5 raisons de regarder Vikings : gloire et déclin

Vikings : Gloire et déclin est une nouvelle série documentaire National Geographic qui plonge le téléspectateur dans la société complexe, et bien souvent brutale, des légendaires pilleurs scandinaves.

PHOTOGRAPHIE DE National Geographic
De Simon Ingram
Publication 16 sept. 2022, 09:00 CEST

Lorsque l’on pense aux Vikings, le mot « redoutable » vient souvent à l’esprit. Mais ces pillards scandinaves étaient-ils vraiment si mauvais, ou sont-ils simplement victimes d’une mauvaise publicité ? Quand leurs aventures épiques ont-elles réellement pris fin ?

Grâce à de nouvelles recherches de pointe, la nouvelle série documentaire National Geographic, intitulée Vikings : Gloire et déclin, s’attaque de front à certaines des questions les plus répandues sur les célèbres raiders. En l’espace de trois semaines, la série abordera l’ère viking sous tous ses angles et vous amènera peut-être à voir sous un tout nouveau jour l’un des peuples les plus mythifiés ayant jamais navigué. Voici un petit aperçu de ce qui vous attend.

 

COURAGEUX PAR CROYANCE, IMPITOYABLES PAR HONNEUR

En Scandinavie, la société viking était un ensemble complexe et compétitif de territoires qui accordait une très grande valeur au courage et à l’honneur, tant entre les factions qu’au sein même de celles-ci. « En compétition, des frères et des sœurs tentaient de se faire un nom en remportant la gloire lors de guerres à l’extérieur de leur royaume, pour ensuite rentrer chez eux, et gagner leur ferme. Ou le siège de chef. Ou la royauté », raconte le professeur Søren Michael Sindbæk de l’université d’Aarhus, au Danemark, dans la série documentaire.

Des recréateurs de combats vikings montrent leur armure avant la bataille lors du festival Slaves et Vikings à Wolin, en Pologne.

PHOTOGRAPHIE DE David Guttenfelder / National Geographic

L’importance de l’honneur obtenu par la violence étant inculquée aux enfants dès leur plus jeune âge, on peut affirmer que les Vikings avaient une vision bien spécifique de la mort. Leur conviction inébranlable que la mort au combat n’était pas une chose à craindre, mais plutôt à envier car elle apporterait la gloire, faisait d’eux des ennemis nihilistes. « Il semblerait que le Valhalla ait été perçu comme une récompense. Une bonne raison pour que les gens soient prêts à mourir au combat… c’est de les récompenser pour être morts au combat », affirme le professeur Terry Gunnell, de l’université d’Islande, dans la série documentaire.

 

LEURS ATTAQUES BRUTALES GALVANISÈRENT LES CHRÉTIENS

Ainsi, bien que très doués et rusés en matière de commerce, la soif d’honneur des Vikings ne pouvait pas être satisfaite par le simple succès des affaires. Mais il leur était possible de mélanger les deux. Comme l’explique le professeur Stefan Brink de l’Université de Cambridge, « on peut s’enrichir de deux manières : en faisant du commerce… ou en menant des raids. »

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    L'île sainte de Lindisfarne aurait été la première cible importante des pilleurs vikings en dehors de la Scandinavie. Profitant du caractère sacré de l'église, ils choisirent cet endroit pour sa facilité d'accès, son manque de surveillance et les richesses qu'il renfermait. L'abbaye et le château de Lindisfarne furent ajoutés plus tard.

    PHOTOGRAPHIE DE Paul Williams / Alamy

    Lorsqu’il s’agissait de choisir leurs premières cibles, les Vikings faisaient preuve d’un raisonnement prédateur qui, associé à leur superstition, entraînait des premiers raids particulièrement brutaux. Les premiers assaillants ciblèrent des monastères, qui présentaient les innombrables avantages d’être paisibles, isolés, facilement accessibles par voie d’eau, et de regorger d’objets de valeur. Intouchables pour les chrétiens, ils n’étaient que des proies faciles pour les pilleurs païens, qui les soumirent sans pitié au choc et à l’effroi de leurs violentes attaques.

    Par conséquent, le raid sur Lindisfarne en 793 eut, comme le décrit dans la série documentaire Clare Downham de l’université de Liverpool, « un impact psychologique historique sur le peuple anglais ». L’idée se répandit, de cette première attaque à Lindisfarne au monastère de Jarrow un an plus tard, à Iona en 795 et, surtout, à Portmahomack, en Écosse, dans une série de raids qui culminèrent aux alentours de 800.

    Une attaque viking et un enlèvement d'esclaves à la fin du 10e siècle dans un lieu inconnu en Angleterre, tels que représentés dans une gravure sur bois du 19e siècle.

