Partez à la découverte des merveilleux paysages des Andes, du Chili à la Bolivie

Grâce à ses étapes inoubliables et ses nouveaux lodges luxueux, ce parcours d'aventure propose de découvrir les espaces naturels de l'Amérique du Sud, du désert d'Atacama au salar d'Uyuni, comme jamais auparavant.

De Jamie Lafferty
Photographies de Jamie Lafferty
Publication 24 juil. 2023, 18:47 CEST
Explora fournit tous les éléments nécessaires pour effectuer le voyage de 525 km qui sépare le désert ...

Explora fournit tous les éléments nécessaires pour effectuer le voyage de 525 km qui sépare le désert le plus étrange du Chili et l'immense étendue salée d'Uyuni.

PHOTOGRAPHIE DE Jamie Lafferty

Pour continuer notre route vers les parties boliviennes de l’Altiplano, nous avons dû laisser les arbres derrière nous. Notre destination n’est de toute façon pas un endroit pour eux. La sécheresse leur serait fatale, et même s’ils parvenaient à trouver de l’eau, les vents féroces auraient inévitablement raison d’eux. Dans cette région de haute altitude, la vie a dû recourir à des méthodes d’adaptation extrêmes pour subsister ; il n’est pas aisé de trouver de l’eau et de la nourriture à plus de 4 250 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les arbres, de leur côté, n’ont pas encore trouvé de solution.

Dans ces hauteurs, les paysages présentent des couleurs d’une beauté psychédélique, presque surréaliste. Lorsque nous arrêtons notre 4x4, Micaela Díaz, ma guide chilienne, m’explique que la vallée dans laquelle nous nous trouvons porte le nom de désert Salvador Dalí. « Parce qu’elle est plutôt étrange, vous ne trouvez pas ? »

C’est l’une des premières étapes de la nouvelle version d’un parcours emblématique proposé par l’agence de voyages Explora : La Travesía, qui signifie « la traversée » en espagnol. Ce dernier relie deux des paysages les plus étranges d’Amérique du Sud : l’Atacama au Chili, le désert non polaire le plus aride du monde, et le salar d’Uyuni en Bolivie, la plus grande étendue de sel au monde. Ce road trip s’étend sur environ 525 km de chemins isolés. Nous voyageons en 4x4 et, selon le programme, nous nous arrêterons dans trois nouveaux lodges d’Explora, installés tout au long de la route afin de diviser le périple en plusieurs parties. Le toit du véhicule est chargé de carburant et de pneus de secours, des précautions qui viennent nous rappeler que nous sommes bien loin des routes que nous avons l’habitude de parcourir.

À une heure au nord de San Pedro de Atacama, au Chili, des gisements de minéraux créent un paysage psychédélique.

PHOTOGRAPHIE DE Jamie Lafferty

Le voyage a commencé il y a quelques jours dans le village chilien de San Pedro de Atacama, la capitale touristique du désert, dans un hôtel exploité par Explora. Ici, presque tous les soirs, le soleil se couche dans un ciel dégagé et envoie ses derniers rayons sur le pic du volcan Licancabur, qui surplombe le village. J’étais un routard aguerri lorsque j'ai aperçu ce superbe sommet pour la première fois, à la fin de l’été 2011. 

À l’époque, tout comme aujourd’hui, j’étais arrivé à San Pedro pour effectuer la fameuse traversée de l’Altiplano, et ainsi passer du Chili à la Bolivie. Le voyage que propose Explora est 100 fois plus cher que celui que j’avais réalisé à l’époque, et autant de fois plus confortable, mais les dures réalités de cet environnement, quant à elles, restent les mêmes.

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    Le nouveau lodge d'Explora à Uyuni qui, de loin, peut ressembler à un élégant conteneur, est situé loin de l'agitation et son personnel est composé uniquement de Boliviens.

