Une vie en images : Sally Ride, femme astronaute et queer dans les années 1980

Il y a quarante-et-un ans, elle est devenue la première femme américaine à aller dans l’espace. Un documentaire inédit retrace le parcours de cette astronaute et femme de sciences hors du commun.

De Erin Blakemore
Publication 17 juin 2025, 10:32 CEST
Sally Ride, première femme américaine et membre de la communauté LGBTQ+ à se rendre dans l’espace, ...

Sally Ride, première femme américaine et membre de la communauté LGBTQ+ à se rendre dans l’espace, à bord de la navette spatiale Challenger, durant la mission STS-7 de juin 1983. Depuis Challenger, Ride a assisté au lancement de deux satellites de communication, a mené des expériences à bord et a testé le bras robotique et les fusées du vaisseau en orbite. L’équipage a passé six jours dans l’espace et a parcouru une distance de 4 millions de kilomètres.

PHOTOGRAPHIE DE NASA, Photographie de Mackenzie Calle

SALLY, documentaire National Geographic inédit, est disponible en streaming sur Disney+ et sera également diffusé samedi 22 juin à 21h sur la chaîne National Geographic.

À la mort de l’astronaute Sally Ride, une pionnière dans son domaine, des suites d’un cancer du pancréas en 2012, sa nécrologie comprenait une information, que toute une vie passée sous les projecteurs et les objectifs des journaux n’avait jamais révélée. L’astronaute partageait depuis vingt-sept ans sa vie avec une autre femme, Tam O’Shaughnessy.

Le fait que Sally Ride appartenait à la communauté LGBTQ+ a ajouté un intérêt public à ses exploits passés. Elle n’était désormais plus uniquement la première femme américaine à s’être rendue dans l’espace le 18 juin 1983, elle était également la première astronaute queer à l’avoir fait.

C’est une nouvelle dimension qui est venue s’ajouter à la vie de la physicienne, aussi brillante qu’intense, une membre d’équipage loyale et une fervente défenseuse de l’éducation scientifique. Et cela a également mené à se demander ce à quoi aurait pu ressembler sa vie, si elle n’avait pas vécu dans une période où l’homophobie et le sexisme étaient monnaie courante. La vie privée de Ride est dévoilée dans le film primé, SALLY, disponible en streaming sur Disney+ et qui sera diffusé sur la chaîne National Geographic le 22 juin à 21h.

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Tam O’Shaughnessy et Sally Ride, au cours d’un voyage en Australie en 2004, se tiennent devant le pont du port de Sydney. Les deux femmes se sont rencontrées lors d’une compétition du tennis, mais il aura fallu des années pour que leur amitié devienne une idylle. Bien que le couple ait été ouvert auprès de leurs amis et de leur famille, elles cachaient leur relation en public, surtout après avoir créé ensemble leur société d’éducation scientifique, Sally Ride Science. Elles craignaient de perdre leurs sponsors.

Ce n’est qu’après la mort de Sally Ride que le public a découvert la véritable nature de leur relation. En novembre 2013, Tam O’Shaughnessy a accepté, de la part du président de l’époque, Barack Obama, la Médaille présidentielle de la Liberté en l’honneur de Ride.

PHOTOGRAPHIE DE Tam O'Shaughnessy, Photographie de Mackenzie Calle

La photographe Mackenzie Calle a passé des années à documenter ce que cela signifie que d’être une astronaute LGBTQ+ à travers son projet, The Gay Space Agency.

Cette série de photos nous plonge dans la vie de tous les records de Sally Ride, qui a repoussé les frontières de l’exploration spatiale, et revient sur les accomplissements qui ont fait d’elle une icône des sciences, de l’histoire des femmes et de la communauté LGBTQ+.

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    La veste de combinaison spatiale que portait Sally Ride lors de la mission STS-7 est conservée au Centre Steven F. Udvar-Hazy du musée national américain de l'Air et de l'Espace.