    PHOTOGRAPHIE DE North Wind Picture Archives / Alamy

    Les Vikings avaient également leurs propres habitudes rituelles : l’une consistait par exemple à brûler leurs cibles en partant, comme ce fut le cas à Portmahomack, qui est l’un des rares sites où des traces physiques d’un raid furent retrouvées. L’objectif était de détruire les preuves, mais aussi de s’assurer qu’aucun esprit vengeur ne les suive chez eux. Pour les chrétiens, cette méthode était un point final glaçant à un acte déjà horrible, et l’Église l’utilisa à son avantage. Les pillards, vêtus de leurs étranges habits et munis d’armes exotiques, qui « piétinaient les os des saints », étaient des personnages parfaits pour galvaniser les croyants et personnifier la puissance de la colère de Dieu.

    Plus tard, les chroniques anglo-saxonnes de l’attaque de Lindisfarne racontèrent que « d’immenses tourbillons, des éclairs et des dragons enflammés [furent] vus volant dans les airs » les jours précédant le raid, ce qui amena les dirigeants chrétiens à se demander qui, à Lindisfarne, aurait pu nourrir « une si grande culpabilité » pour provoquer une telle pénitence.

     

    LE PILLAGE N’ÉTAIT PAS LEUR UNIQUE OBJECTIF

    L’époque des Vikings suivait une période d’instabilité climatique et de mouvements de masse des populations. La chute de l’Empire romain et le vide qui en résulta donnèrent lieu aux Invasion barbares, d’environ 300 à 800 de notre ère, et qui vit le déplacement de nombreux peuples à travers l’Europe, tels que les Huns, les Goths et les Francs, afin de coloniser leur ancien territoire. S’en suivit ce que certains chercheurs appellent le « petit âge glaciaire » de la fin de l’Antiquité, une période de refroidissement global qui s’accéléra vers 570 de notre ère et fut attribuée aux effets de trois importantes éruptions volcaniques, qui rendirent la vie encore plus difficile pour les personnes qui vivaient le plus au nord.

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      La Scandinavie, avec ses paysages accidentés et ses hivers difficiles, n'offrait que peu de ressources naturelles aux Vikings, qui furent contraints d'aller au-delà de ses côtes, non seulement à la recherche de richesses, mais aussi de sols plus fertiles.

      PHOTOGRAPHIE DE Michal Hlavica / Alamy

      Au 10e siècle, une période plus chaude apporta la prospérité à l’Europe et donna aux Scandinaves, dont les ressources naturelles étaient au mieux limitées, une sérieuse envie de voir du pays. Cette situation, associée au règne redoutable de rois tels que Harald à la Belle Chevelure, les incita à affiner leurs compétences maritimes.

      Trouvant des terres plus chaudes et plus fertiles ainsi qu’un climat plus propice, les pilleurs vikings perdirent progressivement l’envie de rentrer chez eux et entreprirent plutôt de s’installer et de mêler leur propre culture à celle de leurs hôtes soumis. Cette période d’enracinement plus durable semble avoir pris un nouvel essor avec l’arrivée d’Ivar le Désossé, « roi » des Vikings disparates (si on peut affirmer qu’il y en avait un), dont la campagne sanglante permit à une armée de Vikings d’atteindre l’est de l’Angleterre et de commencer une marche soutenue vers York. Son objectif n’était pas le pillage, mais la conquête… et aussi, semble-t-il, la vengeance.

        

      « L’AIGLE DE SANG » A PEUT-ÊTRE BEL ET BIEN EXISTÉ

      Bien que ces dernières années aient vu cette forme d’exécution horrifiante gagner en notoriété suite aux représentations faites à l’écran et dans les jeux vidéos, nous ne savons pas encore si elle était réellement infligée aux individus jugés dignes d’une fin particulièrement brutale. Selon les suppositions, ce fut le sort réservé à Ælle, roi de York, pour venger la mort du chef Ragnar Lobrok, le père d’Ivar le Désossé, qui aurait administré le châtiment lors de sa conquête de York.

      Cette pierre de Stora Hammars (Lärbro St. Hammars I), située sur l'île suédoise de Gotland, représente des scènes que l'on pense être celles de la vie des Vikings. Celle-ci montre diverses activités violentes, et représente au centre de l'image un personnage qui semble penché sur un dias ou un autel, et attaqué avec une arme par derrière, tandis qu'un personnage tient un oiseau (peut-être un aigle) et le symbole du nœud d'Odin. Nombreux sont ceux qui pensent que cette image dépeint le rite de l'aigle de sang comme un sacrifice humain.

      PHOTOGRAPHIE DE Armands Pharyos / Alamy

      Les sources sont obscures, et aucune preuve archéologique directe n'a été trouvée, comme c’est souvent le cas pour les Vikings, qui ne tenaient aucun registre et dont l’histoire était racontée à l’oral sous la forme de sagas mythologiques au fil des générations. Mais les informations dont nous disposons suggèrent une pratique qui était soit un sacrifice rituel en l’honneur d’Odin, soit une méthode pour se venger d’une offense très grave (ou au moins pour transmettre un message de profond malheur) à son ennemi. Selon une description de la saga de Harald et une autre du Dit des fils de Ragnarr, la victime malchanceuse subissait un découpage de la peau du dos, suivi par la découpe forcée des côtes de la colonne vertébrale et l’extraction des poumons, qui étaient ensuite déployés comme des ailes : d’où le mot « aigle » et, bien sûr, le mot « sang ».