    PHOTOGRAPHIE DE Explora

    Je suis accompagné de Micaela, surnommée Mika, et du chauffeur bolivien Silvio Huayca Ricaldi. Avant le lancement du voyage d’Explora, Mika était membre de l’équipe d’éclaireur.ses visant à trouver des moyens astucieux d’éviter les touristes qui dominent depuis longtemps la route avec leurs sacs à dos, mais aussi à concevoir les activités proposées dans chacun des lodges établis le long du parcours.

    Nous sympathisons rapidement en apprenant que nous avons tous les deux déjà effectué cette traversée, il y a plus de dix ans, la même année. « Tout était précaire, et il n’y avait pas de douches », se rappelle-t-elle alors que nous nous dirigeons vers le nord en direction des geysers d’El Tatio pour une journée d’exploration non loin de notre base de San Pedro, point de départ de La Travesía. « Tout était précipité. Je me souviens qu’un soir, en arrivant dans notre refuge, j’ai eu l’impression que la soupe que je buvais me sauvait la vie. »

    Les geysers d’El Tatio, dans l’Atacama, constituent une première étape pour le moins intimidante. À des altitudes plus basses, j’avais pu voir l’herbe de la pampa se balancer dans le vent tout près de l’une des rares rivières de la région, mais ici, la terre semble surplomber un feu ardent. Une chaleur terrible sort du sous-sol et, en se heurtant à l’air froid du désert, crée les colonnes de vapeur permanentes caractéristiques de ce lieu. En entendant les gargouillements du sol, mon corps et mon esprit sont sur leurs gardes ; cependant, pour s’assurer que ma curiosité ne prenne pas le dessus, Mika me raconte l’histoire d’une touriste belge malchanceuse qui est ressortie avec des brûlures sur 75 % de son corps après être tombée dans l’une de ces fosses bouillantes. Je ne manque donc pas de rester en retrait.

    Quelques jours plus tard, nous prenons notre matériel et nous dirigeons vers la frontière, une zone poussiéreuse où sont réunis des chiens, des gardes et de nombreux touristes, qui ont tous la même destination en tête. À Laguna Blanca, le premier arrêt du côté bolivien, une longue file de voitures s’est formée. Au bord du lac, de nombreux touristes qui viennent de sortir de leur voiture remarquent la présence d’un flamant du Chili, installé seul dans l’eau. La tête en bas, celui-ci les observe ; mais alors que la foule commence à se rapprocher et à se faire plus bruyante, l’animal se redresse. Lorsque le premier touriste essaie inévitablement de prendre un selfie avec lui, le flamant se met rapidement à courir, et profite du vent violent pour s’éloigner du groupe d’humains qui l’observaient.

    À l'aube, alors qu'un vent froid souffle sur l'Altiplano, des flamants roses se blottissent les uns contre les autres.

    PHOTOGRAPHIE DE Jamie Lafferty

    Une partie de moi se demande si de telles scènes se reproduiront à chaque étape du voyage. Les flamants, bien qu’abondants, ont en effet tendance à se rassembler dans les mêmes lacs, et attirent ainsi un flot régulier de touristes : suivrons-nous ces groupes tout le long du trajet jusqu’à Uyuni ? Grâce à un long travail d’organisation, Mika s’est assurée qu’après cette première rencontre inévitable à la frontière, nous ne tomberons que rarement un autre véhicule au cours de notre aventure.

     

    DES TERRES ÉLOIGNÉES

    Chaque soir, nous planifions les détours et les activités pour les jours suivants. Nous déterminons les endroits parfaits pour des pique-niques et essayons de trouver les meilleures façons de photographier toute l’immensité de ce paysage, aucune ville importante n’étant sur la route.

    Les lodges d'Explora ont été conçus pour s’intégrer dans ces paysages grandioses avec un minimum de perturbation. Ils sont construits sur pilotis, afin de ne pas trop endommager les terres en contrebas, et emploient des travailleurs natifs de la région. Après sept heures de route cahoteuse, le premier lodge que nous voyons ressemble de loin à un conteneur industriel. Pourtant, contrairement aux apparences, l’intérieur se révèle confortable, pour ne pas dire luxueux. Avec les détours, les pauses repas, les randonnées et les rencontres avec la faune, nous n’avons que peu de temps à passer dans les lodges. Pourtant, ces derniers sont de loin supérieurs à toutes les autres solutions proposées le long de la route, chacun offrant de superbes vues sur l’Altiplano.