    PHOTOGRAPHIE DE Mackenzie Calle, National Geographic

    Sally Ride a porté cet uniforme au cours de sa première aventure dans l’espace, le 18 juin 1983, à bord de la navette spatiale de la mission STS-7. Cette mission a été accompagnée de son lot de sexisme. Après l’annonce de la NASA qu’elle serait la première femme astronaute américaine, les journaux l’ont harcelée de questions portant sur sa tenue, ses organes reproducteurs et si elle avait l’intention d’avoir des enfants. « Ce sera le premier vaisseau dont la conduite sera critiquée », avait tenté de plaisanter le comédien Bob Hope. Un trait d’esprit qui ne fut pas apprécié.

    Sally Ride prit la décision de ne pas apporter de nécessaire de maquillage dans l’espace. Malgré les propositions des ingénieurs de la NASA, qui avaient offert de lui créer un kit de maquillage pouvant résister aux conditions d'un voyage dans l'espace, elle refusa l’idée. Les journalistes ont souvent commenté son visage constellé de taches de rousseur et toujours bien apprêté.

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    La raquette de tennis de Sally Ride, une Dunlop Maxply, conservée au Centre Steven F. Udvar-Hazy du musée national américain de l'Air et de l'Espace. C'est en jouant au tennis que, adolescente, elle a rencontré sa future compagne, Tam O'Shaughnessy.

    PHOTOGRAPHIE DE Mackenzie Calle, National Geographic

    Si elle n’avait pas été astronaute, Sally Ride aurait pu devenir une joueuse de tennis professionnelle. Enfant, ses prouesses de tenniswoman lui avaient valu de décrocher une bourse qui couvrait en partie ses frais d’inscription à Westlake School, une école pour filles réputée de Los Angeles. Elle jouait au niveau national en compétition junior. Même si elle a brièvement fait une pause dans ses études à l’université pour se concentrer sur son tennis, elle trouvait qu’elle n’avait pas ce qu’il fallait pour devenir pro et est retournée sur les bancs de l’école, non plus au Swarthmore College comme avant, mais à Stanford. Ce que le tennis a perdu, la NASA l’a gagné.

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    Gauche: Supérieur:

    La carte qui atteste que Sally Ride était médicalement apte aux voyages spatiaux, conservée au Centre Steven F. Udvar-Hazy du musée national américain de l'Air et de l'Espace.

    Droite: Fond:

    Le badge d'identification de Sally Ride, qui lui ouvrait les portes du panel d'enquête sur l'accident de la navette Columbia, conservée au Centre Steven F. Udvar-Hazy du musée national américain de l'Air et de l'Espace.

    Ride était membre de la CAIB (Columbia Accident Investigation Board) et de la commission Roger, qui a enquêté sur la tragédie de Challenger. C'est la seule personne à avoir siégé aux deux commissions

    Photographies de Mackenzie Calle, National Geographic

    Comme d’autres astronautes, Sally Ride a suivi un entraînement intensif et des visites médicales avant de mettre le pied dans une navette spatiale. La NASA dû apporter quelques modifications à son vaisseau pour accueillir Ride et les autres femmes : des sièges qui se prêtaient à des jambes plus petites et des toilettes adaptées. Malgré le vif intérêt que prêtait la presse à ces changements, Ride a tenté de garder leur attention fixée sur l’exploration spatiale et sur sa fierté d'être la première femme astronaute de sa nation.

    Après deux missions dans l’espace, Ride a continué de marquer l’Histoire, cette fois depuis la terre ferme, en tant que seule personne à participer à des comités examinant les pertes des navettes Challenger et Columbia, respectivement en 1986 et en 2003. Elle a gagné la réputation d’une enquêtrice entêtée et est devenue une ardente critique de la culture du « plus vite, mieux, moins cher » qui régnait à la NASA, poussant l’agence spatiale à assurer la sûreté à bord des vaisseaux pour les missions futures.

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    Maquette au centième de la navette spatiale en orbite Discovery, appartenant à Ride, conservée au Centre Steven F. Udvar-Hazy du musée national américain de l'Air et de l'Espace.

