.

Pourtant, nous n’avons que très peu de contrôle sur la position de notre corps pendant que nous dormons et, selon certains spécialistes, il serait préférable de ne pas forcer les choses.

« Parfois, essayer de contrôler sa position peut faire plus de mal que de bien », révèle Raman Malhotra, ancien président de l’Académie Américaine de la Médecine du Sommeil et professeur de neurologie à l’école de médecine de l’Université de Washington.

Que savons-nous vraiment des positions que nous adoptons pendant la nuit, et que pouvons-nous faire pour nous assurer un sommeil optimal ?

 

NOTRE POSITION DE SOMMEIL EST-ELLE LIÉE À NOTRE PERSONNALITÉ ?

Selon le psychologue Samuel Dunkell, auteur d’un ouvrage populaire de psychologie paru en 1977 dans lequel il qualifiait les positions de sommeil de « langage nocturne du corps », ces dernières donneraient des indications sur les traits de personnalité et la psychologie des individus.

C’est cette théorie qui a incité Joseph De Koninck, psychologue au Canada, à se demander comment nous passons réellement nos nuits. Pour le découvrir, le spécialiste a conçu une méthode consistant à photographier les positions de sommeil de ses patients tout au long de la nuit sans les réveiller. Cette expérience, qui reposait sur l’utilisation d’une caméra Super-8, a déclenché une nouvelle vague de recherches sur le comportement des individus pendant leur sommeil.

Le psychologue, aujourd’hui professeur émérite à l’Université d’Ottawa, a rapidement conclu que la position d’une personne n’était en aucun cas liée à sa personnalité, ses préférences, ni même avec la phase de sommeil en cours. En outre, selon lui, « nous ne restons pas nécessairement dans la position que nous adoptons pour nous endormir tout au long de la nuit. »

La science a toutefois permis de donner quelques réponses. Les recherches de De Koninck ont par exemple montré que les changements de position tendent à diminuer avec l’âge, et que les personnes plus âgées préfèrent de loin dormir sur le côté droit, une position qui pourrait contribuer à réguler la tension artérielle. D’autres études montrent également que nous passons en moyenne plus de la moitié de notre temps de sommeil sur le côté, et que les patients âgés et en surpoids bougent moins que les patients plus jeunes.

 

PEUT-ON, ET DOIT-ON CHANGER DE POSITION ?

Après des dizaines d’études sur le sujet, De Koninck est désormais convaincu que la position de sommeil est déterminée par l’anatomie et la physiologie des individus, plutôt que par leur psychologie. De plus, une fois endormi, le corps prend le contrôle et choisit lui-même sa position.

Malhotra partage cet avis. « Il est clair que certaines positions sont plus confortables pour certains patients que pour d’autres », affirme-t-il. Par exemple, une blessure à la jambe ou à l’épaule gauche nous incitera probablement à dormir sur le côté droit. Cependant, une fois que nous sommes endormis, il peut s’avérer extrêmement frustrant et chronophage d’essayer de s’entraîner à éviter certaines positions spécifiques.

« Il est très difficile de contrôler la position d’une personne pendant la nuit. » La majorité des patients pour qui il est nécessaire de changer de position sont ceux qui dorment sur le dos et souffrent d’apnée du sommeil, un trouble qui provoque des arrêts respiratoires à plusieurs reprises au cours de la nuit.

Pour apprendre à ne plus dormir sur le dos, certaines personnes se tournent vers des appareils sophistiqués de contrôle de la position de couchage, qui vibrent ou se gonflent lorsqu’ils détectent que le patient s’installe dans une position inadaptée. D’autres se contentent d’attacher une balle de tennis au dos de leur pyjama afin de rendre cette position inconfortable, une méthode plus simple qui, selon des études, serait tout aussi efficace que les appareils spécialisés.

Malgré tous ces efforts, apprendre à adopter une nouvelle position de sommeil par défaut peut prendre des mois, et les échecs sont fréquents. Les études montrent que les patients ont tendance à abandonner l’utilisation des balles de tennis et autres appareils spécialisés en raison de l’inconfort trop important qu’ils provoquent.

« Certains des dispositifs que nous recommandons peuvent perturber le sommeil des patients », explique Malhotra, et un sommeil de piètre qualité est lui-même associé à un large éventail de risques supplémentaires pour la santé, tels que de l’obésité, des accidents vasculaires cérébraux, des accidents et des troubles dépressifs.

 

DES MYSTÈRES PERSISTENT

Les spécialistes ont recours à des technologies de plus en plus performantes, telles que des accéléromètres, dans le cadre des études du sommeil. Pourtant, malgré ces avancées importantes, il demeure difficile de déterminer les avantages de certaines positions de sommeil, mais aussi de mettre à profit les informations dont nous disposons déjà sur ces dernières.

Des études menées sur des rongeurs suggèrent par exemple que le fait de dormir sur le côté permettrait d’améliorer les fonctions cognitives et de réduire le risque de démence, peut-être en aidant à éliminer les déchets cérébraux. Les résultats des études menées sur les animaux ne peuvent toutefois pas toujours être appliqués chez les sujets humains et, même si vous parveniez à entraîner votre corps à dormir sur le côté, il n’est pas certain que cela soit bénéfique pour la santé du cerveau à long terme.

Selon Malhotra, plutôt que de nous inquiéter au sujet d’un élément aussi difficile à contrôler, il peut être intéressant d’évaluer notre ressenti au réveil. « Le meilleur moyen de mesurer la qualité de notre sommeil reste d’analyser comment nous nous sentons le matin. » De manière générale, si vous vous sentez reposé, que vous ne souffrez pas d’apnée du sommeil ou d’autres douleurs, selon la science, il n’est pas nécessaire de vous préoccuper de la position que vous prenez pendant votre sommeil.

Ainsi, la prochaine fois que vous allez vous coucher, fermez les yeux, détendez-vous et laissez la nature suivre son cours.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

les plus populaires

    voir plus

    les plus populaires

      voir plus
      loading

      Découvrez National Geographic

      • Animaux
      • Environnement
      • Histoire
      • Sciences
      • Voyage® & Adventure
      • Photographie
      • Espace
      • Vidéos

      À propos de National Geographic

      S'Abonner

      • Magazines
      • Livres
      • Disney+

      Nous suivre

      Copyright © 1996-2015 National Geographic Society. Copyright © 2015-2024 National Geographic Partners, LLC. Tous droits réservés.