      Une étude publiée dans le Speculum Journal par des experts en médecine et en histoire a récemment examiné l’aigle de sang dans ses moindres détails, concluant que, anatomiquement, cet acte atroce était possible. Cependant, compte tenu des traumatismes subis par le corps et l’exsanguination probablement rapide, elle était sans doute davantage destinée à transmettre un message symbolique dans la mort qu’à infliger une mort lente. L’étude se termine par la phrase suivante : « L’aigle de sang n’était donc pas une simple torture : elle avait un sens. »

       

      500 ANS D’AVANCE SUR CHRISTOPHE COLOMB

      Le mot « viking » désigne une profession ; il ne s’agit pas d’un terme désignant un peuple ou une culture. Ceux qui entouraient les Vikings composaient une communauté organisée de commerçants, d’artisans, et de maîtres constructeurs de bateaux et de voiliers. Cette dernière innovation marqua, par ailleurs, un tournant tout particulier : selon le professeur Søren Michael Sindbæk, la voile n’avait « jamais été utilisée, jusque-là, en Scandinavie. Équiper un grand bateau d’une voile… n’était pas anodin. La fabrication d’une telle voile, avec tous les cordages et le gréement qu’elle nécessite, coûte très cher ». Des voiles de 120 mètres carrés étaient fabriquées en deux ans, en lin ou de toile de laine (provenant des toisons de près de 200 moutons) par des tisserands qualifiés. La voile représentait sans conteste la véritable valeur d’un bateau, et emmenait les Vikings bien plus loin de leur patrie que ne l’imagina l’Histoire par la suite (qui ne le reconnaît sans doute pas encore pleinement).

      Les sagas scandinaves comme la Saga des Groenlandais et la Saga d’Erik le Rouge, parlaient du Vinland, un avant-poste lointain à l’extrémité occidentale du monde viking. Comme toujours, l’histoire se mêle au mythe, mais le bois coupé dans ce que l’on pense avoir été une colonie européenne, à L’Anse aux Meadows, à Terre-Neuve, au Canada, a été daté au radiocarbone à 1021 de notre ère : une date qui concorde avec les sagas et qui offre la possibilité passionnante que les histoires qu’elles relatent aient un fond de vérité.

      Quant à savoir pourquoi les Vikings se retrouvèrent si loin à l’ouest… la raison est étonnamment pratique. Aux alentours de l’an 982, Erik le Rouge aurait parcouru près de 650 kilomètres à l’est de l’Islande jusqu’à une terre inhabitée qu’il baptisa le Groenland, la « terre verte ». Selon les experts, il donna ce nom optimiste à ce territoire pour créer l’effet inverse de l’Islande, la « terre de glace », et attirer les colons afin de les encourager à récolter ses terres agricoles verdoyantes et abondantes. Ce que le Groenland n’avait pas, et dont l’Islande manquait également, c’était des arbres. Les arbres permettaient la construction de bateaux, de maisons, et offraient la possibilité de commercialiser le précieux ivoire de morse que l’on trouvait par grosses quantités dans le nouveau territoire ; il leur fallait donc en trouver une source. Selon les sagas, c’est le fils d’Erik le Rouge, Leif Erikson, qui fit le périlleux voyage à travers la mer du Labrador jusqu’à Terre-Neuve, où les forêts de pins, d’épicéas et d’aulnes étaient abondantes. 

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        Reconstitution d'une habitation viking au toit de tourbe sur le site historique national de L'Anse aux Meadows, au Canada. Cet endroit aurait été un avant-poste à partir duquel les vikings pouvaient transporter des fournitures et des matériaux.

        PHOTOGRAPHIE DE All Canada Photos / Alamy

        Les études menées sur le site de L’Anse aux Meadows ont révélé la présence d’une propriété temporaire contenant des artéfacts tels qu’une meule et une épingle à chapeau, ainsi que des plans d’habitation qui, sans le moindre doute, sont d’origine nordique. L’absence d’une implantation permanente, et la théorie selon laquelle l’étendue du territoire au-delà de Terre-Neuve n’était pas pleinement saisie à l’époque, ont peut-être conduit à ignorer le Vinland ou à ne pas lui accorder l’importance qu’il méritait. Cependant, la datation du bois coupé en 2021 a apporté la preuve définitive et irréfutable que les Vikings étaient présents et à l’œuvre en Amérique du Nord près de 500 ans avant que Christophe Colomb ne commence ses explorations maritimes.

        Vikings : Gloire et déclin sera diffusé du 18 septembre au 2 octobre à 21.00 sur National Geographic.

        Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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