    Quelques heures après le désert Salvador Dalí, nous atteignons l’immense bassin de la Laguna Colorada, l’une des étapes les plus photogéniques du parcours. Un mélange complexe de minéraux s’est accumulé ici, conférant au lac une magnifique palette de couleurs. Des centaines de flamants de James profitent de ses eaux peu profondes pour se nourrir, et ajoutent des touches de rose au rouge, au blanc et au bleu qui les entourent. Sur la rive, un troupeau de vigognes, cousines des lamas et des alpagas de la région, ajoute des teintes d’or et d’orange.

    Depuis les années 1960, lorsque la population de ces camélidés extraordinairement robustes a gravement chuté à cause de la chasse pour sa viande et sa fourrure, des mesures de protection ont été mises en place pour les aider. Ce projet de conservation a connu un succès remarquable, les effectifs étant aujourd’hui estimés à plusieurs centaines de milliers d’individus en Bolivie, au Chili, en Équateur et au Pérou.

    Des vigognes sauvages se rassemblent près d'un rare point d'eau dans le désert d'Atacama, au Chili.

    PHOTOGRAPHIE DE Jamie Lafferty

    À les voir gambader sur l’Altiplano, ce constat semble presque miraculeux. Même sans la menace humaine, la nature ne facilite pas la tâche de ces animaux, que ce soit au travers de violentes intempéries ou de la prédation des insaisissables pumas. Ici, l’eau est souvent chargée de minéraux toxiques, et les arbustes salés semblent n’offrir que peu de nutriments. « Ils ont l’air mignons, mais ils sont résistants », explique Mika. « Nous en verrons beaucoup au cours de notre voyage. »

    Deux jours plus tard, notre randonnée autour de la Laguna Negra s’avère être l’une des meilleures du voyage ; le paysage et de la faune y sont saisissants. Ce terrain humide nécessite de sauter sur de petits îlots spongieux, et nous permet d’apercevoir des foulques géantes, des ouettes de l’Orénoque et des sarcelles de puna. Devant nous, un affleurement rocheux semble sortir tout droit du Roi Lion.

    « J’ai entendu dire qu’on a vu un chat des Andes là-haut », révèle Mika, sans quitter le promontoire des yeux. Ce félin au pelage épais et rayé est l’un des plus menacés d’Amérique ; il est rarement vu, et ses populations dans son habitat d’origine, les Hautes Andes, sont en déclin. « C’est un coin parfait pour eux ; ils ont beaucoup d’endroits pour se cacher et beaucoup de viscaches [un rongeur ressemblant à un lapin] qu’ils peuvent essayer de manger. »

     

    LE GRAND VIDE

    Vu d’en haut, ce nouveau paysage ressemble à une vallée enveloppée par une épaisse brume. La réalité, cependant, est bien plus étonnante : il s’agit d’un ancien lac qui s’est asséché il y a plusieurs milliers d’années, ne laissant derrière lui qu’une épaisse croûte de sel caractéristique au-dessus d’une immense réserve de lithium. Les sommets des montagnes sont en réalité des îles, et la blancheur infinie de ce sublime espace, connu sous le nom de salar d’Uyuni, constitue la dernière étape du circuit d’Explora.

    « Qu’en pensez-vous ? », me demande Mika, alors qu’elle prépare un pique-nique, installée sur le point de vue de Pukara Chillima, qui surplombe ce paysage singulier à flanc de montagne. Je n’ai pas vraiment de réponse à lui donner. Que penser de ce lieu presque mythique ? L’Amérique du Sud ne manque pas de paysages mondialement connus : le Christ Rédempteur au sommet du Corcovado à Rio de Janeiro, les ruines incas du Machu Picchu, les tours emblématiques du parc national Torres Del Paine au Chili, etc. Ces lieux sont définis par ce qu’ils possèdent, par leur géologie et leur iconographie, mais le plus grand salar du monde, quant à lui, est un grand vide, un lieu de privation.