    PHOTOGRAPHIE DE Mackenzie Calle, National Geographic

    Sally Ride est montée à bord de deux missions spatiales, mais jamais à bord de Discovery, la navette spatiale d’orbite représentée ici à l’échelle 1:100, une maquette qui lui appartenait. Cependant, Steven Hawley, avec qui elle avait été mariée, est monté trois fois à bord de Discovery. La maquette représente son amour incandescent pour le programme spatial.

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    Ce travail artistique a été rendu par une élève de l’école élémentaire Sally K. Ride School de Germantown dans le Maryland. Le nom de Ride a également été donné à un cratère de la Lune, formé lorsque les deux satellites lunaires jumeaux s’y sont crashés en 2012. Un navire de recherche de la marine américaine tient, lui aussi, son nom de l’astronaute : le Sally Ride.

    PHOTOGRAPHIE DE Mackenzie Calle, National Geographic
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    En 2022, Ride est devenue la deuxième femme, après Maya Angelou, à figurer sur la série de pièces américaines d’un quart de dollar ; American Women. Son visage orne le dos de la pièce de 25 cents. C’est Tam O’Shaughnessy qui a personnellement approuvé la pièce à son effigie. Créée par l’artiste Elana Hagler et par la sculptrice Phebe Hemphill, on y voit Ride près d’un hublot d’une navette spatiale qui orbite autour de la Terre.

    PHOTOGRAPHIE DE Mackenzie Calle, National Geographic
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    L’influence culturelle de Ride a été mise en valeur quand Mattel a commercialisé une poupée Barbie à son effigie en 2019. Elle faisait partie de la campagne « Femmes d’exception ». La poupée portait une combinaison spatiale comme celle que portait Ride dans l’espace et arborait la même coupe que l’astronaute. Ce n’était pas le premier voyage dans l’espace de Barbie, elle s’y était déjà rendu en 1985, à la sortie de la première « Barbie astronaute », peu de temps après la deuxième mission historique de Ride.

    PHOTOGRAPHIE DE Mackenzie Calle, National Geographic
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    De gauche à droite, les écussons des différentes missions de Ride : le patch de la mission STS-7, l'insigne de la NASA et l'emblème de la mission STS-41G. Centre Steven F. Udvar-Hazy du musée national américain de l'Air et de l'Espace.

    PHOTOGRAPHIE DE Mackenzie Calle, National Geographic

    Ride n’était plus la seule femme à bord de Challenger lors de sa deuxième mission, STS-41-G, en 1984. Elle fut rejointe par Kathryn D. Sullivan : c’était la première fois que deux femmes se rendaient dans l’espace en même temps. « La Sally en orbite était la même que la Sally sur Terre », se souvint Kathryn D. Sullivan lors d’une interview avec NPR en 2012. « Très, très brillante, elle visait toujours juste, était très compétitive, le tout avec un excellent sens de l’humour. »

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    Cet hommage photographique reflète plusieurs aspects de la vie de Ride, depuis ses jours de joueuse de tennis passionnée, à son implication historique au sein de la NASA, sans oublier ses quatre diplômes de Stanford.

    PHOTOGRAPHIE DE Tam O'Shaughnessy, Photographié par Mackenzie Calle

    La carrière de Sally Ride n’a pas commencé avec la NASA et elle ne s'est pas non plus arrêtée là. Elle était également CapCom, une agente de communication des capsules de la NASA, qui communiquait depuis la Terre avec les astronautes en orbite. Elle a occupé ce rôle lors de deux missions spatiales. Ride est également connue pour un document à large portée, publié en 1987, le « Ride Report », un plan stratégique qui soulignait l’importance de l’observation de la Terre depuis l’espace. Elle y incitait la NASA à explorer plus de planètes et y considérait la logistique d’avant-postes humains sur la Terre et sur Mars.

    Après la NASA, Sally Ride s’est concentrée sur l’éducation scientifiques, enseignait la physique à l’université et s’est dévouée au développement de sa société, Sally Ride Science.

    Mackenzie Calle est une photographe documentaire de New York qui se concentre sur les sciences, l’espace et la communauté LGBTQ+.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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