    Il est difficile de décrire toute l’étrangeté de sa surface : croûtée comme de la vieille neige, mais plus agressive, moins indulgente. L’adhérence du sel sur mes chaussures de randonnée est extraordinaire ; il détruit mes semelles. Par endroits, à la surface, le processus d’évaporation millénaire a laissé des crêtes hexagonales ressemblant à des dalles bien installées dans ce que l’on pourrait appeler le jardin le plus étrange de la planète.

    Au salar d’Uyuni, les couchers de soleil sont un événement à ne pas manquer. Les ombres s’étirent sur le sol blanc, tellement immenses qu’elles pourraient appartenir à des créatures extraterrestres de 30 mètres de haut. Les derniers rayons du jour attrapent les petites crêtes et les agrandissent pour donner une image qui n’est pas sans rappeler la celle d’un kaléidoscope. Le dernier lodge d’Explora est installé tout près du salar, sur une presqu’île qui offre une vue imprenable sur cette terre d’ivoire inoubliable. La rive opposée du lac asséché se trouve à près de 130 mètres de là. 

    Le salar d'Uyuni, en Bolivie, regorge d'îles parsemées de cactus, dont l'Isla del Pescado.

    PHOTOGRAPHIE DE Jamie Lafferty

    Les activités proposées depuis le lodge consistent principalement à des balades au milieu du vide, en suivant des chemins tracés par les voitures de tourisme. D’autres offres culturelles sont accessibles sur la rive sud de la plaine salée. Un matin, nous visitons les Grottes des Galaxies, un réseau de grottes découvert par hasard par des cultivateurs de maïs dont les récoltes avaient, sans surprise, souffert du sol caustique de la région. Doña Martha Lopez, la veuve de l’un des hommes qui a découvert ces incroyables espaces en 2003, est aujourd’hui la gardienne de ce monde souterrain unique en son genre.

    La première grotte était remplie de chulpas, des tombes pré-incas, abritées du vent, mais ouvertes. « La plupart d’entre elles étaient vides, à l’exception des ossements », décrit-elle. « Nous avons commencé à chercher des colliers ou d’autres objets qu’ils auraient pu mettre en offrande, mais à la place, nous avons remarqué une forme particulière sur la paroi de la grotte. » Ils ont alors commencé à creuser, et ont ainsi mis au jour une deuxième grotte. Un étrange labyrinthe s’étendait devant eux, plein d’algues pétrifiées et de roches poreuses qui semblaient avoir été creusées par un vers géant et sa progéniture. Debout, j’observe ce lieu comme ces hommes l’ont sans doute fait deux décennies plus tôt, bien que les lumières dont il est désormais doté lui donnent un air aussi bien grandiose que hanté.

    Une demi-heure plus tard, le retour dans l’éblouissante étendue salée est presque un soulagement. Mika nous explique que pour notre dernière excursion, nous ferons une randonnée sur l’une des trente îles situées au milieu de ce lac préhistorique. L’Isla del Pescado est très fréquentée par les touristes inscrits à des voyages organisés à prix abordable au départ de la ville d’Uyuni. Nous dépassons les groupes et nous dirigeons vers une autre destination, presque secrète, où nous avons pour seule compagnie d’énormes cactus.

    L’ascension est relativement courte, mais à plus de 3 650 mètres d’altitude, les 45 minutes sont tout aussi exigeantes pour le souffle. Nous nous arrêtons pour boire et manger au sommet. La voiture de Silvio n’est plus qu’un minuscule point dans l’immensité blanche qui nous entoure. Je me lève pour prendre une photographie et, pendant une seconde, il n’y a pas de mise au point, et je ne peux pas dire si le flou vient de mon appareil, ou de moi.

    Cet article a été rédigé avec l'aide de Journey Latin America. Il a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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